Conserver les pollinisateurs
consultation sur la biodiversité : Les réponses et explications de POLLINIS
La consultation sur la biodiversité lancée par le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, donne l’occasion aux citoyens d’exprimer leurs inquiétudes concernant l’érosion de la biodiversité à laquelle nous faisons face, en particulier en ce qui concerne les insectes pollinisateurs. Elle permet aussi de proposer des idées et des projets.
Cette consultation donne l’occasion aux citoyens d’exprimer leurs inquiétudes concernant l’érosion de la biodiversité à laquelle nous faisons face, en particulier en ce qui concerne les insectes pollinisateurs, et concernant l’impact des systèmes agricole et alimentaire sur la biodiversité, et par conséquent sur nous. Elle permet aussi de proposer des idées, des projets, des solutions concrètes pour mieux protéger la biodiversité existante, et favoriser son développement.
C’est notre droit et notre devoir à tous et à toutes d’exprimer nos besoins et nos attentes, en tant que citoyen.ne.s concerné.e.s par ces thématiques, afin d’encourager les politiques à agir.
Toutefois, le processus proposé peut s’avérer long et concerne de très nombreuses thématiques. POLLINIS vous invite donc à cibler les thématiques qui concerne ses combats, et à vous appuyer sur nos propositions de contributions pour rédiger les vôtres.
Comment participer ?
Pour participer à la consultation :
Cliquez sur ce lien . Créez votre compte puis cliquez sur l’onglet « Participer »
La consultation est composée de 5 rubriques thématiques :
- Qualité de vie et santé
- Produire et consommer
- Nature et territoires
- Engager la société
- Action internationale
Sélectionnez la thématique, puis la question, auxquelles vous souhaitez contribuer. Cliquez ensuite sur l’onglet « Ajouter ma contribution » : un champ apparaît, dans lequel vous pouvez rédiger votre contribution.
Vous pouvez rédiger la contribution que vous souhaitez, ou bien vous appuyer sur les propositions de contributions POLLINIS. Attention : votre contribution doit faire 1000 caractères au maximum.
Cliquez ensuite sur l’onglet « valider » pour voir apparaître votre contribution.
SI VOUS DISPOSEZ DE PEU DE TEMPS, vous pouvez également participer en votant pour les contributions de POLLINIS. Pour cela, vous devez trier les résultats par ordre chronologique inversé, puis repérer les contributions POLLINIS. Il vous suffit ensuite d’ajouter votre voix à la contribution POLLINIS, en cliquant sur l’onglet « + » vert (et en ajoutant éventuellement un commentaire) :
Propositions, contributions de POLLINIS
QUALITÉ DE VIE ET SANTÉ
1) QUESTION : Que vous soyez en ville ou à la campagne, estimez-vous qu’il y a suffisamment d’espaces naturels dans votre environnement quotidien et qu’ils sont faciles d’accès ? Sinon, que préconiseriez-vous pour améliorer la situation ?
POLLINIS : Nous manquons d’espaces naturels aux ressources florales diversifiées et préservés des pesticides. Mettons en oeuvre les trames vertes et bleues pour créer de nouveaux espaces naturels à l’échelle des territoires, connecter les habitats en milieux rural et urbain et assurer la continuité des écosystèmes.
2) QUESTION : Connaissez-vous les services rendus par la nature, notamment en matière d’adaptation aux effets du changement climatique (hausse du niveau des océans, tempêtes, inondations, cyclones…) ?
POLLINIS : la pollinisation est un service rendu gratuitement par les écosystèmes : par le brassage génétique des plantes qu’elle assure, elle permet une meilleure adaptation des plantes aux changements climatiques, une plus grande résilience, et augmente même les rendements et la qualité nutritionnelle des productions (Bommarco et al., 2012.link.springer.com.
3) QUESTION : Pensez-vous que la nature et la biodiversité ont un effet sur votre santé ? Quelles actions devraient être mises en œuvre pour améliorer les bienfaits ?
POLLINIS : La biodiversité, et en particulier le service de pollinisation assuré par de nombreux insectes, permet d’augmenter la valeur nutritionnelle des productions agricoles Bartomeus et al., 2014peerj.com. Interdire l’usage des pesticides pour préserver le service de pollinisation, c’est assurer une meilleure qualité nutritionnelle de notre alimentation.
PRODUIRE ET CONSOMMER
1) QUESTION : Etes-vous prêts à produire ou consommer différemment et, si oui, à quelles conditions ? Quelles mesures d’accompagnement attendez-vous pour y parvenir ?
POLLINIS : Oui, à condition que cela ne représente pas un surcoût et que le choix d’une consommation plus écologique soit accessible à tous et à toutes. Cela passe par une meilleure orientation des subventions à l’agriculture : favoriser les productions respectueuses de la biodiversité et intégrer le coût des externalités négatives au prix des produits.
2) QUESTION : Pensez-vous nécessaire d’aider les agriculteurs à changer leurs pratiques et à adopter des méthodes plus respectueuses de la biodiversité, telles que l’agro-écologie ? Que proposez-vous concrètement ?
