PESTICIDES génétiques ARNi : L'agrochimie étoffe son arsenal mortifère

Le contexte

Alors que l’application massive de pesticides chimiques est une des causes principales de l’extinction des insectes pollinisateurs, la réduction de leur usage s’invite dans de nombreux agendas politiques. La recherche d’alternatives à ces produits a débouché sur le développement de pesticides génétiques, comme par exemple les pesticides à interférence ARN (ARNi). 

Issus des avancées récentes en matière d’ingénierie génétique, ces nouveaux pesticides génétiques neutralisent l’expression de gènes vitaux chez les insectes ravageurs pour les éliminer. Parmi les modes de diffusion de ces pesticides, la méthode la plus aboutie est actuellement celle des plantes génétiquement modifiées pour transmettre l’ARN interférent par les feuilles, le pollen1 ou la sève2. Le premier pesticide ARNi approuvé par l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis) est ainsi le maïs MON 8741134 de Bayer-Monsanto*, tolérant au glyphosate et ciblant la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera), qui ravage les cultures du céréale.

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Le problème

Si le manque de recherches indépendantes et de protocoles d’évaluation empêche d’établir une vision précise de l’impact environnemental de ces produits, de premières études ont déjà mis en évidence leurs potentiels effets hors cibles. En éliminant les insectes indésirables pour l’activité agricole, les pesticides ARNi pourraient en effet affecter des insectes non-ciblés comme des auxiliaires de culture, dont les pollinisateurs. 

Des essais en laboratoire ont ainsi mis en évidence l’incidence significative d’un ARN double brin (la substance active des pesticides ARNi) ciblant la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera) sur deux espèces de coccinelles : Adalia bipunctata, et Coccinella septempunctata – à des doses toutefois supérieures à celles attendues en plein champ6. En 2017, une étude menée par deux chercheurs nord-américains a également permis d’identifier 101 ARNs à visée insecticide présentant une grande similarité de séquence avec des régions génomiques de l’abeille à miel (Apis mellifera).7

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Les solutions

Alors que les effets potentiels des pesticides ARNi sur l’environnement ou la santé ne sont pas assez évalués, POLLINIS demande aux dirigeants français et européens de les écarter immédiatement du marché. L’association a en ce sens alerté des Parlementaires français et européens, et demandé des comptes auprès de la Commission européenne, des agences sanitaires (EFSA, Anses) et les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement de l’Hexagone. 

Plusieurs députés de France et de l’Union européenne se sont ainsi saisis de la question, exigeant des réponses au gouvernement français et à la Commission européenne au sujet des essais en plein champ menés dans l’Union. 

L’association exhorte ainsi la Commission européenne, le Parlement européen et les Etats-membres de l’Union à :

  • Appliquer strictement le principe de précaution en l’attente d’une évaluation indépendante de leurs risques pour les pollinisateurs, la biodiversité et les écosystèmes ;
  • Établir un moratoire immédiat sur les essais en plein champ de pesticides ARNi.

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