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Pesticides / Tests abeilles

Plan pollinisateurs et consultation publique : POLLINIS mobilise

Alors que le « Plan Pollinisateurs » du gouvernement est soumis à la consultation publique, POLLINIS dénonce les carences du volet pesticides et mobilise ses sympathisants. L'ONG demande notamment à ce que soit intégrée une mise à jour scientifique du système d’évaluation des risques liés aux pesticides, condition sine qua non pour que ce Plan ait le moindre impact sur le déclin en cours des pollinisateurs.

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Date : 20 juillet 2021

Le Plan Pollinisateurs du gouvernement, censé renforcer la protection de l’ensemble des pollinisateurs, a été soumis à une consultation publique du 28 juin au 20 juillet, afin que les citoyens puissent soumettre leur avis sur les mesures envisagées. Depuis la présentation de la première mouture de ce plan, en décembre 2020, POLLINIS n’a cessé de dénoncer l’insuffisance des mesures prévues pour protéger les pollinisateurs des pesticides, l’une des principales causes du déclin vertigineux de ces insectes. La version actuelle du texte ne comble pas cette lacune.

Abeille sur colza Tihomir Sokolov-Pixabay
Les horaires d’épandage aideront peut-être marginalement les abeilles domestiques, mais « l’arrêté abeilles » n’aura qu’un impact négligeable sur la sauvegarde des milliers d’espèces de pollinisateurs sauvages. ©T. Sokolov/Pixabay

L’action principale du gouvernement sur les pesticides se limite à une révision de l’« arrêté abeilles » du 28 novembre 2003, qui interdit les traitements insecticides et acaricides sur les cultures attractives pour les butineuses lors de la floraison. La révision de cet arrêté prévoit que l’ANSES, l’agence sanitaire française, réalise une évaluation des risques de l’ensemble des pesticides pour déterminer si leur utilisation ainsi limitée « entraîne une exposition négligeable des abeilles ou ne provoque pas d’effet inacceptable, aigu ou chronique, sur les abeilles ni d’effet sur la survie et le développement des colonies ».

Le texte ne donne aucune précision sur la nature (et donc la validité scientifique) des tests qui seront menés pour détecter la toxicité des pesticides. Il prévoit par ailleurs des délais extrêmement longs pour les réévaluations des pesticides : jusqu’à quatre ans pour un fongicide ou un herbicide, et potentiellement dix pour un insecticide. Plus problématique encore, un grand nombre de dérogations aux mesures restrictives sont également prévues….

Et les pollinisateurs sauvages ?

En cas d’impacts négatifs sur les colonies, l’utilisation d’un produit pourra être autorisée, mais uniquement en fin de journée, afin d’éviter la présence des abeilles domestiques. Le gouvernement ignore les pollinisateurs sauvages présents la nuit, qui seront de sortie durant les épandages, comme les papillons de nuit dont les populations sont en chute libre en Europe.

Le gouvernement semble aussi penser que les substances diffusées au coucher du soleil vont ensuite disparaître, sans contaminer durablement les plantes, les sols, les poussières, l’air et l’eau… Pourtant, les pollinisateurs, de jour comme de nuit, sont contraints d’évoluer dans des milieux durablement contaminés. C’est le cas des abeilles sauvages, par exemple, pour lesquelles de récentes études scientifiques soulignent qu’elle sont souvent bien plus vulnérables aux pesticides que les abeilles domestiquesPOLLINIS, 27 avril 2021.« L’abeille solitaire est plus sensible aux pesticides que les abeilles domestiques ».

Une mobilisation tous azimuts

Dès le mois de février, POLLINIS avait adressé aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique une série d’observations pour améliorer le Plan Pollinisateurs, en soumettant des propositions techniques précises pour que le processus d’évaluation soit mis à jour scientifiquement. En juin, près de 50 000 citoyens engagés auprès de l’association ont envoyé des messages à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, pour exiger des tests véritablement protecteurs pour les pollinisateurs en France. POLLINIS a également publié deux tribunes dans la presse pour demander au gouvernement français de s’engager réellement sur ce dossier.

Dans la nouvelle mouture du texte, le gouvernement évoque de façon floue une révision du système d’homologation des pesticides, sans préciser ses contours ni répondre aux questions de l’association. POLLINIS a donc lancé une campagne auprès de ses sympathisants pour maintenir la pression sur le gouvernement et obtenir une véritable réforme au niveau national du système d’évaluation des pesticides. Sans quoi le Plan Pollinisateurs n’aura aucune efficacité pour enrayer la disparition en cours de ces insectes.

Des bugs à répétition

Mobilisés par POLLINIS, plus de 10 000 citoyens ont soumis leurs commentaires dans ce sens. Pourtant, la mobilisation a été freinée par des bugs récurrents sur le site de la consultation. Près de deux cent personnes ont signalé à POLLINIS des problèmes techniques, les empêchant de déposer leur avis. Les serveurs ministériels ont été vraisemblablement débordés par l’afflux de messages, et n’étaient visiblement pas prévus pour une participation aussi massive des citoyens. Une consultation publique incapable de faire face aux avis du public, donc… POLLINIS entend s’assurer que les avis qui ont pu être postés seront bien pris en compte.


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