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Restaurer les paysages

Terres de pollinisateurs : des indicateurs solides pour une agriculture durable

Pour son projet Terres de pollinisateurs, POLLINIS a rencontré des agriculteurs innovants, des hommes et des femmes qui se passent déjà de pesticides de synthèse et dont les pratiques favorisent les pollinisateurs. Pour analyser leurs pratiques, nos ingénieurs agronomes ont défini 51 indicateurs et une grille d'évaluation inédits.

Date : 9 mars 2020

Pratiques agronomiques, respect des écosystèmes, mais aussi rentabilité économique, épanouissement personnel, intégration territoriale, systèmes d’accompagnement, formation… En déclinant de multiples indicateurs, POLLINIS a passé au crible le parcours, les réussites et les écueils rencontrés par une vingtaine d’agriculteurs et agricultrices engagés dans des pratiques protectrices des pollinisateurs. Leurs expériences, riches et diverses, sont la preuve qu’il est possible de remplacer la chimie de synthèse par l’intelligence du vivant, et de mettre en place des systèmes plus résilients, économes et autonomes, qui font la part belle aux pollinisateurs.

Il ne s’agit pas de présenter des fermes « modèles » ou « idéales » : toutes rencontrent des succès, mais aussi des embûches et des remises en question. Les indicateurs et la grille d’évaluation inédits définis par nos ingénieurs agronomes permettent d’analyser, à l’échelle de la ferme et à celle du territoire, les freins et les leviers que rencontrent ces agricultures alternatives. Face à la crise du modèle agricole conventionnel, ce travail rigoureux permet de dégager les grandes lignes d’une véritable – et urgente – transition agricole.

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Maraîchers, polyculteurs-éleveurs, céréaliers… Leurs expériences montrent qu’il est possible de mettre en place des systèmes plus résilients, économes et autonomes, qui font la part belle aux pollinisateurs.
© E. Baradat/POLLINIS

Toutes les fermes choisies pour participer au projet Terres de pollinisateurs répondent à un critère de base : l’absence de pesticides et d’engrais chimiques de synthèse. Quant à la grille d’analyse élaborée par POLLINIS, elle comprend de nombreux indicateurs qui permettent de décrire avec précision les systèmes observés et posent un socle scientifique rigoureux à l’évaluation des alternatives au modèle agricole conventionnel basé sur la chimie.

Qu’est-ce qu’un indicateur ?

Un indicateur est un outil qui permet de décrire une situation, de mesurer des paramètres qui ne sont pas toujours quantifiables. Ceux utilisés classiquement dans l’évaluation des systèmes agricoles sont peu accessibles : ils reposent sur des calculs complexes, des paramètres de pondération et des arbitrages. Mais sans indicateurs, difficile de comparer différentes situations ou d’évaluer le degré d’aboutissement d’un projet.

Le choix des indicateurs conditionne donc la façon dont une situation est représentée, avec les limites propres à chaque système de représentation. Car un indicateur n’est jamais neutre : il est construit à partir d’arbitrages, en fonction d’objectifs à atteindre. Si l’on choisit, par exemple, le rendement (en tonnes par hectare) pour définir la performance d’une ferme, celle qui produit le plus sera considérée comme la plus performante. Cette évaluation fait pourtant l’impasse, par exemple, sur ses impacts environnementaux.

Si, en revanche, on choisit le revenu des agriculteurs, on sera étonné de constater que la ferme la plus productive n’est pas forcément la plus rentable. Une ferme qui produit moins, mais qui paye aussi moins de charges, peut jouir de davantage d’autonomie, maîtriser ses débouchés et créer plus de valeur ajoutée. Elle sera alors plus performante en termes de revenu.

On réalise ainsi aisément de quelle façon le choix des indicateurs influence l’évolution des politiques agricoles.

Un indicateur se trouve toujours en tension entre deux objectifs : il doit être suffisamment proche du terrain pour décrire avec précision le système étudié, mais être suffisamment général pour pouvoir s’appliquer à d’autres systèmes avec lesquels on souhaite comparer le premier. Un indicateur trop spécifique ne pourra s’appliquer qu’à un nombre limité d’objets. À l’inverse, un indicateur trop universel ne pourra décrire avec précision l’ensemble des objets auxquels on l’applique.

Tout indicateur est également en tension entre les dimensions techniques et politiques : il sera difficile de traduire un indicateur trop technique en recommandations politiques. À l’inverse, un indicateur trop « politique » manquera de rigueur scientifique et de la « neutralité » recherchéeH. Levrell, 2017. Présentation lors du colloque « Biodiversité et culturodiversité ». AgroParisTech..

Quatre catégories d’indicateurs

Pour étudier ces fermes, POLLINIS a construit une grille d’analyse originale à partir de quatre grandes catégories d’indicateurs, au carrefour des dimensions scientifiques et politiques :

Catégorie I : Les pratiques agronomiques 

Cette catégorie s’intéresse à l’impact des pratiques agricoles sur les écosystèmes cultivés : la vie des sols, l’eau, la faune auxiliaire, la flore locale, etc. Elle vise à identifier les alternatives aux pesticides, mais aussi les pratiques innovantes qui s’appuient sur les écosystèmes au lieu de les détériorer.