POLLINIS : Oui. Le déclin des pollinisateurs est un symptôme emblématique des problèmes liés au modèle agricole dominant : monocultures, pesticides et engrais chimiques, hyper-mécanisation. Pour les protéger, la sortie des pesticides de synthèse, le maintien et la création d’habitats semi-naturels fleuris pour les pollinisateurs et une aide aux conservatoires botaniques serait un premier pas.
3) QUESTION : Faut-il accompagner les entreprises pour qu’elles contribuent à la préservation de la biodiversité et à la gestion durable des ressources naturelles ? Si oui, comment ?
4) QUESTION : 80 % des déchets retrouvés en mer et sur le littoral proviennent d’activités humaines s’exerçant à terre et la grande majorité de ces déchets sont en plastique. Pour lutter contre ces pollutions qui nuisent directement aux espèces et aux habitats, quelles mesures mettriez-vous en œuvre ?
5) QUESTION : D’après vous, comment la biodiversité peut-elle être source de développement économique ?
POLLINIS : Plutôt que de créer un marché de la biodiversité, préservons des services rendus par les écosystèmes. Rendre payant un service naturellement gratuit est inacceptable ! De plus, on ne peut proposer des services aussi performants que ceux rendus par les écosystèmes. Par exemple, la vente d’auxiliaires des cultures, de végétaux non adaptés au territoire (cas des espèces invasives) ou la location de ruches pour polliniser des monocultures d’amandiers, n’est durable ni pour les agriculteurs, ni pour les citoyens.
6) QUESTION : Quelle est votre appréciation du cadre législatif et réglementaire actuel de protection de la biodiversité ? Rencontrez-vous des difficultés dans son application ? Que préconisez-vous pour l’améliorer ?
POLLINIS : Le cadre est insuffisant, et les outils de mise en oeuvre des politiques de protection de la biodiversité, sauvage, ordinaire ou cultivée, manquent cruellement. En témoigne les difficultés rencontrées lorsqu’il s’agit de protéger les espèces locales à travers un statut juridique particulier, comme pour l’abeille noire.
NATURE ET TERRITOIRES
1) QUESTION : Le déclin des insectes volants (y compris des abeilles) et des oiseaux dans les campagnes sont des symboles de la crise de la biodiversité. Qu’en pensez-vous et comment proposeriez-vous d’agir face à ce constat ?
POLLINIS : Le déclin des insectes pollinisateurs est lié à l’utilisation de pesticides et la perte d’habitats semi-naturels (haies, prairies) en milieu agricole. Pour enrayer ce déclin, une sortie rapide et ferme des pesticides chimiques de synthèse est indispensable, ainsi que la création d’infrastructures agro-écologiques pour fournir l’habitat et la ressource florale nécessaire aux insectes. Le coût de la perte du service de pollinisation s’élèverait à 5,3 milliards d’euros pour la France Rapport du CGDD 2016lafranceagricole.fr.
2) QUESTION : Que faut-il faire selon vous pour éviter la disparition des espaces naturels et agricoles (artificialisation des sols) ?
3) QUESTION : Dans quels domaines vous semble-t-il urgent d’agir pour protéger la biodiversité près de chez vous ?
POLLINIS : Il est urgent de se concentrer sur la protection des pollinisateurs sauvages. Les insectes participent à la pollinisation de plus de 75 % des espèces cultivées (soir 35 % du volume de notre alimentation Klein et al., 2007
rspb.royalsocietypublishing.org. En France, plus de 80 % des plantes à fleurs dépendent de la pollinisation entomophile, et 85 % de ce service est assuré par les pollinisateurs sauvages. Les collectivités et les politiques agricoles doivent s’affranchir des pesticides de synthèse et encourager le maintien et la création d’habitats semi-naturels pour les pollinisateurs et la biodiversité en général.
4) QUESTION : Comment la biodiversité peut-elle être un atout pour les territoires ?
POLLINIS : La valeur économique du service de pollinisation est estimé à 5,3 milliards d’euros pour la France. Ce service, effectué par les pollinisateurs sauvages et domestiques, est à l’origine de revenus directs et d’emplois non délocalisables. Au niveau territorial, les activités agricoles mais aussi les paysages, le patrimoine naturel et le tourisme reposent sur le service de pollinisation, dont dépendent les plantes locales et les paysages. Enfin, l’abeille et les insectes pollinisateurs revêtent depuis des millénaires un aspect symbolique et culturel pour l’Homme.
5) QUESTION : Les outils à destinations des élus pour agir sont-il suffisants et adaptés ? Quels sont les principaux blocages et leviers pour favoriser l’action locale ?
POLLINIS : Les outils existants, Trames Vertes et Bleues, Projets Alimentaires Territoriaux, ne sont pas suffisamment mis en oeuvre et manquent de financements. Par ailleurs, des politiques nationales suffisamment contraignantes (sur la sortie des pesticides de synthèse ou la création d’infrastructures agro-écologiques par exemple) sont indispensables pour encourager les territoires à tester et mettre en oeuvre des alternatives et un niveau suffisant d’habitats pour les écosystèmes.
