Restaurer les paysages
POLLINIS s’oppose fermement au décret du gouvernement visant à faciliter l’arrachage des haies
Un projet de décret du gouvernement, soumis à la consultation du public, prévoit de simplifier les procédures de destruction des haies. Dans sa réponse au gouvernement, POLLINIS fait part de sa préoccupation face au texte et appelle au contraire à la mise en place de mesures de protection de ces espaces, indispensables à la vie des pollinisateurs.
« Renforcer la préservation des haies » en facilitant leur arrachage, c’est la vision absurde portée par le gouvernement dans un projet de décret, soumis à la consultation publique jusqu’au 16 décembre. POLLINIS y a participé, pour exprimer son opposition et sa préoccupation face aux mesures proposées dans le texte.
Concrètement, ce décret vise à créer un guichet unique, sous la responsabilité des préfectures départementales, auquel seront adressées toutes les demandes de destruction de haies. Aujourd’hui, ces travaux dépendent de 13 législations différentes, qui se retrouveraient ainsi unifiées. Mais un sujet aussi important pour la biodiversité que les haies ne peut pas être simplifié sans lourdes conséquences.
Un décret qui augmentera le nombre de haies arrachées
Selon le décret, toute demande non traitée par les préfectures dans un délai de deux mois vaudra automatiquement comme une autorisation à détruire sa haie. Dans son avis, POLLINIS rappelle au contraire que ces autorisations de destruction doivent rester « strictement exceptionnelles » et « subordonnées à une démonstration rigoureuse et documentée de la nécessité du projet [d’arrachage] », « ainsi qu’à la preuve de l’absence de solutions alternatives écologiquement moins impactantes ».
POLLINIS n’est pas la seule organisation à alerter sur les effets désastreux de ce décret. Plus de 11 000 contributions, très majoritairement défavorables, ont été déposées sur le site du gouvernement. On y retrouve des messages de citoyens en colère, d’associations soucieuses de préserver ces espaces indispensables à la biodiversité, mais aussi d’une instance consultative en lien direct avec le gouvernement : le Conseil national de la protection de la nature.
Rattaché au ministère de la Transition écologique, il a également rendu un avis défavorable sur le décret, en soulignant notamment que le délai de réponse maximal de deux mois serait « ingérable » et conduirait à l’augmentation du nombre de haies arrachées.
Des mesures de « compensation » inutiles
Pour se protéger des critiques, le décret du gouvernement insiste sur le fait que chaque mètre de haie arrachée devra obligatoirement être compensé par un mètre de haie replantée. Une mesure inefficace, jugent tous les détracteurs du texte, tant les pertes de biodiversité liées à la destruction de ces espaces sont irréversibles.
« Leur destruction engendre des impacts écologiques durables – fragmentation des habitats, rupture de la continuité écologique, perte de ressources trophiques et de sites de reproduction – qui ne peuvent être compensés à court et moyen terme. Une haie nouvelle mettra de nombreuses décennies avant d’assurer des fonctions comparables à celles d’une haie ancienne », rappelle POLLINIS dans son avis.
Pour l’ONG, l’action du gouvernement devrait au contraire se focaliser sur la mise en place de mesures de protection des haies existantes, car leur disparition liée à l’intensification des pratiques agricoles constitue une source importante de déclin de la biodiversité.
Pour l’heure, en dépit de l’effondrement des pollinisateurs, ces destructions se poursuivent et s’accélèrent. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, depuis 2017, environ 24 000 kilomètres de haies sont arrachés chaque année en France, soit deux fois plus qu’entre 2006 et 2014.
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