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Pesticides / Néonicotinoïdes

NÉONICOTINOÏDES ET AGRICULTURE : les limites de la protection chimique actuelle

Depuis l’apparition en 1939 du DDT, le premier insecticide de synthèse, le modèle agricole dominant s’est construit autour d’un système productiviste hautement consommateur d’intrants. Celui-ci reste le modèle agricole majoritaire et n’est que peu remis en question par des modèles alternatifs malgré ses limites apparentes depuis les années 1960.

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Date : 24 septembre 2014
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Les néonicotinoïdes, ces pesticides systémiques pulvérisés sur les cultures ou appliqués sous forme d’enrobage des semences représentent actuellement 40 % du marché mondial des pesticides. Leur apparition n’a fait qu’aggraver la problématique de non-durabilité du système agricole actuel.

D’une extrême toxicité, leur usage entraîne l’affaiblissement des défenses naturelles des cultures et favorise la prolifération et la résistance des ravageurs, sans pour autant améliorer de manière significative les rendements agricoles. En rendant les agriculteurs toujours plus dépendants des intrants chimiques et en détériorant leurs marges, cette nouvelle génération de pesticides continue de profiter unilatéralement aux grands acteurs de l’industrie agro-chimique.

Pourtant, une alternative crédible à ce modèle agricole existe : l’agroécologie, qui promeut des solutions agronomiques respectueuses telles que la protection intégrée des cultures, permettant de restreindre au maximum l’usage des pesticides tout en assurant de hauts rendements agricoles.

Ce que dit la science sur les néonicotinoïdes et l’agriculture

 

Les limites de la protection chimique

A) Résistances des bioagresseurs

  • Chapitre d’une étude très détaillée de l’Inra concernant les pesticides. Ce chapitre porte principalement sur les stratégies de protection intégrée dans tous les types de culture. AUBERTOT J.N., CLERJEAU M., DAVID C., DEBAEKE P., JEUFFROY M.H., LUCAS P., MONFORT F., NICOT P., SAUPHANOR B., 2005b. Chapitre 4 : Stratégies de protection des cultures. Pesticides, agriculture et environnement. Expertise scientifique collective, INRA et Cemagref (France), 104p.

B) Impacts négatifs des pesticides sur les organismes bénéfiques à l’agroécosystème

