L’effondrement actuel des insectes butineurs laisse craindre une crise de la pollinisation. Les abeilles mellifères domestiques ne sont pas les seules concernées : 40 % des espèces sauvages sont en déclin, d’autres ont définitivement disparu. Le dépérissement vertigineux de cette catégorie d’animaux aura des répercussions dramatiques sur la biodiversité, les butineurs étant considérés comme des indicateurs de la santé des écosystèmes.
La raison de leur déclin n’est pas un secret, les causes en sont récentes et désormais reconnues. L’agriculture intensive, mise en œuvre depuis les années 60 en France, est un véritable rouleau compresseur pour la biodiversité : les monocultures, l’arrachage des haies, l’artificialisation des sols ont fait disparaître les habitats et les sources d’alimentation des pollinisateurs.
Les butineurs sont aussi victimes des pesticides de synthèse, toxiques et persistants dans les sols, qui s’accumulent en cocktails nocifs. Répandus massivement sur les cultures, ils ne tuent pas que les abeilles domestiques dont les épisodes de mortalité sont régulièrement médiatisés. Les protocoles d’homologation de ces substances chimiques sont déficients et n’évaluent pas les risques réels que posent les produits mis sur le marché. Affaiblis, les populations d’insectes sont aussi plus sensibles aux maladies et aux parasites, et leur patrimoine génétique se restreint. Le dérèglement climatique en cours est un autre facteur, qui a des conséquences pour l’ensemble des insectes de la planète.