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Pesticides

Pesticides : le rapport de POLLINIS sur l’exposition des eurodéputés

POLLINIS publie en octobre 2022 un rapport décrivant l'exposition des eurodéputés aux pesticides. Basé sur les résultats de tests cheveux prélevés à Bruxelles sur 44 personnes dont 30 députés européens, des scientifiques et des journalistes, il démontre encore une fois l'omniprésence des pesticides dans l'environnement et les organismes.

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Date : 4 novembre 2022

En juin 2022, POLLINIS a organisé une campagne de tests cheveux auprès de 44 personnes, dont 30 eurodéputés, des journalistes et des scientifiques, afin de détecter la présence de 62 pesticides, parmi lesquels des herbicides, des insecticides, des fongicides et des produits multi-usages. POLLINIS a compilé les résultats de ces tests dans un rapport qui met en évidence l’omniprésence des pesticides dans l’environnement, leur persistance, et les risques de cette exposition généralisée pour la santé humaine.

Les résultats de l’étude

Dans le cadre de cette étude, POLLINIS a prélevé des mèches de 3 cm au minimum sur l’ensemble des participants. Les prélèvements anonymisés ont été envoyés au laboratoire indépendant IRES – Kudzu Science de Strasbourg, qui a procédé à leur traitement et à leur analyse.

Sur les 62 pesticides recherchés, 27 ont été retrouvés dans les échantillons analysés, dont douze insecticides, dix fongicides, quatre herbicides et un produit multiusage. 91 % des 44 échantillons comportaient des résidus d’un pesticide au moins, et 86 % présentaient des concentrations jugées élevées d’au moins un pesticide, selon les données statistiques du laboratoire.

Graphique des résultats des tests cheveux des députés européens
Le produit le plus relevé, dans 61 % des échantillons, est le 4,4-DDE, un métabolite du DDT, ou matière active issue de sa dégradation

 

Les 3 pesticides les plus relevés (4,4-DDE, allethrine, transfluthrine) sont des insecticides interdits au sein de l’Union européenne. Interdite en usage agricole, la transfluthrine peut cependant se retrouver dans certains insecticides domestiques. Le 4,4-DDE est la molécule issue de la détérioration du DDT (métabolite), un insecticide particulièrement toxique pour les abeilles et les pollinisateurs interdit depuis 1978, et particulièrement persistant. Ce pesticide comme son métabolite (molécule tirée de sa dégradation) sont aussi des perturbateurs endocriniens.

Contamination généralisée

Utilisés de manière massive par l’agriculture conventionnelle depuis des décennies, les pesticides se retrouvent aussi dans de nombreux produits domestiques : traitements du bois, anti-moustiques, produits vétérinaires, anti-mites, produits de jardinage… La contamination de l’environnement  entraine une exposition inévitable des populations, par ingestion (eau, alimentation), par inhalation (air) ou par contact (peau).

Pour mener cette étude, les scientifiques de POLLINIS ont opté pour la méthode du prélèvement de cheveux ou de poils, une des plus simples et des moins invasives pour détecter la présence de pesticides dans l’organisme. En effet, pendant leur croissance, les cheveux sont irrigués de sang et incorporent les polluants dans leur structure. Cette méthode permet notamment de :

  • Détecter les composants « parents » d’un pesticide ainsi que ses métabolites ;
  • d’établir un lien direct entre les concentrations de pesticides détectées et le niveau d’exposition : la présence de pesticides dans les cheveux n’est pas affectée par les variations à court terme de l’exposition (comme dans le sang ou l’urine).

Cette méthode a aussi permis de mettre en évidence la présence de « traces » de certaines substances dans les échantillons, c’est-à-dire la présence de résidus de pesticides en quantités situées en dessous des seuils de quantification.

Plusieurs des pesticides recherchés dans le cadre de l’étude sont des perturbateurs endocriniensUn perturbateur endocrinien est une substance qui altère le fonctionnement du système endocrinien, constitué des organes en charge de la production d’hormones., leur action – même à très faible dose – peut entrainer des effets particulièrement néfastes pour la santé humaine. À cause de leur propriété de « dose-réponse non monotone », les perturbateurs endocriniens agissent de manière non linéaire. Ainsi, un perturbateur endocrinien peut selon les cas être sans effet même à forte concentration, et avoir une activité à très faible dose.

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