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Biotechnologies génétiques / Pesticides ARNi

NOUVEAU RAPPORT SUR LES PESTICIDES ARNi ET LES RISQUES POUR LES POLLINISATEURS

Date : 20 juin 2023


Paris, le 20 juin 2023 – POLLINIS publie un rapport inédit sur les dangers des pesticides génétiques ARNi, nouveaux produits phares de l’agrochimie. Présentés par leurs fabricants comme des alternatives durables aux pesticides chimiques, ces produits «extincteurs de gène» pourraient en réalité avoir des effets imprévus potentiellement catastrophiques pour les pollinisateurs et l’ensemble de la biodiversité.

Un rapport inédit publié par POLLINIS le 20 juin alerte sur les dangers des pesticides ARNi pour les pollinisateurs et la biodiversité, alors que ces nouveaux produits pourraient prochainement être commercialisés en Europe et sont d’ores et déjà testés en plein air dans plusieurs pays européens.

Conçus pour bloquer l’expression de certains gènes et inhiber les fonctions vitales qui leur sont associées chez les insectes ravageurs de culture, ces nouveaux pesticides génétiques pourraient éliminer indistinctement de nombreux insectes pollinisateurs, et précipiter leur déclin tout aussi efficacement que les pesticides chimiques qu’ils sont censés remplacer.

L’étude réalisée par POLLINIS sur 26 pesticides ARNi en cours de développement par les firmes de l’agrochimie et dans les laboratoires de recherche montre que plus d’une centaine d’espèces de pollinisateurs, notamment des abeilles mellifères, des bourdons ou des papillons, pourraient être victimes de ces produits s’ils venaient à être utilisés en agriculture, en raison des zones de similarité génétique conséquentes qu’ils présentent avec les insectes ravageurs ciblés.

L’analyse bioinformatique réalisée par POLLINIS a caractérisé l’homologie génétique entre les insectes ciblés par 26 produits ARNi et 2 500 espèces de pollinisateurs dont le génome a été séquencé, montrant ainsi que :

  • 136 espèces de pollinisateurs pourraient être victimes d’effets hors cible, en raison d’une similarité génétique supérieure à 80 % avec les insectes ciblés.
  • Plus de 50 % des produits ARNi étudiés (14 sur 26) provoqueraient des effets mortels sur ces pollinisateurs.
  • 65 espèces de papillons parmi lesquelles la Belle-Dame ou le Grand porte-queue, 33 espèces d’abeilles solitaires, 18 espèces de diptères, 10 espèces de bourdons dont le bourdon des prés ou le bourdon à tâche rousse, menacé d’extinction, et 5 espèces d’abeilles mellifères dont l’abeille à miel européenne seraient menacées.

« Ce rapport confirme que, malgré les tentatives des firmes de l’agrochimie pour faire passer leurs pesticides ARNi pour des alternatives durables, ces derniers opèrent selon la même logique indifférenciée que les pesticides chimiques. Il s’agit en réalité d’une énième tentative de l’agrochimie pour perpétrer un modèle agricole mortifère et à bout de souffle », déclare Vanessa Mermet, directrice des campagnes de POLLINIS.

Malgré ces risques, les firmes de l’agrochimie ont déjà commencé à tester les pesticides ARNi en plein champ aux Etats-Unis, en Chine, et dans plusieurs pays européens, dont la France, où POLLINIS a identifié trois demandes de tests hors des laboratoires entre 2020 et 2021. Ces tests ont été autorisés sans que l’Agence sanitaire française (Anses) ne puisse vérifier la composition exacte de ces produits, ni leur dangerosité potentielle selon les termes d’un régime dérogatoire inadapté appliqué par le ministère de l’Agriculture.

Ces pesticides génétiques pourraient par ailleurs être classés de façon totalement injustifiée dans la catégorie des pesticides « à faible risque », et leur mise sur le marché facilitée par une évaluation des risques allégée. Plusieurs firmes telles que Syngenta-Chemchina et Bayer-Monsanto participent, dans le cadre du programme de recherche européen « Horizon Europe », à l’élaboration de ce nouveau schéma d’évaluation du risque destiné à faciliter la mise sur le marché de ces substances.

Enfin, plusieurs amendements au règlement sur l’usage durable des pesticides (SUR) actuellement en cours de discussion au Parlement européen tendent à ouvrir la définition du biocontrôle et des pesticides « à faible risque » aux pesticides ARNi.

« Ces tentatives inadmissibles de faire passer les pesticides ARNi pour des produits de biocontrôle et à faible risque menacent l’ensemble du vivant. Des solutions durables existent déjà, et il est urgent de les adopter pour réussir la transition agroécologique indispensable à la protection des abeilles, des pollinisateurs et de l’ensemble de la biodiversité », rappelle Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS.

Face à ces risques et sur la base des résultats de son étude, POLLINIS demande :

  • L’exclusion explicite des pesticides ARNi de la définition des produits de biocontrôle, tels que définis dans le règlement européen SUR ;
  • Une évaluation des risques stricte et rigoureuse des pesticides ARNi par une agence indépendante, en accord avec le principe de précaution des Nations Unies ;
  • La suspension immédiate de tous les essais en plein champ en Europe, jusqu’à la mise en œuvre de cette évaluation.

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