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Frelon asiatique

Campagne de financement du dispositif anti-frelon asiatique

Combattre l’avancée du frelon asiatique de manière écologique, contribuer à l’avancement des connaissances sur cet hyménoptère et protéger les abeilles : c’est l’objectif du projet Anti frelon asiatique de POLLINIS, dont la deuxième étape de financement a été lancée en août 2016 après une première étape réussie.

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Date : 12 août 2016
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La première étape du projet Anti frelon asiatique a été menée à bien grâce à la mobilisation et à la générosité des sympathisants. La phase 2 consistait à construire une petite série de prototypes de l’outil innovant de destruction des nids de frelons, à les faire tester par des professionnels, et à développer une application mobile qui alimentera notamment la base de données du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) d’informations sur cet insecte encore méconnu. L’outil développé par POLLINIS aura ainsi une double utilité : enrayer l’avancée du frelon de manière écologique et contribuer à l’avancement des connaissances sur cet hyménoptère.

Quelles avancées depuis le lancement de ce projet?

Depuis 2013, POLLINIS travaille sur un projet de système propre et efficace afin d’offrir une alternative aux insecticides utilisés pour détruire les nids de frelons asiatiques. L’objectif est de limiter la pression que l’espèce invasive fait peser sur la biodiversité en général, et sur les colonies d’abeilles en particulier. En effet, l’insecte arrivé en France en 2004 est vorace et peut, en quelques jours, fortement impacter une ruche en bonne santé. Afin d’aider les apiculteurs à protéger leurs colonies de la manière la plus écologique possible, POLLINIS s’est investi dans un projet de dispositif électronique supporté par une perche télescopique, qui permet d’introduire un rayonnement infra-rouge générant une chaleur et une luminosité intenses directement à l’intérieur du nid. Les frelons succombent alors en quelques minutes à cette montée en température, contrôlée électroniquement pour éviter tout risque d’incendie.

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Les attaques du frelon asiatique peuvent gravement affaiblir une ruche. Photo : J. Haxaire.

Pour réussir ce projet ambitieux, POLLINIS a lancé en décembre 2015 un appel aux dons, destiné à financer le premier prototype et la phase de test en laboratoire. Grâce à la mobilisation des sympathisants, l’association a pu mener à bien cette étape particulièrement coûteuse qui nécessitait entre autres l’achat de matériels et de machines professionnelles. Ces tests menés sur plusieurs mois se sont avérés payants puisque le premier prototype a parfaitement réussi la série d’essais concoctée par François Espinet et Jérémie Laurent, les ingénieurs polytechniciens partenaires de POLLINIS qui sont à l’origine du projet.

Un projet s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire

Cette première étape accomplie, la deuxième a été enclenchée avec une pré-série de prototypes de perches équipées de l’outil thermique permettant de réaliser des tests grandeur nature. L’objectif sera ensuite de confier une trentaine d’exemplaires (chiffre à confirmer) à des pompiers et à des désinsectiseurs professionnels afin de collecter leurs retours en vue d’en améliorer l’efficacité et de valider la version finale. Les exemplaires en série seront construits par des techniciens de la coopérative « EBS Espérance », un organisme reconnu de l’économie sociale et solidaire (ESS). Basé en région parisienne, il accueille une vingtaine de personnes en contrat d’insertion. La transmission des savoirs-faire des ingénieurs vers ces techniciens est actuellement en cours. Le projet consistera à offrir un service d’utilisation des perches -pour un coût réduit- aux désinsectiseurs et aux casernes de pompiers qui souhaiteront se servir de cette solution. Cette invention propre, économique et facile à utiliser pourrait permettre de limiter la pression des frelons asiatiques sur la biodiversité et sur les abeilles en particulier.

Une solution anti frelon efficace et propre

Actuellement, pour détruire les nids, les apiculteurs ont recours à des techniques non sélectives comme les pièges artisanaux qui s’avèrent peu efficaces, ou bien ils utilisent des produits chimiques – essentiellement de la poudre de perméthrine, un insecticide utilisé par les désinsectiseurs, qui peut être hautement toxique. Pour Quentin Rome, chargé d’étude sur le frelon asiatique au Muséum national d’Histoire naturelle : «Les nids ainsi détruits représentent un danger pour les oiseaux et pour les autres animaux qui se nourrissent des larves contaminés ou des frelons morts. »

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Grégory Bize, désinsectiseur et pompier, avec le prototype du dispositif thermique. Photo : POLLINIS.

Ce n’est pas tout : les produits chimiques contaminent aussi les désinsectiseurs. Suite à l’injection de la poudre dans le nid à l’aide d’une perche, il arrive fréquemment que de petites quantités soient refoulées et se diffusent dans les airs, jusqu’à tomber sur la personne qui se trouve au bout de la perche. Cette situation critique est décuplée lorsque le désinsectiseur doit « faire descendre » le nid, une opération qui nécessite souvent sa destruction en lambeaux, et est rendue obligatoire par un arrêté ministériel.

Dans les faits, peu de nids sont ramenés au sol par les désinsectiseurs qui pourtant « réalisent environ 95% des destructions de nids de frelons asiatiques », selon le pompier Grégory Bize, qui a développé en parallèle une activité d’auto-entrepreneur. En effet, les pouvoirs publics se sont progressivement désengagés de cette mission en raison des coûts importants qu’elle représente et du très grand nombre d’interventions à réaliser. Ainsi les pompiers n’interviennent plus qu’en cas de danger immédiat, lorsqu’une personne allergique aux piqûres d’hyménoptères réside à proximité et dans les lieux recevant des enfants. En réalité, les pompiers sont peu formés et disposent de peu d’équipement pour ce type d’intervention coûteuse et périlleuse.

Aider la science à mieux localiser les nids de frelons

L’un des aspects les plus importants du projet est d’aider les scientifiques à améliorer le niveau de précision des données concernant la destruction des nids. Les chercheurs sont en effet demandeurs d’informations précises sur la localisation des nids. Elles leur parviennent actuellement de manière parcellaire et incomplète au moyen de fiches manuscrites. Le problème, c’est que les désinsectiseurs prennent rarement le temps de signaler les nids qu’ils détruisent. Ainsi l’ampleur de l’invasion est difficilement évaluée à ce jour.

Le système porté par POLLINIS va permettre de combler ces lacunes puisque les données de géolocalisation seront collectées automatiquement par l’application présente sur le smartphone de l’opérateur. Une application par ailleurs nécessaire au fonctionnement même de la perche. Ainsi l’emplacement du nid sera géolocalisé automatiquement, la date et la hauteur seront envoyées à la base de données du MNHN qui centralise ce type d’information.

Enfin, une caméra pourra filmer le déroulement de l’opération pour s’assurer de l’efficacité du système. L’intervention de l’opérateur sera ainsi limitée à renseigner la taille approximative du nid et sa nature précise (guêpes, bourdons, frelons…). Pour Quentin Rome du MNHN, « Avec les données collectées par le système, on obtiendra des informations plus précises. De plus, les désinsectiseurs sont des spécialistes à même de caractériser les différentes espèces d’hyménoptères. On a ainsi remarqué que ce groupe témoin présentait seulement 10% de fiches inexploitables pour manque d’information contre plus de 40% pour les non-spécialistes. »

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