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Pesticides / SDHI

SDHI : il faut réévaluer d’urgence leurs effets sur la santé et l’environnement

Les scientifiques de l'Inserm, du CNRS et de l'INRA qui ont lancé l'alerte sur les fongicides SDHI, viennent de publier une analyse au vitriol du rapport remis le 15 janvier par l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire. Face à ce risque majeur, POLLINIS a décidé de financer des études indépendantes.

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Date : 18 février 2019

« Nous espérions avoir des éléments nouveaux indiquant que nous avions tort, et en fait non », déplore Pierre Rustin (CNRS), membre du collectif de scientifiques qui avaient interpellé l’ANSES en avril dernier dans le quotidien Libération à propos des risques sérieux posés par les SDHI. Ces substances sont utilisées pour détruire les champignons en bloquant leur respiration cellulaire. Mais en 2017, Pierre Rustin et Paule Bénit, tous deux spécialistes des maladies mitochondriales à l’Inserm, avaient découvert, sidérés, que les fongicides SDHI agissaient aussi sur les cellules humaines et celles des vers de terre en laboratoire. Les chercheurs avaient immédiatement lancé une procédure d’alerte auprès de l’Anses. Les autorités sanitaires avaient fini par accepter de missionner un comité d’experts, qui n’a finalement pas préconisé le retrait des SDHI.

« UN FORT DEGRÉ D'INCERTITUDE »

Mais les chercheurs ont été « surpris de constater qu’aucun des experts missionnés par l’agence n’était spécialiste des maladies mitochondriales, c’est-à-dire du sujet traité ».  Le mécanisme d’action très particulier des SDHI sur les cellules n’a pas été pris en compte dans l’examen du dossier. Le rapport de l’Anses présente par ailleurs « un fort degré d’incertitude sur nombre de questions » et l’ANSES n’a mené aucune nouvelle recherche pour vérifier les effets présumés de ces fongicides. Pourtant, les risques pour la biodiversité pourraient être considérables. « Ce ne sont pas du tout des fongicides, ce sont des pesticides au sens large, des poisons qui empêchent les cellules de n’importe quel être vivant de respirer. Donc tous les organismes vivants sont potentiellement visés, les vers de terre, les abeilles, etc. », explique Pierre Rustin.

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POLLINIS a été la première à répondre à l’alerte des chercheurs sur les fongicides SDHI, tueurs d’abeilles et cancérigènes potentiels.

Grâce au soutien de ses sympathisants, POLLINIS a pu financer le lancement d’études indépendantes mesurant enfin l’impact réel de ces fongicides pour les abeilles, les pollinisateurs sauvages et la santé, en partenariat avec l’Inserm et l’Université de Bologne en Italie.