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Biotechnologies génétiques / Forçage génétique

Insectes « génétiquement forcés » : POLLINIS rappelle le principe de précaution

Répondant à une consultation de la Commission européenne, POLLINIS et douze organisations réclament la plus grande prudence quant à l’utilisation des nouvelles techniques de manipulation génétique du vivant et un confinement strict des abeilles et autres pollinisateurs expérimentaux que développe l’industrie.

Date : 12 mai 2020

POLLINIS et douze autres associations, institutions apicoles, universitaires et ONG* ont alerté la Commission européenne sur les risques majeurs et irréversibles que ferait courir une dissémination dans la nature d’abeilles et autres insectes OGM issus d’une nouvelle technique appelée forçage génétique.

Interrogé dans le cadre d’une consultation restreinte de 107 organisations européennes, le groupe mené par POLLINIS a ainsi pu s’exprimer d’une même voix, et faire remonter ses inquiétudes auprès de la Commission européenne, chargée par le Conseil de l’Union européenne de réaliser une étude sur ces techniques génomiques encore méconnues.

pollinisateurs fleurs

Des laboratoires sont d’ores et déjà en train de déposer des brevets liés au forçage génétique, qui ouvrent la voie à une privatisation et commercialisation du vivant.

Une réglementation qui date de 2001

La législation européenne actuelle concernant les OGM a été adoptée en 2001. Depuis, de nombreuses innovations ont vu le jour dans le domaine des manipulations génétiques, dont le « forçage génétique » (ou gene drive, en anglais), qui permet à un OGM de transmettre ses modifications à toute sa descendance et en quelques générations, à toute une population, voire toute une espèce, menant ainsi à l’éradication totale des individus naturels. Plantes, micro-organismes, animaux d’élevage ou sauvages, de multiples applications sont envisagées…

Les laboratoires ont d’ores et déjà commencé à déposer des brevets. Certains ont par exemple breveté des modifications du microbioteEnsemble des micro-organismes vivant dans un écosystème donné, par exemple l’estomac ou les intestins. d’abeilles, de papillons et de chauve-souris pour qu’ils puissent digérer certains pesticidesTestBiotech, 2020.‘Indirect’ genetic engineering of honey bees. D’autres préparent des insectes engendrant une descendance stérile afin d’éradiquer ces animaux supposés « nuisibles »US Patent.

POLLINIS s’inquiète de voir se multiplier de tels brevets qui mettent des insectes OGM au service d’un système agricole dont les pratiques (pesticides, destruction des habitats et des ressources florales…) contribuent justement à l’extinction en cours des insectes. Par ailleurs, ces brevets ouvrent la voie à une nouvelle privatisation et commercialisation du vivant, notamment des pollinisateurs qui fournissent gratuitement jusqu’ici ce service essentiel à la reproduction des plantes à fleurs.

Comme elle l’a fait récemment auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)Lire la dépêche de POLLINISEFSA ET INSECTES OGM ISSUS DU FORÇAGE GÉNÉTIQUE : LES TERMES BIAISÉS DU DÉBAT, POLLINIS avise enfin la Commission des risques environnementaux difficilement évaluables que font courir ces OGM issus du forçage génétique : déséquilibres des écosystèmes et des chaînes alimentaires, émergence de nouveaux pathogènes, prolifération de nouveaux ravageurs…

POLLINIS en appelle donc à un large débat scientifique, éthique et citoyen sur ce sujet, à un moratoire sur les essais en champs de tels insectes et à l’élaboration d’un guide de pratiques de laboratoire au niveau mondial et national – inexistant à ce jour – afin de limiter drastiquement le risque bien réel d’une libération accidentelle lors d’expérimentations confinées. La publication de l’étude de la Commission européenne est attendue pour avril 2021.

 

Les douze organisations participantes avec POLLINIS : SICAMM Holland-Marleen Boerjan and Alan Forskitt ; University of Galway – NIU Galway Ireland – Keith A. Browne (Researcher in Molecular Evolution in honey bees) ; Division of Apiculture – Hellenic Agricultural Organization DEMETER Greece – Fani Hatjina ; APIMONDIA – Bee Health Scientific Commission Greece – Fani Hatjina ; Norsk Brunbiesenter Norway – Anja Laupstad Vatland (Prosjektleder) ; OGM Dangers France – Hervé Le Meur ; Wild Bees Project France – Rosa Maria Licon Luna ; Norsk Brunbielag Norway: Lars Andreas Kirkerud (Biology of honeybees, morphometrics) ; Friends of the Earth Malta – Alexei Pace ; Faculty of Ecological Agriculture, University Educons from Sremska Kamenica Serbia – Slađan Rašić ; Aurelia Stiftung Germany – Johann Lütje Schwienhorst and Jan Hellberg ; Asociación de Apicultores de Gran Canaria, ApiGranca Spain – Antonio Quesada Quesada.