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Conserver les pollinisateurs

Dans le parc de la Vanoise, POLLINIS lance un recensement des pollinisateurs sauvages

Piloté par l'entomologiste Ben Woodcock, le recensement des pollinisateurs sauvages du parc national de la Vanoise compte documenter la diversité et l'abondance des pollinisateurs sauvages dont les abeilles, les syrphes et les papillons de jour dans cette aire protégée. Les premières observations laissent à penser que le déclin des pollinisateurs affecte aussi les territoires préservés.

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Date : 17 novembre 2021

Le déclin inexorable des abeilles et des pollinisateurs est documenté par de multiples études scientifiques depuis une dizaine d’annéesSánchez-Bayo, Wyckhuys, 2019, Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers. Biological Conservation. Mais dans les zones protégées destinées à préserver la biodiversité, comme les parcs régionaux ou nationaux, l’état des lieux des populations d’insectes butineurs est encore largement méconnu.

En 2017, une étude s’appuyant sur des données de terrain recueillies depuis 1989 dans 63 aires protégées en Allemagne montre pour la première fois que la biomasse des insectes volants avait reculé de 76 % en 27 ansHallmann et al., 2017. More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas. PLoS ONE.. Pour les chercheurs qui ont mené cette étude, ces observations semblent pouvoir être extrapolées à certains pays aux pratiques agricoles proches – dont la France. Mais aucune étude de terrain n’a pour l’heure vérifié ce constat dans l’hexagone.

Parc national de la Vanoise

Les syrphes sont une des trois familles de pollinisateurs sauvages du parc de la Vanoise étudiées dans le cadre de l’étude de POLLINIS. ©Ph.Besnard/POLLINIS

Pour remédier à ce vide scientifique, POLLINIS lance une étude destinée à recenser l’abondance et la diversité des insectes pollinisateurs dans le parc national de la Vanoise. Au-delà de l’exercice d’inventaire, cette étude permettra surtout de comprendre les facteurs qui influencent l’évolution des populations à l’intérieur du parc, comme les activités humaines, et de mieux protéger à l’avenir ces pollinisateurs sauvages.

Cet espace préservé, situé au cœur des Alpes, offre un écrin protecteur aux pollinisateurs sauvages et à l’ensemble de la biodiversité alpine. Mais il n’échappe pas aux conséquences complexes et multiples de l’anthropisation (pratique du pâturage, urbanisation croissante, expansion des activités touristiques telles que le ski, etc.)

Afin de déterminer si les insectes sont également en déclin dans ce territoire préservé, POLLINIS a confié au scientifique Ben Woodcock, entomologiste au UK Center of Ecology and Hydrology (UKCEH), le soin de diriger cette étude inédite.

Trois méthodes complémentaires

Les insectes pollinisateurs seront recensés trois fois par an (au printemps, en été et à l’entrée de l’automne), à l’aide de deux méthodes complémentaires : un relevé réalisé directement au filet sur les fleurs butinées, des coupelles colorées installées pour recueillir d’autres spécimens, puis à partir de 2022 une troisième méthode – des maisons à insectes – sera également utilisée.

Ce travail sera répété pendant deux ans sur l’ensemble des dix sites sélectionnés parmi différents milieux (naturel, semi-naturel, urbanisé ou agricole), où les conséquences des activités humaines sont variables. Un choix qui permettra d’obtenir un échantillonnage robuste de la diversité et de l’abondance des abeilles sauvages (Hymenoptères Apoïdes), des papillons rhopalocères (papillons de jour) et des syrphes (Diptères, groupe des « mouches »), les trois familles d’insectes ciblées par l’étude.

Le choix de ces trois taxonsLe taxon est une unité quelconque (genre, famille, espèce, sous-espèce, etc.) des classifications hiérarchiques des êtres vivants., les plus largement étudiés à l’échelle européenne, permettra d’assurer leur identification. En outre, les résultats des collectes pourront aussi être plus facilement comparés avec ceux d’autres études menées à l’échelle européenne, notamment dans le cadre du programme européen de suivi des pollinisateursCe programme établit un cadre et des méthodes standardisées pour assurer le suivi de certains pollinisateurs dans toute l’Union européenne.EU pollinator monitoring sheme, auquel POLLINIS participe pour la France.

Parc national de la Vanoise
Sur ce site du parc naturel de la Vanoise, pâturé par des troupeaux de vaches, les relevés démarrent : des coupelles colorées ont été placées pour recueillir les insectes présents. ©Ph.Besnard/POLLINIS

En juin 2021, les premiers relevés d’insectes ont démarré dans le parc, sous la houlette d’Hugues Mouret, naturaliste, entomologiste et directeur scientifique d’ArthropologiaArthropologia est une organisation naturaliste qui mène des actions en faveur de la biodiversité. , ainsi que Frédéric Vyghen, entomologiste et chargé d’études dans la même organisation. En dépit de la beauté et de la richesse des paysages, la baisse de la biodiversité semble réelle. « Mais où sont les insectes ? », s’interroge Hugues Mouret.

Pour l’heure, les premiers relevés ont permis de constater une abondance d’insectes pollinisateurs communs dans les zones urbanisées. À l’inverse, les zones les plus sauvages recèlent une abondance moindre, mais des familles d’insectes plus rares qu’en ville. Des premières observations qui seront explicitées lors de la deuxième vague de collecte, prévue à partir du printemps 2022.


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