6) QUESTION : Pensez-vous que l’Etat et les collectivités devraient créer plus d’espaces naturels protégés en France (métropole et Outre-mer) ?
POLLINIS : Oui, et ce pour proposer davantage de bassin de biodiversité, qu’il faudra ensuite relier via la mise en place de corridors écologiques, afin de créer un maillage continu sur l’ensemble du territoire français.
ENGAGER LA SOCIÉTÉ
1) QUESTION : Les connaissances relatives à la biodiversité sont-elles suffisamment partagées avec les citoyens et les décideurs ? Comment ce partage pourrait-il être amélioré ?
POLLINIS : Les décideurs doivent impliquer davantage et de façon systématique la société civile, et notamment les ONG environnementales qui travaillent sur les questions biodiversité, à s’exprimer et soumettre des propositions.
2) QUESTION : Les enseignements en école primaire, au collège, au lycée et dans l’enseignement supérieur prennent-ils suffisamment en compte la connaissance et les enjeux en matière de biodiversité ? Pourquoi ?
POLLINIS : L’enseignement agricole et dans les grandes écoles (en particulier d’ingénieurs agronomes) ne tient pas suffisamment compte de la biodiversité et des services environnementaux, qui sont pourtant des piliers de l’agroécologie. Il est indispensable d’intégrer davantage la biodiversité et l’écologie dans l’enseignement, pour une meilleure connaissance de la vie des sols, des auxiliaires naturels et des pollinisateurs.
3) QUESTION : Individuellement et collectivement, comment faire en sorte que les citoyens s’engagent en faveur de la préservation de la biodiversité ?
POLLINIS : En obligeant à plus de transparence sur les modes de production (nombre de traitements aux pesticides par exemple) et en internalisant dans le prix des produits leurs coûts cachés (emballages, pollutions, déforestation), les citoyens pourraient non seulement avoir accès à l’information nécessaire pour un choix de consommation éclairé, mais aussi à des produits écologiques moins chers que leurs homologues produits dans des conditions non durables et respectueuses de la biodiversité.
4) QUESTION : Quels engagements du quotidien seriez-vous prêts à prendre pour protéger notre patrimoine naturel ?
5) QUESTION : Quelles sont, selon vous, les trois décisions prioritaires à prendre pour protéger la biodiversité française ?
POLLINIS : Interdire l’usage de pesticides chimiques de synthèse, créer et restaurer des habitats pour la biodiversité en formant un maillage territorial (Trames vertes et bleues), protéger les espèces végétales et animales locales, sauvages et domestiques, en reconnaissant leur statut et en encourageant le travail des conservatoires botaniques ou d’abeilles noires, par exemple.
ACTION INTERNATIONALE
1) QUESTION : Que pourraient davantage faire les États et les organisations internationales pour assurer la protection des océans ?
POLLINIS : Sortir des pesticides et des engrais chimiques de synthèse permettrait non seulement un pas dans le sens de la protection des océans mais aussi pour les cours d’eau et les nappes d’eau souterraines. L’enjeu de l’eau est à prendre dans sa globalité.
2) QUESTION : Quel rôle voyez-vous pour la France dans la lutte contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages ?
3) QUESTION : La France a-t-elle un rôle à jouer au niveau international pour protéger les derniers grands singes vivant à l’état sauvage, dans les forêts d’Afrique et d’Asie du Sud-Est ?
4) QUESTION : Sachant que la consommation en France de certains produits peut contribuer à la déforestation à l’autre bout du monde s’ils ne sont pas produits durablement (par exemple : huile de palme, bœuf, cuir, soja, cacao, bois tropicaux…), que seriez-vous prêt à faire pour lutter contre cette déforestation importée ? Quelles mesures mettriez-vous en œuvre ?
POLLINIS : En plus d’être un habitat favorable aux pollinisateurs, les prairies à base de légumineuses permettent de gagner en autonomie alimentaire et de limiter les importations de soja issues de la déforestation. Elles permettent aussi de régénérer les sols et d’apporter des intrants (notamment l’azote) de manière naturelle.
5) QUESTION : Quelles autres mesures la France devrait-elle défendre aux niveaux européen et international pour lutter contre l’érosion de la biodiversité et mieux protéger les écosystèmes et les espèces ?
POLLINIS : ajouter les pollinisateurs, qu’ils soient « communs » ou « rares », sur les listes d’espèces menacées (IUCN).
BIBLIOGRAPHIE :
[1] Bommarco R, Marini L, Vaissière B (2012) Insect pollination enhances seed yield, quality, and market value in oilseed rape. Oecologia: 1–8.
[2] https://peerj.com/articles/328/
[3] http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14620316.1999.11511077 Wallace HM, Lee LS (1999) Pollen source, fruit set and xenia in mandarins J Hortic Sci Biotech. 74: 82–86.