Catégorie II : Les pollinisateurs

Cette catégorie dresse le bilan des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs, pratiques qui leur assurent un habitat, des ressources alimentaires suffisantes et de qualité, un environnement sain.

Catégorie III : La dimension socio-économique

Cette catégorie explore les leviers et les freins qui influencent la mise en place des pratiques choisies par l’agriculteur, et qui pourraient être respectivement encouragés ou limités par des politiques adaptées. Cette catégorie prend aussi en compte la performance sociale du projet, c’est-à-dire la satisfaction et le bien-être de l’agriculteur, des critères essentiels pour un système durable mais qui sont rarement examinés.

Catégorie IV : L’ancrage territorial et dans le système alimentaire

Cette catégorie regroupe des indicateurs qui permettent d’identifier les acteurs et modes d’organisation qui influencent la mise en place des alternatives aux pesticides et des pratiques favorables aux pollinisateurs. Cette catégorie s’intéresse en particulier aux rôles des territoires et des filières dans la transition agroécologique.

Ces quatre catégories d’indicateurs permettent d’étudier les exemples selon deux échelles – celle de la ferme et celle du territoire :

  • Les deux premières catégories se penchent sur les pratiques agronomiques favorables à l’environnement et aux pollinisateurs. Elles permettent de répondre aux questions suivantes : Quelles sont les alternatives aux pesticides ? Quelles sont les pratiques favorables aux pollinisateurs ?
  • Les deux catégories suivantes ciblent les points de blocage et les points d’appui à la mise en place des alternatives aux pesticides et autres pratiques favorables aux pollinisateurs. Les alternatives aux pesticides et engrais chimiques sont-elles suffisamment accessibles ? Quels sont les principaux freins à la transition agroécologique ? Les principaux leviers ? Quels sont les plus gros défis que devra relever le secteur agricole ? Il est question ici de subventions spécifiques, de circuits courts, de création de filières, de réponse à la commande publique, d’intégration dans un collectif, de participation à un programme de recherche-action, de projet alimentaire territorial…
Quatre catégories d’indicateurs permettent d’identifier les pratiques agronomiques favorables à l’environnement et aux pollinisateurs, ainsi que les points de blocage et les leviers à leur mise en place. © P. Besnard/POLLINIS

Les indicateurs de POLLINIS

Cette grille comprend des indicateurs de durabilité existantsIndicateurs de résultats en agriculture durable, 2008.Fédération nationale des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (FNCIVAM).Charte de l’agriculture paysanne, 1998. Confédération paysanne et Fédération associative pour le développement de l'emploi agricole et rural (FADEAR).ainsi que des critères originaux, plus spécifiques aux pollinisateurs ou intégrant davantage les enjeux sociaux.

La démarche de POLLINIS dépasse donc l’emploi des indicateurs de performance classiques, autour des rendements (quantités produites) et du service de production alimentaire. Elle se fonde sur une grille d’analyse plus complète, qui tient compte de l’état de l’agro-écosystème, de la qualité de vie des producteurs et du territoire.

Les indicateurs choisis reflètent ainsi les nombreux autres services rendus par l’agriculture : services écosystémiquesServices écosystémiques rendus par les écosystèmes agricoles, 2017. Résumé de l’étude. Institut national de la recherche agronomique (Inra). (pollinisation, atténuation du changement climatique, protection des sols, stockage de l’eau…), maintien de paysages diversifiés, préservation d’un patrimoine culturel riche et diversifié, dynamisation des territoires ruraux, création d’emploi, etc.

Cette approche transversale et systémique met en évidence des alternatives agricoles qui ne sont pas uniquement techniques et ne reposent pas seulement sur l’agriculteur et l’agricultrice, mais aussi sur l’ensemble des acteurs qui gravitent autour du système alimentaire et le conditionnent : politiques agricoles, commandes publiques, recherche, filières, etc.

De même, le travail proposé ne se place pas dans une logique de durabilité faible (schéma de gauche) – où les dimensions économiques, environnementales et sociales sont toutes sur le même plan –, mais de durabilité forte – où l’économique n’existe pas sans le social, et le social sans l’environnement (schéma de droite).

tableau 3.2. article indicateurs

Dans un système de durabilité forte, la priorité est donnée à l’environnement : on considère que sans lui, les dimensions sociales et économiques ne pourraient subsister. Cela est particulièrement évident dans le cas de l’agriculture : sans sols vivants, sans eau, sans auxiliaires et sans pollinisateurs, le métier d’agriculteur et la production alimentaire seraient compromis.

Cet arbitrage permet de valoriser des alternatives même lorsqu’elles ne semblent pas encore économiquement robustes. Il faut rappeler que la dimension économique – le prix de l’alimentation et le revenu d’un agriculteur – reste en effet conditionnée par les orientations des politiques agricoles et commerciales.

Limites de la grille d’analyse

Ce travail ne prétend pas évaluer chaque système agricole de façon quantitative à l’aide d’indicateurs chiffrés et pondérés. Les ressources disponibles pour ce projet et le travail d’enquête mené n’ont pas permis d’obtenir des résultats statistiquement représentatifs ou une liste exhaustive de recommandations. Par ailleurs, certains indicateurs, basés sur l’auto-évaluation de l’agriculteur, comprennent les biais classiques de cette méthode d’enquête : volonté d’apporter des réponses « satisfaisantes » à l’enquêteur, influence des sentiments de peur ou de honte sur les réponses, etc.

