Pesticides
ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION : OPACITÉ ET ABSENCE DE QUESTION ENVIRONNEMENTALE
POLLINIS s’inquiète de l’organisation opaque des États généraux de l’alimentation qui ont débuté jeudi 20 juillet 2017. Bien que le Premier Ministre ait affiché sa volonté de ne pas restreindre ces discussions à la filière seule, les ONG environnementales et citoyennes rencontrent de grandes difficultés à intégrer les négociations.
Les ambitions des États généraux de l’alimentation sont louables : permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de “prix justes”, offrir une alimentation saine et sûre, et enfin, réconcilier agriculture et environnement. Mais le flou demeure sur les méthodes qui seront utilisées pour les mettre en œuvre. Le discours que le Ministre de l’Agriculture a prononcé ce matin nie l’impact du modèle agricole majoritaire sur les autres formes d’agricultures, “nous croyons en tous les modèles. Nous ne les opposons pas parce qu’ils sont complémentaires, ce sont des philosophies qui répondent à des marchés différents et ces marchés, nous devons les servir” a-t-il déclaré. Dans son discours, Stéphane Travert évacue la question environnementale. Selon lui, tous les modèles sont à promouvoir, mais surtout le modèle dominant dopé aux pesticides, qui détruit l’environnement et nuit à la santé des consommateurs. Les limites sociales et environnementales d’une agriculture conventionnelle, intensive en chimie et en énergies fossiles, peu économe et peu autonome, largement relayées par la recherche, les ONG et les agriculteurs eux-mêmes, ont été bien peu évoquées.
Les États généraux de l’alimentation doivent penser l’accompagnement de la transition déjà en marche vers une nouvelle mosaïque de modèles agricoles, respectueux de l’environnement et des consommateurs.
POLLINIS soutient l’agroécologie, un changement de modèle agricole possible
A l’échelle des exploitations, il s’agit de concevoir de nouveau les systèmes de production : non pas seulement réduire l’utilisation de pesticides, ni substituer une molécule par une autre, mais repenser l’agro-écosystème dans son ensemble, pour des fermes respectueuses de l’environnement et insérées dans un système alimentaire juste et cohérent.
Pour changer de modèle agricole, POLLINIS recommande :
- De mener, au niveau européen et national, une politique agricole forte et ambitieuse, en faveur d’un accompagnement de la transition agro-écologique et de la durabilité des systèmes alimentaires. De la même façon que cela fut fait dans les années 1960 pour répondre à des objectifs inédits de production, un investissement fort de la part des pouvoirs publics est nécessaire aujourd’hui pour accompagner ce changement visant à répondre aux nouveaux objectifs économiques, environnementaux, sociaux, sanitaires, territoriaux, paysagers, assignés à l’agriculture.
- De traduire cet effort et ce tournant technologique vers l’agroécologie dans les réformes et le financement de la PAC et des programmes nationaux de politiques publiques concernant l’agriculture.
- De mettre en œuvre les moyens adéquats pour cette transition dans les appareils de Recherche, de développement et de conseil, afin notamment de bloquer ou de contrôler l’influence grandissante des firmes d’amont dans les choix des agriculteurs (recherche publique ; conseil technique indépendant).
- De mener une réforme institutionnelle et syndicale permettant une représentation équitable des différents points de vue et alternatives agricoles dans les lieux de débat et de décision, en particulier à l’égard des syndicats agricoles jugés minoritaires et des organisations représentant les citoyens.
Nous vous invitons à donner votre avis via la consultation publique sur egalimentation.gouv.fr