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Frelon asiatique

Lutte contre le frelon asiatique : des solutions qui n’en sont pas

La lutte contre le frelon asiatique reste coincée entre les limites du piégeage – peu efficace et peu sélectif – et les dangers de l’arme chimique – néfaste pour d’autres espèces animales et pour la santé humaine. POLLINIS fait le point sur deux options qui peuvent faire plus de mal que de bien.

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Date : 17 octobre 2019

En cherchant « piège frelon asiatique » sur Internet, on découvre une ribambelle de propositions, aussi bien pour la structure du piège que pour l’appât qu’il doit contenir (cassis, vin blanc, bière…). Ce piégeage a l’avantage de sortir du « tout chimique », mais il a de nombreuses limites. La première est celle de l’efficacité. Le piège attrapera bien quelques frelons, mais ne s’attaque pas au nid, et ne résout donc pas durablement le problème : de nouveaux frelons ne manqueront pas de faire bientôt leur apparition.

Piege-frelons
Les pièges anti frelon asiatique sont peu sélectifs : ils attraperont à coup sûr d’autres insectes, bénéfiques pour l’environnement.

La seconde est celle de la sélectivité : comme le rappelle le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), chargé du suivi du frelon asiatique sur le territoire français : « Même un piège dit « sélectif » a un impact sur les insectes non ciblés, car si une sélection physique partielle a lieu pour certains insectes (trop gros pour pénétrer dans le piège ou assez petits pour s’échapper par les petits trous latéraux) ; le séjour, même court, dans un piège peut avoir un impact (excès de chaleur, humidité, etc.) sur la survie ou la fécondité des insectes capturés »www.frelonasiatique.mnhn.fr. Les pièges à base de phéromones censées attirer les frelons seraient certes plus sélectifs mais, comme les autres pièges, ils ne captureront au mieux que quelques dizaines ou centaines d’individus.

Le MNHN conseille donc de limiter le recours au piégeage « en cas d’attaque de frelon asiatique sur un rucher et uniquement dans ce cas » et en « posant les pièges uniquement au niveau du rucher ».

Les dangers de l’arme chimique

La méthode la plus fréquemment employée par les désinsectiseurs reste la pulvérisation d’une poudre insecticide à l’intérieur des nids. Ce procédé permet de toucher les frelons présents dans le nid au moment de la pulvérisation, mais aussi ceux qui ne manquent pas d’y revenir dans les heures qui suivent.

La produit le plus utilisé, la perméthrine (de la famille des pyréthrinoïdes) est certes efficace, mais cette lutte chimique a plusieurs revers :

  • La toxicité des pyréthrinoïdes : ces substances agissent sur le système nerveux de nombreux animaux, pas seulement celui des frelons ni même des insectes en général, mais jusqu’à celui des humains. L’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) confirme dans un rapport publié en 2018Anses, 2018. « Étude des expositions des populations aux pyréthrinoïdes ». www.anses.fr que « les pyréthrinoïdes présentent une toxicité aiguë avérée pour l’Homme, généralement après un contact direct avec une préparation concentrée » et que, « bien que leur toxicité chronique soit moins connue, des effets cancérogènes et de perturbations endocriniennes sont suspectés pour certaines molécules ». Ces risques conduisent les désinsectiseurs eux-mêmes à s’inquiéter pour leur santé et à rechercher des alternatives à ces produits. Ces substances sont aussi toxiques pour de nombreux animaux comme les batraciens et les poissons, et particulièrement pour les chats, comme le rappelait l’Anses en mai dernierwww.anses.Fr.
  • La persistance du produit : la perméthrine peut rester active plusieurs jours. Quelques jours après le traitement, les désinsectiseurs sont censés revenir sur les lieux pour décrocher le nid. Mais la manœuvre n’est pas simple et surtout très coûteuse, notamment quand il faut faire venir une nacelle pour attendre un nid perché à plus de 20 mètres au-dessus du sol… Dans les faits, de nombreux nids remplis de poudre de perméthrine restent donc dans la nature, tuant les autres insectes qui se retrouvent à proximité. Insectes qui peuvent à leur tour être ingérés par d’autres animaux…
  • Un souci éthique et pratique pour les collectivités locales : répandre au grand jour des des produits chimiques dans les espaces verts, même en établissant un périmètre de sécurité, n’est pas satisfaisant pour les responsables publics, de plus en plus nombreuses à s’engager dans des démarches de certification pour le management environnemental de leur territoire.
  • Le développement de résistances : l’apparition de résistances à des insecticides a déjà été constatée dans d’autres situations et des désinsectiseurs commencent à observer des frelons remplis de poudre qui les attaquent alors qu’ils succombaient immédiatement avant. L’usage de la chimie est donc condamné à une surenchère de substances de plus en plus variées et toxiques.

Apiculteurs, défenseurs de l’environnement, collectivités locales, désinsectiseurs… : tout le monde est aujourd’hui à la recherche d’une autre solution dans la lutte contre le frelon asiatique. Grâce à l’aide de ses donateurs, POLLINIS devrait bientôt apporter sa pierre à l’édifice, et permettre d’alléger enfin la pression qu’impose le frelon asiatique sur les abeilles européennes déjà bien éprouvées.