Quels que soient les indicateurs choisis, la démarche ne se prétend pas neutre, mais cette présentation mise sur la transparence et la justification de chaque indicateur pour défendre son parti pris.

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Proposer de nouvelles orientations politiques qui articulent la préservation de l’environnement et des pollinisateurs avec un revenu juste et digne pour les agriculteurs et agricultrices et une alimentation saine, accessible à tous : telle est l’ambition du projet Terres de pollinisateurs.
© V. Chapuis/POLLINIS

Indicateurs : définitions et références

Catégorie I : pratiques agronomiques et environnement

  • Taille de l’exploitation : la surface agricole utile (SAU), c’est l’ensemble des terres cultivées d’une exploitation, hors bâtiments. À main d’œuvre égale, plus la surface augmente, plus l’observation et l’adaptation deviennent difficiles et la mécanisation nécessaire.
  • Taille moyenne des parcelles : une parcelle correspond à une surface cultivée et délimitée par des haies, une rangée d’arbres, des bandes fleuries… En diminuant la taille des parcelles, on augmente les zones d’interface entre les cultures qui constituent souvent des habitats favorables aux pollinisateurs et à la faune auxiliaire.
  • Principaux ateliers et diversification : un atelier correspond à un type de culture ou d’élevage. On s’intéresse aussi à l’importance relative de chaque activité : par exemple, si aucune culture ne dépasse 10 % de la SAU, l’exploitation est suffisamment diversifiée. Plus elle s’approche d’un système de monoculture, moins son score sera élevé. La diversification des activités permet, en plus d’assurer une meilleure stabilité des revenus, d’améliorer la résilience de l’agro-écosystème aux aléas, et de jouer sur les complémentarités entre les ateliers, en particulier entre culture et élevage.
  • Espèces végétales et variétés cultivées. La diversification des cultures, c’est-à-dire la culture de différentes espèces complémentaires, permet :
    • de limiter le recours aux pesticides;
    • de limiter le recours aux engrais de synthèse, en particulier lorsque la diversification s’accompagne de la réintroduction de légumineuses ;
    • d’aérer le sol : selon les espèces, les racines se développent à différentes profondeurs du sol et jouent des rôles structurels complémentaires ;
    • d’obtenir des paysages mosaïques qui constituent des habitats favorables à la biodiversité ;
    • de mieux gérer les risques sur la ferme : diversification des revenus et plus grande résilience face à la volatilité des prix et aux changements climatiques ;
    • de promouvoir de nouveaux débouchésLa diversification des cultures : comment la promouvoir ?, 2015. Ministère en charge de l'agriculture..
  • Nombre et durée des rotations. Allonger et diversifier les rotations, c’est-à-dire alterner différentes espèces de plantes sur une même parcelle en espaçant au maximum la durée qui sépare deux mêmes cultures permet :
    • de limiter l’installation d’une flore adventice (« mauvaises herbes ») envahissante et difficile à gérer, la pression des ravageurs et des maladies et les phénomènes de résistances ;
    • d’améliorer les rendements en grandes cultures Meynard et al, 2013. Freins et leviers à la diversification des cultures. Étude au niveau des exploitations agricoles et des filières. Synthèse du rapport d’étude.Inra..
  • Présence de cultures associées : les associations de cultures consistent à cultiver plusieurs espèces simultanément dans la même parcelle (cultures de céréales et de légumineuses, arbres fruitiers et céréales, …). Les interactions entre deux plantes peuvent :
    • améliorer leur productivité ;
    • optimiser l’utilisation des ressources nécessaires à leur croissance (minéraux, nutriments, rayonnement solaire…) ;
    • les aider à se défendre contre les bioagresseurs : certaines plantes attirent les auxiliaires des cultures, d’autres possèdent des propriétés insecticides Wäckers et Bonifay, 2004. How to be sweet? Extrafloral nectar allocation by Gossypium hirsutum fits optimal defense theory predictions. Ecological Society of America.Silvie et Martin, 2017. Les plantes pesticides au secours des cultures. The Conversation. ;
    • optimiser l’espace et limiter la présence de mauvaises herbes grâce à une meilleure couverture du sol. Certaines plantes font même office de tuteur ou de parasol, comme le maïs pour les haricots ou les arbres pour les céréalesBalesdent et al. Les sols ont-ils de la mémoire ? 80 clés pour comprendre les sols. Éditions Quae..
