Restaurer les paysages
Dans la Beauce, la biodiversité revient grâce aux haies plantées par POLLINIS
Plus de deux ans après les premiers coups de pioche, les rangées d’arbres et arbustes plantées sur l’exploitation de Fabien Perrot dans la Beauce ont bien poussé. Les 750 mètres de haies financés en totalité par les sympathisants de POLLINIS ont permis de ramener toutes sortes d'insectes, d'oiseaux et de petits mammifères dans ces champs.
En janvier 2019, les premiers pieds d’arbres et arbustes plantés sur l’exploitation beauceronne de Fabien Perrot ne mesuraient alors pas plus d’une trentaine de centimètres. Deux ans et demi plus tard, à la fin de l’été 2021, certains dépassaient les six mètres, comme les saules et les merisiers, des essences à croissance rapide. « Les arbres et arbustes poussent très bien, on constate un taux de reprise entre 90 et 95 % », se félicite l’agriculteur qui a bénéficié de l’aide de POLLINIS et des dons des sympathisants de l’association pour planter ces haies sur deux mètres de large et 750 mètres de long.
Et les premiers signes d’un retour de la biodiversité au sein de ces paysages agricoles inhospitaliers se font sentir. « On observe la présence de toute une faune qu’on ne voyait plus avant : de nombreux oiseaux, comme les cailles, les faisans et les perdrix, sont revenus dans les champs. Cela veut donc dire qu’il y a beaucoup plus d’insectes également, cela fait une vraie différence par rapport aux champs en monoculture », détaille Fabien Perrot.
Les arbres plantés sur l’exploitation beauceronne grâce aux dons des sympathisants de POLLINIS en 2019 se portent bien. ©Fabien Perrot
Des arbres locaux favorables aux insectes
Pour composer les nouvelles haies, le bureau d’études spécialisé en agroforesterie AGROOF a sélectionné une quarantaine d’essences : des alisiers, des cormiers, des érables, des cerisiers, des merisiers, des ormes, des noyers, des pommiers sauvages, des tilleuls, des charmes, ainsi que des essences locales adaptées aux conditions pédo-climatiques régionales, et particulièrement favorables à la biodiversité. Amélanchiers, cerisiers, cornouillers, fusains, groseilliers, ou encore troènes offrent maintenant le gîte et le couvert à toutes sortes d’insectes qui viennent y nicher et s’y nourrir.
Les végétaux à tige creuse ou à moelle offrent les cavités nécessaires à la nidification de certains insectes et leur floraison étalée dans le temps assure aux pollinisateurs des réserves de nourriture abondantes toute l’année. Les arbres à croissance lente, dits « arbres d’avenir », fourniront du bois d’œuvre commercialisable pour l’agriculteur.
Conversion à l’agriculture biologique
Dans cette plaine de la Beauce, marquée par des paysages de monocultures à perte de vue, Fabien Perrot a pris le contrepied des pratiques agricoles conventionnelles. Depuis 2018, il a entamé la conversion en agriculture biologique de sa ferme de Germainville (Eure-et-Loir), où il cultive en rotation une vingtaine d’espèces de céréales et de légumes de plein champ (blé, épeautre, pommes de terre, haricots verts, haricots secs, lentilles, pois chiches etc.) couplé avec un élevage de vaches (Black Angus). Cette diversification agricole, associée à la plantation de haies, a rapatrié insectes, oiseaux et petits mammifères dans les parcelles auparavant désertées par la faune, et favorisé les auxiliaires de cultures, ces organismes vivants qui régulent les populations de ravageurs et préservent les plantations. « Bien sûr, on produit en moins grande quantité, explique l’agriculteur, mais la qualité est là et on vend nos produits plus cher. On a également moins de charges. L’avenir nous dira si c’était économiquement la bonne chose à faire, mais on ne fait pas ça que pour l’argent : il est clair que c’est bénéfique pour l’environnement et la biodiversité ».
L’agriculteur prévoit de planter entre trois à quatre kilomètres de haies supplémentaires dans son exploitation d’ici les trois prochaines années, et envisage de s’allier à des agriculteurs voisins afin de densifier le maillage de haies du territoire et créer ainsi de véritables corridors de biodiversité.