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Pesticides

POURQUOI UN TEL ÉCART ENTRE LES TESTS EN LABO ET LES TESTS EN PLEIN CHAMP ?

Une nouvelle étude britannique, menée sur deux ans, explique pourquoi, lors de l’analyse de l’impact des néonicotinoïdes sur les abeilles, les résultats diffèrent tant entre les tests issus des laboratoires et ceux issus de l’observation en plein champ. L’étude montre que l’exposition des butineuses dans les champs traités augmente bien leur mortalité.

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Date : 26 novembre 2015
Abeille-pollen-libre

Les études en plein champ cachent souvent un risque réel pour les abeilles

Publiée le 18 novembre dans Proceeding B, la revue de recherche biologique britannique de la Royal Society, une étude montre que les insecticides néonicotinoïdes tuent les abeilles à petit feu, sans que cela soit facilement détectable lors des études d’impact en plein champ Henry M, Cerrutti N, Aupinel P, Decourtye A, Gayrard M, Odoux J-F, Pissard A, Rüger C, Bretagnolle V. 2015 “Reconciling laboratory and field assessments of neonicotinoid toxicity to honeybees”. Proceedings B de la Royal Society.http://rspb.royalsocietypublishing.org.

Les néonicotinoïdes, généralement vendus sous la forme de graines enrobées de produit, sont des insecticides systémiques, c’est-à-dire qu’ils se propagent dans la plante au fur et à mesure qu’elle grandit et se retrouvent dans le pollen et le nectar qui sont collectés par les abeilles et autres butineurs.

Lorsque l’impact de ces substances est contrôlé avant leur commercialisation, comme le rappelle cette étude, il existe souvent un écart entre les résultats issus des études en laboratoire et ceux issus des études en plein champ. Ces derniers ne permettent généralement pas d’identifier un risque clair pour les pollinisateurs.

Pourtant, l’étude souligne que les effets sur les abeilles en plein champ peuvent intervenir un certain temps après l’application des produits, ou déclencher des mécanismes de régulation démographique au sein des colonies.

La mortalité des abeilles augmente lorsque les champs sont traités

Menée pendant deux ans sur du colza traité au Cruiser (thiamethoxam), actuellement interdit par le moratoire européen, afin d’étudier le comportement individuel des abeilles et celui des colonies, l’étude britannique montre que l’exposition des butineuses aux champs traités augmente bien leur mortalité. Et que cette mortalité augmente avec le temps.

Les abeilles proches des champs traités meurent plus rapidement, mais cet impact est amorti par l’adaptation démographique de la colonie. Les abeilles élèvent moins de mâles, et plus d’ouvrières afin de combler les pertes de ces dernières, qui sont essentielles à la ruche puisqu’elle lui apporte la nourriture. Par conséquent, les mâles sont moins nombreux au printemps lorsqu’il y a le plus de reines vierges, ce qui peut avoir des impacts sur le renouvellement des générations d’abeilles.

L’étude souligne aussi la persistance des résidus de néonicotinoïdes dans les sols et l’eau, que l’on retrouve dans les fleurs sauvages et les plantes bordant les champs, parfois à des concentrations plus élevées que dans les cultures traitées elles-mêmes.

Cette étude est publiée alors que le moratoire partiel européen sur trois néonicotinoïdes est en train d’être réévalué à Bruxelles.