Les zones d’interface entre cultures représentent souvent des habitats favorables aux pollinisateurs et à la biodiversité. Si elles sont suffisamment nombreuses, la faune auxiliaire peut plus facilement se rendre dans les cultures et jouer son rôle de régulateur naturel. © P. Besnard/POLLINIS
  • Type et origine des plants et semences. Cette question nous permet de distinguer les variétés dites pures (sélectionnées selon des critères essentiellement basés sur le rendement) des variétés paysannes ou variétés populations. Tandis que les premières constituent des cultures uniformes et plutôt fragiles (chaque semence possède le même bagage génétique et est sensible aux mêmes maladies que ses clones), les variétés populations sont constituées d’un mélange de semences toutes différentes les unes des autres, sélectionnées par les agriculteurs eux-mêmes, selon des critères tels que la rusticité ou la qualité nutritionnelle. Cette diversité génétique permet :
    • aux cultures de s’adapter à leur environnement, d’être plus résilientes face au changement climatique et d’obtenir ainsi des rendements plus stables ;
    • d’augmenter la biodiversité cultivéeTraité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, adopté par l’Union européenne en 2001 et entré en vigueur en 2004. Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture..
  • Races élevées et races locales. Sur près de 8 800 espèces animales élevées dans le monde, seules trois espèces animales (bovins, porcins et poulets) fournissent la majorité de l’alimentation carnée humaine. En Europe, ce sont plus de 50 % des espèces élevées qui sont menacées d’extinction. Le type de races élevées nous renseigne sur la rusticité du système et constitue un mode de préservation in situ de la biodiversité élevéeSystème d’information sur la diversité des animaux domestiques.Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture..
  • Techniques de gestion des pressions (adventices, ravageurs et maladies). Les impacts négatifs des pesticides de synthèse sur la biodiversité, le changement climatique, l’érosion des sols, mais aussi sur l’autonomie des agriculteurs, la santé humaineBaudry et al, 2018. Association of frequency of organic food consumption with cancer risk. Findings from the NutriNet-Santé prospective cohort study. JAMA Internal Medicine.Communiqué de presse de l'Inserm.et la sécurité alimentaireCarvalho, 2017. Pesticides, environment, and food safety.Food and Energy Security.dépassent largement leurs bénéfices potentielsL’hécatombe : impacts de l’agriculture conventionnelle sur les pollinisateurs.Article POLLINIS.. Cet indicateur permet d’identifier les alternatives aux pesticides de synthèse mises en place, leurs points forts et leurs limites.
  • Recours au biocontrôle ou aux biopesticides : les biopesticides sont des organismes vivants ou des substances naturelles qui permettent de protéger les cultures. Ils regroupent les micro-organismes (virus, bactéries, champignons), les macro-organismes (insectes, vers…), les médiateurs chimiques (phéromones) et les substances naturelles d’origine minérale, végétale ou animale. En général moins toxiques que les pesticides de synthèse, et souvent plus spécifiques à l’organisme ciblé, ils peuvent toutefois représenter le même inconvénient que leurs homologues conventionnels s’ils maintiennent l’agriculteur dans une dépendance à l’achat régulier d’intrants. L’introduction d’espèces non locales peut aussi déséquilibrer les écosystèmes : c’est le cas de la coccinelle asiatique Harmonia axyridis introduite en Europe pour lutter contre les pucerons et aujourd’hui considérée comme une espèce invasiveVilcinskas et al, 2013. Invasive Harlequin Ladybird Carries Biological Weapons Against Native Competitors.Science..
    Soumis à des tests d’homologation coûteux et peu adaptés, les biopesticides autorisés sur le marché sont encore rares, seules les PNPP (préparations naturelles peu préoccupantes) bénéficient, en France, d’une procédure simplifiée et peu coûteuseDécret n° 2016-532 du 27 avril 2016 relatif à la procédure d’autorisation des substances naturelles à usage biostimulant.Legifrance.. À travers cet indicateur, on étudiera les points forts et les limites de l’usage de différents produits de bio-contrôle employés Jovana Deravel, 2013. Les biopesticides, compléments et alternatives aux produits phytosanitaires chimiques (synthèse bibliographique).Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement..
EARL du Chemin neuf-Olivier Ranke