  • Texte de 1992 qui expose déjà de manière complète les dangers liés aux pesticides (environnement, hommes, résistances, eau, poissons, mammifères, microorganismes du sol, etc.). PIMENTEL D., ACQUAY H., BILTONEN M., RICE P., SILVA M., NELSON J., LIPNER V., GIORDANO S., HOROWITZ A., D’AMORE M., 1992. Environmental and Economic Costs of Pesticide Use. BioScience, vol.42, n°10, 750-760.
  • Etat des lieux des pesticides de synthèse. BOUGUERRA M.L., PHILOGENE B., 1994. Environnement en milieu tropical. Pesticides synthétiques et pesticides naturels. Editions Scientifiques Techniques et Médicales, Paris, 175-177.
  • Etude de l’effet d’un pyréthrinoïde sur les prédateurs des acariens. Elle prouve que les pesticides peuvent créer des déséquilibres entre populations d’insectes.
    PROVOST C., CODERRE D., LUCAS E., CHOUINARD G., BOSTANIAN N.J., 2003b. Impact d’une dose sublétale de lambda-cyhalothrine sur les prédateurs intraguildes d’acariens phytophages en vergers de pommiers. Phytoprotection, 84, 105-113.
  • Même type d’étude que la précédente menée auprès des prédateurs naturels des mites. PROVOST C., CODERRE D., LUCAS E., BOSTANIANN.J., 2003a. Impact of lambda-cyhalothrin on intraguild predation among three mite predators. Environmental Entomology, 32, 256-263.
  • Texte datant de 1996 qui expose les dangers liés aux pesticides pour les pollinisateurs. Elle met ensuite l’accent sur l’importance de ces derniers et sur les conséquences néfastes liées à leur disparition. TASEI J.N., 1996. Impact des pesticides sur les abeilles et autres pollinisateurs. Courrier de l’environnement de l’Inra, n°29, 18p.
  • Document présentant de manière simple et claire les différents organismes du sol ainsi que leur rôle et leur importance. BLANCHART E., LAVELLE P., RICHAUME-JOLION A., BERTHELIN J., GROLLEAU G., DE CARA S., 2010. La vie cachée des sols : L’élément essentiel d’une gestion durable et écologique des milieux. 19p.
  • Etude prouvant que les vers de terre se portent mieux dans les bandes enherbées de cultures en protection intégrée qu’en cultures conventionnelles. BROWN R.W., 1999. Grass margins and earthworm activity in organic and integrated systems. Aspects of Applied Biology, 54, 207-210.
  • Etude qui prouve que les populations de vers de terre et que le nombre d’espèces présentes sont plus importantes dans un sol de culture bio. PFIFFNER L., MÄDER P., 1997. Effects of biodynamic, organic and conventional production systems on earthworm populations. Biological Agriculture and Horticulture, 15, 3-10.
  • Rapport d’une expérimentation qui a prouvé la présence d’une plus grande diversité d’espèces d’araignées dans les champs d’agriculture biologique. BASEDOW T., 1998. The species composition and frequency of spiders (Araneae) in fields of winter wheat grown under different conditions in Germany. Journal of Applied Entomology, 122, 585-590.
  • Etude qui prouve que le nombre d’espèces de scarabées est plus important dans des cultures de tomates biologiques que dans les conventionnelles. CLARK M.S., 1999. Ground beetle abundance and community composition in conventional and organic tomato systems of California’s Central Valley. Applied Soil Ecology, 11, 199-206.
  • Etude qui prouve que la variété d’espèces d’arthropodes est plus importante dans les cultures de carottes bios que dans les conventionnelles. BERRY N.A., WRATTEN S.D., MCERLICH A., FRAMPTON C., 1996. Abundance and diversity of beneficial arthropods in conventional and “organic” carrot crops in New Zealand. New Zealand Journal of Crop and Horticultural Science, 24(4), 307-323.
  • Recueil d’études scientifiques comparant agriculture bio et conventionnelle, leurs effets sur les organismes et microorganismes du sol, sur la flore, sur les mammifères, sur les oiseaux, etc. HOLE D.G., PERKINS A.J., WILSON J.D., ALEXANDER I.H., GRICE P.V., EVANS A.D., 2004. Does organic farming benefit biodiversity? Biological Conservation, 122, 113-130.

 

Les enjeux de l’innovation agrochimique

  • Chapitre d’une étude très détaillée de l’Inra concernant les pesticides. Il donne l’historique et les chiffres clefs concernant l’utilisation des pesticides et le rôle ambigu du conseil dans ce domaine. BENOIT M., BONICELLI B., GUICHARD L., DELORME R., FALOYA V., RUELLE B., 2005. Chapitre 2 : Connaissance de l’utilisation des pesticides. Pesticides, agriculture et environnement. Expertise scientifique collective, INRA et Cemagref (France), p 61.
  • Article scientifique sur la mise en place d’un nouvel insecticide et sur la mise en place rapide de résistances. Analyses et courbes intéressantes sur l’évolution de l’innovation dans l’agrochimie, notamment pour la mise sur le marché de nouvelles substances actives (coût, durée de vie..) SPARKS T.C., 2013. Insecticide discovery : an evaluation and analysis. Pesticide Biochemistry and Physiology, 107, 8-17.
  • Etude qui explique pourquoi les pesticides continuent à être autant utilisés par les agriculteurs malgré tous leurs impacts néfastes sur l’environnement. Explication du lock in. WILSON C., TISDELL C., 2001. Why farmers continue to use pesticides despite environmental, health and sustainability costs. Ecological Economics, 39, 449-462.
  • Article du Monde à propos des investissements réalisés par Monsanto dans le biocontrôle. GIRARD L., 2014. Les géants de l’agrochimie misent sur les alternatives aux pesticides. Le Monde.