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Pesticides / Néonicotinoïdes

Insecticides néonicotinoïdes : Pourquoi se battre pour leur interdiction ?

Ces insecticides neurotoxiques sont les plus utilisés en Europe sur les grandes cultures. Pourtant leurs conséquences sur l’environnement et notre agriculture sont alarmantes. lls tuent l’ensemble des arthropodes sans distinction et sont transportés par la sève de la plante au fur et à mesure de sa croissance, jusque dans le pollen et le nectar.

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Date : 15 avril 2016

Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides neurotoxiques (qui attaquent le système nerveux central des insectes, provoquant la paralysie et la mort). Ils sont apparus dans les années 90 pour essayer de répondre aux problèmes de résistance aux pesticides chez les insectes qui ravagent les cultures. Au nombre de sept (acétamipride, clothianidine, dinotéfurane, imidaclopride, nitenpyrame, thiaclopride, thiaméthoxame), ces molécules actives se trouvent dans les produits commercialisés notamment par Bayer et Syngenta, par exemple le Cruiser ou le Gaucho. Les néonicotinoïdes représentent le type d’insecticide le plus utilisé en Europe sur les grandes cultures (maïs, colza, tournesol, mais aussi betteraves, pommes de terre, etc.). Ces pesticides sont à large spectre – ils tuent l’ensemble des arthropodes sans distinction – et sont systémiques : ils sont transportés par la sève de la plante au fur et à mesure de sa croissance, jusque dans le pollen et le nectar.

Macro image of a dead bee on a leaf from a hive in decline, plagued by the Colony collapse disorder and other diseases

Les néonicotinoïdes, des neurotoxiques souvent présents dans les essaims, provoquent une large gamme d’effets secondaires dangereux pour les abeilles.

Des conséquences dramatiques sur l’environnement

Au maximum, 20 % du produit actif est absorbé par la plante : plus de 80 % est donc lessivé dans le sol jusqu’aux cours d’eau et aux nappes phréatiques, où les résidus peuvent mettre des années à se dégrader.

Ces résidus s’accumulent dans les sols à des taux dépassant souvent les DL50 des insectes auxiliaires de l’agriculture, la dose létale à partir de laquelle un produit tue 50 % des individus d’une population.

L’utilisation de ces insecticides provoque des dommages dont l’ampleur est confirmée par de nombreuses études indépendantes sur un grand nombre d’animaux non-ciblés – vers de terre, papillons, oiseaux, pollinisateurs comme les abeilles, etc. – des organismes indispensables à la quantité, à la variété et à la qualité de nos productions agricoles.

Lutte chimique et résistance : la spirale infernale

Les néonicotinoïdes sont vendus presque exclusivement sous forme de semences enrobées (la graine est enduite de l’insecticide). Comme la semence est indissociable du produit chimique, les agriculteurs sont contraints à traiter leurs cultures de façon préventive et systématique, sans tenir compte de la présence ou non de ravageurs. Cet usage irrationnel des néonicotinoïdes accroit dangereusement le phénomène de résistance des bioagresseurs aux pesticides.

vers une interdiction des néonicsLes néonicotinoïdes maintiennent ainsi l’agriculture dans une spirale toxique de dépendance chimique : à mesure qu’augmentent les résistances des insectes ravageurs, les firmes agrochimiques développent des produits de plus en plus nocifs, et les agriculteurs sont contraints de les combiner ou d’augmenter les doses pour venir à bout d’insectes toujours plus résistants. Pendant ce temps, les organismes essentiels à l’agriculture, eux, sont éradiqués progressivement, aggravant ainsi les risques de maladies et d’attaques de bio agresseurs.

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Les néonicotinoïdes sont essentiellement vendus sous formes de semences enrobées : les graines sont enduites de l’insecticide.

Un obstacle à toute alternative agricole

L’usage préventif et systématique d’insecticides contredit les principes élaborés depuis des décennies par les ingénieurs agronomes et qui sont reconnus par les scientifiques de l’industrie agrochimique eux-mêmes.

Les néonicotinoïdes détournent ainsi le monde agricole des principes de la Protection Intégrée des Cultures (PIC en français, ou IPM en anglais pour Integrated Pest Management) adoptés par l’Union Européenne en 2009 dans le cadre de la directive 2009/128/EC. La PIC impose notamment que les pesticides ne soient employés qu’en cas d’attaque constatée, en quantité minimale et proportionnée à la réalité de l’attaque, en utilisant des produits ciblés et non persistants.

Ces principes sont jugés indispensables par les spécialistes de la protection des cultures pour contrôler le développement de parasites résistants aux pesticides et assurer la pérennité de nos productions agricoles, l’indépendance et la sécurité alimentaire des européens.

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Notre production alimentaire en péril

Ce système repose sur l’hypothèse d’un accès illimité à des solutions chimiques. Mais les spécialistes de la protection des cultures pensent que le risque est grand de n’avoir bientôt plus aucun rempart chimique à opposer aux bio-agresseurs pour trois raisons :

  1. L’augmentation phénoménale de résistances aux pesticides chez les nuisibles.
  2. Les réglementations sanitaires et environnementales qui réduisent l’arsenal chimique légal disponible et limitent le champ de la recherche agrochimique.
  3. Le coût de développement d’une nouvelle molécule qui est passé de 30 à 270 millions d’euros depuis 1980.

L’industrie agrochimique ne sera pas toujours en mesure d’apporter une solution chimique aux problèmes qu’elle engendre. Cette faille révèle la grande vulnérabilité du système agricole actuel qui repose en grande partie sur les néonicotinoïdes.

Le système agricole actuel, construit autour des pesticides, n’est pas durable écologiquement. Ses conséquences dramatiques sur les écosystèmes sont connues et largement documentées. En permettant la mise en place de cultures simplifiées, homogènes et fragiles (les insectes pollinisateurs et les organismes auxiliaires sont éradiqués progressivement), les pesticides ont considérablement accru les risques de maladies et d’attaques de ravageurs.

Ce système n’est pas non plus viable économiquement : aides publiques exorbitantes (PAC), intrants chimiques toujours plus chers, revenus des agriculteurs en chute libre…

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Les néonicotinoïdes maintiennent l’agriculture dans une spirale toxique de dépendance chimique.