Les infrastructures agroécologiques (IAE) constituent des corridors écologiques, des habitats ou des zones refuges pour la faune auxiliaire et les pollinisateurs, et leur fournissent les ressources nécessaires à leur survie.
© P. Besnard/POLLINIS

  • Types d’infrastructures agroécologiques (IAE) présentes et part de la SAU. L’agriculture, par l’importance des surfaces qu’elle occupe (29 millions d’hectares en France, soit 54 % du territoire national SAU : qu’est-ce que la surface agricole utile ?Geo.), joue un rôle clé dans le maintien d’espaces favorables à la biodiversité, en particulier aux pollinisateurs. Ces espaces, connus sous le nom d’IAE, se déclinent en différents éléments : haies et rangées d’arbres, prairies permanentes, landes, alpages, marais, tourbières… Ils constituent des corridors écologiques, des habitats ou des zones refuges pour la faune auxiliaire et les pollinisateurs, et leur fournissent les ressources nécessaires à leur survie. On considère que la ferme contribue à la biodiversité lorsqu’au moins 15 % des surfaces agricoles lui sont consacrées. Ces surfaces représentent par ailleurs de nombreux avantages agronomiques et économiques, de part les multiples fonctions qu’elles peuvent assurer Les infrastructures agro-écologiques.Solagro, entreprise associative de conseil en transition énergétique, agroécologique et alimentaire.Pertinence des infrastructures agroécologiques
    au sein d’un territoire
    dans le cadre de la Politique agricole commune, 2007.Afac Agroforesteries
    .
  • Techniques de préservation de la ressource en eau. Le coût de la pollution des eaux liée à l’agriculture pèse de plus en plus lourd : déséquilibre des écosystèmes (pollutions aux nitrates, algues vertes), transport de molécules toxiques (résidus de pesticides), pollution des nappes phréatiques rendant l’eau non potable… On évalue à 54 milliards d’euros le coût annuel du traitement de ces pollutionsLes pollutions par les engrais azotés et les produits phytosanitaires : coûts et solutions, 2015. Commissariat général du développement durable.La France agricole..
    L’agriculture impacte également la quantité d’eau disponible sur le territoire. Certaines régions sont ainsi passés d’une ressource en eau gratuite à un service de dépollution de l’eau payant. En ce qui concerne l’irrigation, on s’assurera que la quantité d’eau prélevée ne nuit pas aux ressources en eau disponibles pour les autres usages, et on utilisera des techniques qui limitent la consommation d’eau (sélection d’espèces résistantes à la sécheresse, irrigation au goutte à goutte, etc.) Synthèse Eau et Agriculture. Conseil générale de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.Ministère en charge de l'agriculture..
  • Techniques de conservation des sols : il s’agit des techniques culturales incorporant les résidus végétaux à la couche superficielle du sol pour limiter l’érosion et conserver l’humidité, normalement sans retourner la terre.
    La biodiversité du sol conditionne en effet son bon fonctionnement. Les organismes du sol assurent de nombreuses fonctions : structuration, régulation des populations de pathogènes (certaines bactéries et champignons), décomposition de la matière organique, dégradation des polluants, lutte contre l’érosion, etc.
    Limiter le travail du sol a plusieurs intérêts : réduction de la dépendance aux énergies fossiles (moins de passages du tracteur) et de l’émission de gaz à effet de serre Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?, 2013.Synthèse du rapport de l’étude réalisée par l’Inra., réduction du temps de travail pour l’agriculteur, préservation de la vie du sol qui, à son tour, assure de nombreuses fonctions agronomiques. Enfin, la conservation du sol protège également les espèces pollinisatrices qui y nichent. Le recours aux engrais verts dans les techniques de conservation du sol permettent aussi d’intégrer des couverts végétaux pour pollinisateursCouverts pollinisateurs. Intégrer la biodiversité dans les systèmes d’exploitations agricoles.Chambres d'agriculture Hauts-de-France. entre deux cultures, leur assurant des ressources florales (pollen, nectar) supplémentairesL’intérêt du « non labour » confirmé. 2016.Sciences et Avenir..
  • Utilisation d’engrais. Même sans recours aux engrais de synthèse, une fertilisation azotée excédentaire se solde par la pollution des eaux aux nitrates : phénomènes d’eutrophisation et développement incontrôlé des populations d’algues vertes. Cet indicateur met en évidence les points forts et les limites des alternatives aux engrais de synthèse, en particulier dans les stratégies de complémentarités cultures-élevage et de recyclage des matières (pailles, sous-produits, effluents d’élevage, etc.).
  • Production d’énergies renouvelables à partir des produits ou coproduits de la ferme : la production d’énergie renouvelable sur la ferme, à partir des productions, s’inscrit dans un double objectif de réduction de la dépendance aux énergies fossiles et de relocalisation des ressources énergétiques. Nous ferons attention à ce que cette production ne se fasse pas aux dépends de la production alimentaire, qui doit rester la priorité d’un système agricole.
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À travers les entretiens menés dans le cadre de ce projet, POLLINIS cherche à comprendre si la prise en compte des pollinisateurs dans les pratiques agricoles est liée ou non au degré de dépendance des cultures à la pollinisation par les insectes, et à évaluer le niveau de sensibilisation des agriculteurs à la pollinisation entomophile (par les insectes).
© V. Chapuis/POLLINIS

