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Restaurer les paysages

En Pays de la Loire, la plantation de haies agricoles s’accélère jusqu’en 2022

Le projet de replantation de haies chez les agriculteurs des Pays de la Loire, lancé par POLLINIS et l'Afac en 2019, repart pour dix-huit mois supplémentaires. Objectif : doubler le nombre de nouvelles haies et développer la création et la restauration de mares pour reconstruire des paysages propices aux pollinisateurs.

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Date : 17 février 2021

La restauration des haies agricoles en Pays de la Loire se poursuit. Afin de continuer à développer des habitats favorables aux pollinisateurs et à la biodiversité, POLLINIS a renouvelé pour dix-huit mois supplémentaires son partenariat avec l’Association française arbres champêtres et Agroforesteries (Afac-Agroforesteries) des Pays de la Loire, qui accompagne des agriculteurs – qui travaillent en agriculture biologique ou sont en phase de conversion – souhaitant replanter des haies sur leur exploitation. Avec Mission Bocage et l’EIRL de la haie à la forêt, deux association locales membres de l’Afac qui ont assuré la coordination technique des projets, POLLINIS avaient déjà accompagné en 2020 la plantation de plus de deux kilomètres de haies, soit 786 arbres non fruitiers et 475 arbres fruitiers. En 2021 et 2022, l’objectif est de planter plus de quatre kilomètres de haies supplémentaires mais aussi de créer et restaurer une dizaine de mares. 

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En 2020, POLLINIS visite Le Clos des Quarterons, dans la région Pays de la Loire,l’association contribue, avec les experts de l’Afac et de Mission Bocage, à accompagner les agriculteurs qui souhaitent replanter des haies sur leurs exploitations. ©POLLINIS

Accompagner les agriculteurs sur le long terme

Ce projet, financé par les donateurs de POLLINIS, avait déjà permis d’accompagner quatorze agriculteurs en 2019 : 5 vignerons, 5 éleveurs et 4 cultivateurs de céréales, légumes et plantes médicinales. Les experts de l’EIRL de la haie à la forêt et de Mission Bocage avaient dans ce cadre apporté un appui technique aux agriculteurs et autres acteurs ruraux qui souhaitaient replanter des arbres, haies et structures bocagères sur leur exploitation. « Ce partenariat avec POLLINIS est important car il nous permet de sensibiliser les agriculteurs à la question des pollinisateurs et de la faune auxiliaire. Cela permet  de mettre en place des actions qui vont au-delà de la simple plantation de haies et de trouver de nouvelles manières de favoriser les habitats pour les insectes. Nous voulons les accompagner sur le long terme », détaille Margaux Boisramé, de Mission Bocage. 

Faire revenir les pollinisateurs

Pour les dix-huit prochains mois, POLLINIS et l’Afac veulent associer au projet une vingtaine de nouveaux agriculteurs. Parmi eux, Pauline Kaeuffer-Muller, qui dirige le Domaine de l’Yvardière, à Mareil-sur-Loir (Sarthe), où elle cultive des plantes médicinales comme la mélisse, le basilic cannelle, la menthe fraise, la mûroise, etc. Par ailleurs, elle compte prochainement installer un verger. « Nous bénéficions d’un accompagnement financier mais aussi de conseils pour planter nos haies. Notre objectif est de planter un kilomètre à partir de l’automne prochain », explique l’agricultrice. Lorsqu’elle a démarré son exploitation il y a près de deux ans, la biodiversité des lieux était en berne.

En installant des nichoirs et en laissant libre-cours à la végétation spontanée, elle a rapidement observé les premiers effets bénéfiques. « La biodiversité est en augmentation, se réjouit-elle. Mais nous voulons aller plus loin. Créer des mares, pour que les insectes et les petits animaux puissent s’abreuver en été, et surtout planter des haies avec une grande diversité d’essences pour attirer le plus de pollinisateurs possible. Ils sont indispensables pour nos plantes médicinales mais aussi pour notre futur verger. Et nous voulons aussi que les abeilles de nos futures ruches trouvent à manger tout au long de l’année ». Son projet sera coordonné par l’entreprise Sylvaloir, membre de l’Afac.

Noisetiers, chênes, frênes, néfliers, sureaux, fusains, arbousiers, pommiers et poiriers sauvages… Grâce à la diversité des essences choisies, les haies de Pauline fleuriront toute l’année, assurant ainsi aux pollinisateurs une nourriture en toutes saisons. Mais les insectes ne sont pas les seuls bénéficiaires de ce paysage propice : les agriculteurs sont en effet les premiers à avoir besoin d’une pollinisation importante, puisque 75 % des plantes cultivées dépendent, au moins en partie, des pollinisateurs pour leur fécondation, et certaines productions deviennent même plus rentables si les pollinisateurs sont à la fois nombreux et de plusieurs espèces différentes.

Rétablir les équilibres naturels

En quelques décennies, l’agriculture conventionnelle a pourtant presque éliminé du paysage haies et arbres champêtres pour favoriser le passage d’imposants engins agricoles sur les étendues de monocultures, où les insectes ne trouvent plus de nourriture ni d’habitat. À l’inverse, les haies leur offrent des sites de nidification ainsi que les ressources dont ils ont besoin : pollen et nectar de fleurs pour se nourrir et sustenter leurs larves, fibres naturelles et résines végétales pour la construction des nids, plantes hôtes pour les chenilles des papillons… « Un réseau dense de haies peut héberger jusqu’à une centaine d’espèces d’insectes différentes. Recréer ces havres de biodiversité n’est pas seulement bénéfique pour les pollinisateurs, mais aussi pour toute la faune auxiliaire, pour les oiseaux des champs… Cela permet de rétablir des équilibres naturels, » précise Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS.

Ce partenariat avec l’Afac s’inscrit dans le cadre du projet « Paysages pour pollinisateurs » de POLLINIS visant à reconstituer l’habitat des pollinisateurs en milieu agricole. En 2019, l’association avait ainsi aidé l’agriculteur Fabien Perrot, dont l’exploitation est située à Germainville dans la plaine de la Beauce, à planter deux rangs d’arbres et arbustes sur deux mètres de large et 750 mètres de long, pour offrir « le gîte et le couvert » aux pollinisateurs. Résultat : au bout d’un an et demi, abeilles, papillons et bourdons ont peu à peu fait leur retour dans ce paysage marqué par l’agriculture intensive et ses champs à perte de vue.