Catégorie II : prise en compte des pollinisateurs

  • Dépendance des cultures aux pollinisateurs (0 à 10). Les pollinisateurs assurent la reproduction de plus de 80 % des plantes à fleurs en France. Sans eux, notre alimentation se limiterait à quelques plantes seulement, comme le blé, le riz et le maïs. Ils assurent notre sécurité alimentaire et celle de la faune sauvage puisqu’ils pollinisent aussi les plantes sauvages.
    À travers les entretiens menés dans le cadre de ce projet, POLLINIS cherche à comprendre si la prise en compte des pollinisateurs dans les pratiques agricoles est liée ou non au degré de dépendance des cultures à la pollinisation par les insectes, et à évaluer le niveau de sensibilisation des agriculteurs à la pollinisation entomophile.
  • Maintien des messicoles et des arbres morts. Les messicoles (plantes sauvages qui poussent dans les champs) vivent au rythme des plantes cultivées et parviennent difficilement à se maintenir dans d’autres conditions. Elles représentent une ressource non négligeable pour les pollinisateurs : ressource alimentaire par le nectar et le pollen de leurs fleurs, mais aussi ressource matérielle par leurs pétales dont certains insectes se servent pour tapisser leur nid (coquelicots par exemple). De la même façon, les arbres morts et les souches constituent un habitat privilégié des pollinisateurs qui nichent dans le bois. En Amérique du nord, près de 30 % des pollinisateurs sont de ces espèces xylicoles, et nidifient dans le bois mort ou ouvragé, dans des tiges ou des rameaux à moelle ou des cavités préexistantes comme les galeries creusées par d’autres insectesOuellet, 2013. L’habitat des pollinisateurs en milieu agricole : éléments à considérer pour en assurer la conservation et la restauration au Québec. Université de Sherbrooke (Canada)..
  • Bordures de champs extensives ou bandes fleuries. Les bandes culturales extensives sont des bandes situées en bordure de champ qui ne reçoivent pas d’engrais ou de pesticides. Elles sont récoltées en même temps que la culture principale et favorisent le développement de plantes messicoles (nielle des blés, bleuet ou coquelicot) qui assurent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces Bandes culturales extensivesPomotion de la biodiversité dans l'agriculture suisse.. Dans notre cas, on s’intéressera particulièrement aux bandes fleuries, à savoir des bordures de champ qui laissent s’exprimer la flore spontanée, ou dans lesquelles ont été semées des plantes locales favorables aux écosystèmes, en particulier les pollinisateurs et auxiliaires des cultures.
  • Présence de légumineuses. Les légumineuses sont des plantes appartenant à la famille des fabacées. Leur culture présente de nombreux intérêts Thiebeau et al, 2010. Contribution des légumineuses à la biodiversité des paysages ruraux.ResearchGate.Schneider et Huyghe, 2015. Les légumineuses pour des systèmes agricoles et alimentaires durables. Éditions Quae.Institut technique de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre:
    • grâce à la symbiose avec les bactéries rhizobium, les légumineuses captent l’azote de l’air et le fixent dans le sol. Elles limitent le recours à la fertilisation chimique, les problèmes d’eutrophisation (en piégeant les nitrates du sol) et facilitent la gestion des adventices ;
    • cultivées entre deux cultures principales, elles permettent de couvrir les sols, les protégeant de l’érosion et de l’envahissement des mauvaises herbes ;
    • riches en protéines, elles représentent un atout majeur dans l’alimentation animale (dans les prairies) et humaine, en particulier dans un contexte de rééquilibrage du ratio protéines animales / protéines végétales dans les régimes alimentaires ;
    • elles constituent une source de nourriture pour les pollinisateurs.
  • Étalement des floraisons de février à octobre. Les pollinisateurs peuvent trouver de la ressource dès février (période à partir de laquelle le saule et le noisetier entament leur floraison) et jusqu’en décembre (grâce au lierre, en particulier) pour faire leur dernières réserves de pollen avant l’hiver. Entre mars et novembre, on veille à ce que les floraisons de chaque essence végétale s’étalent dans le temps, pour permettre aux pollinisateurs de trouver la nourriture qui leur permet de vivre sans interruptionArbres, territoire & pollinisateurs. Des paysages agroforestiers pour le maintien des insectes pollinisateurs.Arbre et paysage 32..
  • Techniques de non labour. Les espèces terricoles représentent jusqu’à 70 % des pollinisateurs, elles nidifient dans le sol, dans des cavités déjà creusées, les trous des lombrics ou de petits rongeurs. Les femelles y déposent un ou plusieurs œufs, ainsi que du nectar et du pollen nécessaires à l’alimentation de leur progénitureOuellet, 2013. L’habitat des pollinisateurs en milieu agricole : éléments à considérer pour en assurer la conservation et la restauration au Québec.Université de Sherbrooke (Canada).. Les techniques de non labour permettent à ces espèces de survivre et de se reproduire dans les parcelles cultivées. Elles comprennent les techniques de conservation des sols (travail uniquement sur les dix premiers centimètres du sol) et le semis direct, qui consiste à semer sans aucun labour. Ces techniques s’accompagnent souvent de couverts végétaux.
  • Présence, type et gestion des haies. Lorsqu’elles sont suffisamment diversifiées et qu’elles contiennent des essences mellifères, les haies représentent un habitat privilégié pour les pollinisateurs, ainsi qu’une ressource en pollen et en nectar stable sur la duréeRestaurer d’urgence l’habitat des pollinisateurs : premiers coups de pioches.Dépêche POLLINIS.. Les haies recouvrent toutefois une diversité importante de structures et de compositions : on analyse ici de quelle façon leur gestion peut être favorable aux pollinisateurs.
  • Présence, type et gestion des prairies. Comme les haies, les prairies offrent aux pollinisateurs le gîte et le couvert. On analyse via cet indicateur l’impact du type de prairie et de sa gestion sur les pollinisateurs.
  • Présence de ruches. L’état de santé de leurs colonies d’abeilles constitue un bon indicateur pour déterminer si le milieu leur est favorable ou non. On s’intéresse aussi au nombre de ruches présentes, pour déterminer si l’activité apicole pourrait entrer en compétition avec les pollinisateurs sauvages présents : c’est dans un rayon de 600 à 1 200 m autour de la ruche que la compétition est la plus rudeL’abeille domestique concurrence-t-elle les abeilles sauvages ?Tela Botanica..
La présence de ruches et l’état de santé des colonies d’abeilles représente un bon indicateur pour déterminer si le milieu est favorable ou non aux pollinisateurs. © V. Chapuis/POLLINIS

Catégorie III : indicateurs socio-économiques

  • Type d’aides financières et pourcentage du chiffre d’affaires. Cet indicateur représente le degré de dépendance de l’agriculteur aux subventions qu’il perçoit. Il permet de renseigner sur l’importance de ces subventions comme levier pour une transition agroécologique et de quelle manière elles pourraient davantage soutenir les alternatives.
  • Revenu : le revenu brut agricole est obtenu par différence entre les recettes liées à l’activité agricole (vente des productions, subventions, indemnités d’assurance…) et les charges (achats de biens et services nécessaires à la production, salaires et charges financières…). Cet indicateur renseigne sur la capacité de l’agriculteur à vivre décemment de son travail, ou plus précisément sur la compatibilité entre création de revenus et mesures de préservation des pollinisateurs. Des revenus trop faibles comparés aux efforts réalisés sur les dimensions environnementales nous conduiront par exemple à encourager une meilleure répartition des subventions ou à promouvoir un revenu agricole de base qui permette à tous les agriculteurs de préserver leur environnementQu’est-ce que le revenu agricole ? Présentation simplifiée, 1990.Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)..
  • Nombre de travailleurs sur la ferme. Un besoin de main d’œuvre important peut représenter un frein pour l’agriculteur qui aura du mal à la rémunérer. Toutefois, l’emploi participe à la redynamisation des territoires ruraux et limite le déclin continu de la profession agricole. Pour des raisons éthiques et écologiques, on privilégiera donc ce travail manuel au recours à la robotisation. L’agriculture biologique a d’ailleurs traditionnellement recours à davantage de main d’œuvre que la conventionnelle, sur la ferme mais aussi tout au long de la filière, de la transformation à la distributionLa bio : des emplois et des valeurs.Bio Consom'acteurs.Vers des agricultures plus performantes. Comment rendre l’agriculture biologique plus productive et plus compétitive. Étude de l'Inra..
  • Type de main d’œuvre : l’agriculteur a-t-il recours à une main d’œuvre familiale, salariée, bénévole ? Cet indicateur permet de mettre en lumière la capacité d’emploi et de rémunération de l’agriculteur, et d’en tirer des enseignements quant aux besoins d’emploi et à la capacité des politiques agricoles à y répondre.
  • Nombre d’heures de travail hebdomadaire : certaines alternatives apportent un gain de temps aux agriculteurs. Souvent invisible, ce gain de temps représente pourtant une amélioration considérable des conditions de travail. C’est ce que cet indicateur tend à mettre en lumière.
  • Pénibilité (0 à 10) : les systèmes alternatifs sont-ils plus ou moins pénibles que leurs homologues conventionnels ? C’est la question que nous soumettons à l’appréciation de l’agriculteur. La pénibilité comporte aussi bien les dimensions physiques que morales du métier.
  • Satisfaction des rendements. Plutôt que de demander à l’agriculteur ses rendements, qui par ailleurs fluctuent d’une année à l’autre, on lui propose d’évaluer sa satisfaction : produit-il suffisamment par rapport à ses objectifs ? Cela permet de distinguer le rendement des objectifs de production que souhaite atteindre l’agriculteur, et qui sont parfois loin de ceux d’une compétition effrénée aux plus hauts rendements.
  • Satisfaction de la rémunération des productions. De la même façon, cet indicateur s’intéresse à la perception de l’agriculteur de ses revenus, et non à ses revenus en tant que tels. Il renseigne sur les attentes des producteurs et les façons dont sont construits les prix et dont la valeur se répartit entre les différents chaînons de la filière.
  • Satisfaction du projet. Partant du principe que chaque projet agricole est unique et que l’agriculteur est le seul à pouvoir décider de la satisfaction que lui procure son système, cet indicateur permet de mesurer cela. Il permet, par exemple, de considérer comme « performant » un système qui donne satisfaction à l’agriculteur, même si les revenus ou quantités produites sont jugées insuffisantes par d’autres indicateurs.
  • Indice de bonheur (0 à 10) : sur le même principe que l’indicateur précédent, on tient compte dans cette analyse de la qualité de vie de l’agriculteur. Cet indicateur est très subjectif et laisse toute la latitude aux agriculteurs de définir par eux-mêmes leur échelle de bonheur. Là encore, ce critère complète des indicateurs plus objectifs en nuançant des résultats économiques jugés insuffisants avec une qualité de vie satisfaisante.
Les vergers de Mothois

Isolement, endettement, surmenage. De nombreux agriculteurs souffrent de leur situation professionnelle. Est-ce le cas aussi dans ces systèmes résilients ? L’indice de bonheur permet de l’estimer.
© P. Besnard/POLLINIS

Catégorie IV : ancrage territorial et intégration dans les systèmes alimentaires

  • Transformation sur la ferme : transformer ses propres produits sur la ferme est un moyen pour l’agriculteur d’ajouter de la valeur à ses productions, et aussi de se montrer innovant et créatif. Cet indicateur vise à déterminer si et comment cette stratégie peut être un levier à la mise en place de pratiques favorables aux pollinisateurs.
  • Labels : cet indicateur renseigne sur l’intérêt des labels dans la valorisation indirecte de pratiques favorables aux pollinisateurs, et sur la nature des labels utilisés.
  • Satisfaction du label Agriculture biologique (AB). Depuis l’homogénéisation du label à l’échelle européenne et le développement d’une agriculture bio industrielle, des controverses émergent quant au degré d’ambition du label AB et aux démarches qu’il engage. Cet indicateur vise à comprendre la perception qu’ont les agriculteurs du label, dans quelles mesures il peut représenter un levier ou à l’inverse, un frein, à la valorisation des alternatives aux pesticides.
  • Débouchés. Cet indicateur renseigne sur le devenir des productions : vente directe, à des négociants, à une coopérative ou en réponse à des commandes publiques (maisons de retraite ou cantines scolaires, par exemple), etc.
  • Échanges avec les agriculteurs du territoire. La diversification des ateliers de production et les complémentarités entre eux (maraîchage, élevage, grandes cultures…) peuvent se penser à l’échelle du territoire et pas seulement à celle de la ferme. Il s’agit d’identifier si les échanges réalisés entre agriculteurs influencent la mise en œuvre d’alternatives ou non.
  • Nombre d’intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur. Au-delà d’un unique intermédiaire, on qualifie le système de circuit « long ». Plus le nombre d’intermédiaires est élevé, plus le risque pour l’agriculteur de voir sa marge réduite augmente, et plus la valeur est captée par ces intermédiairesAnalyse des enjeux économiques et
    sociaux d’une alimentation plus
    durable : état des lieux
    Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
    .
  • Part des produits destinés à une consommation locale (150 km) et mode de commercialisation : quelle part des produits sont consommés dans un rayon de 150 km ? Cela influence-t-il la mise en place d’alternatives ?
  • Destination du reste des productions : quelle est la destination du reste des productions ? Quel impact l’export a-t-il sur les choix de productions de l’agriculteur ?
  • Participation à une démarche commerce équitable France. La définition de l’économie sociale et solidaire a permis la création d’une démarche de commerce équitable française, qui s’appuie sur les mêmes principes que le commerce équitable Nord-Sud : juste rémunération des producteurs, transparence tout au long de la filière, respect de conditions de travail dignes…  On souhaite à travers cette question savoir si cette démarche joue un rôle dans la mise en place de pratiques favorables aux pollinisateurs.
  • Influence des besoins du territoire sur les pratiques. Par cet indicateur, on cherche à savoir si les besoins du territoire (enjeux spécifiques sur la protection de ressources en eau, ou d’espaces naturels protégés, enjeux culturels, objectifs de souveraineté alimentaire, commandes publiques) influencent les pratiques de l’agriculteur et de quelle façon.
  • Maîtrise des débouchés (0 à 10) : sur évaluation propre de l’agriculteur, on évalue ici dans quel mesure il peut choisir le devenir de ses produits, son réseau de commercialisation.
  • Intégration dans un collectif d’agriculteurs. Cet indicateur nous renseigne sur l’importance d’un travail collectif dans la mise en place ou la diffusion d’alternatives, mais aussi sur les moyens à mettre en place pour créer et accompagner ces collectifs.
  • Organismes d’accompagnement. Récemment, la loi EGAlimProduits phytosanitaires : séparation de la vente et du conseil à partir du 1er janvier 2021Ministère en charge de l'agriculture. a prévu de distinguer les activités de conseil aux agriculteurs des activités de vente de produits phytosanitaires. Jusqu’alors étroitement liées et exercées par les mêmes personnes, ces activités ont orienté les agriculteurs dans la voie de l’industrialisation des systèmes, de l’usage intensif d’intrants et du recours à une mécanisation de plus en plus lourde et coûteuse. Cette question vise à déterminer de quels types d’accompagnement bénéficient les agriculteurs et s’ils sont adaptés à la mise en place d’alternatives favorables aux pollinisateurs.
  • Implication dans un programme de recherche. Cet indicateur vise à mesurer l’importance de la participation à des programmes de recherche qui partent des réalités du terrain (bottom-up) et impliquent les agriculteurs. Ces démarches représentent-elles un levier de transition ? Sont-elles suffisamment développées ?
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La satisfaction du label AB est un indicateur qui vise à comprendre la perception qu’ont les agriculteurs du label, dans quelles mesures il peut représenter un levier ou à l’inverse, un frein, à la valorisation des alternatives aux pesticides. © E. Baradat/POLLINIS
  • Soutien de l’entourage : par qui les agriculteurs sont-ils soutenus et comment ? Cet indicateur vise à considérer l’isolement, les pressions sociales dans le milieu agricole et l’importance de l’aide familiale comme des éléments moteurs (ou freins) de la transition.
  • Formations sur la ferme : l’agriculteur organise-t-il des formations ? Lui permettent-elles de diffuser ses pratiques ? De compléter ses revenus ?
  • Tourisme à la ferme : l’agriculteur accueille-t-il des groupes ou des individus pour des activités agritouristiques ? Lui permettent-elles de compléter ses revenus ?

De sont donc au final plus de 50 critères que POLLINIS a évalué pour chaque ferme étudiée, grâce à des entretiens longs et approfondis avec la vingtaine d’agriculteurs et agricultrices rencontrés. Une analyse non exhaustive mais suffisamment large pour en tirer des conclusions robustes et des recommandations étayées par ces nombreux exemples.