Pesticides / Tests abeilles
POLLINIS demande au ministre de l’Agriculture des objectifs de protection solides
En amont d'une réunion des ministres de l’agriculture européens dans le cadre de la révision des « tests abeilles », POLLINIS adresse une lettre à Julien Denormandie pour que la France défende un taux de « mortalité acceptable » de seulement 7 % pour les abeilles confrontées aux pesticides.
Entamée en 2019, la révision des « tests abeilles » de l’Agence sanitaire européenne (EFSA), qui visent à évaluer la toxicité des pesticides sur les abeilles, entre dans une phase décisive. Lors d’une réunion du Conseil Agriculture et Pêche qui se déroulera les 28 et 29 juin prochains, les ministres de l’agriculture européens devront se prononcer sur le choix des « objectifs spécifiques de protection » pour les abeilles domestiques, soit la réduction maximale autorisée de la taille d’une colonie suite à l’exposition à un pesticide.
Il s’agit d’un choix crucial. Le taux de mortalité considéré comme acceptable aura un impact déterminant sur la protection des abeilles et de la biodiversité dans les prochaines années. Or l’issue de cette réunion reste très incertaine : alors que la France soutient un objectif protecteur de 7 % de réduction de la taille d’une colonie, d’autres États européens souhaitent élever ce chiffre à 23 %, un taux de mortalité extrêmement élevé, qui aurait des conséquences dramatiques sur les ruchers et permettrait le maintien sur le marché des pesticides toxiques pour les abeilles.
En amont de cette réunion européenne, POLLINIS a adressé une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour que le gouvernement français maintienne et défende cet objectif de 7 % lors du prochain Conseil. Seuls des objectifs de protection robustes permettront d’inverser les courbes de l’effondrement actuel des pollinisateurs.
POLLINIS soutient qu’une approche protectrice est indispensable, dans la mesure où l’exposition réelle aux pesticides que subissent les pollinisateurs est largement sous-estimée, les tests règlementaires menés actuellement ne reflétant pas la réalité du terrain. Un seuil de 7 % permettrait également d’identifier clairement les substances les plus nocives à éliminer en priorité dans le cadre de la nouvelle stratégie européenne « De la ferme à la fourchette », pour un système alimentaire durable.
POLLINIS appelle également le gouvernement français à défendre un objectif de protection de 5 % pour les bourdons et les abeilles solitaires, espèces sauvages sur lesquelles des tests de toxicité vont aussi être menés. Il est prévu que les taux de protection de ces pollinisateurs soient calculés à partir de ceux des abeilles domestiques, alors même que les populations d’abeilles solitaires s’avèrent encore plus vulnérables aux pesticidesPOLLINIS, 2021.« L’abeille solitaire est plus sensible aux pesticides que les abeilles domestiques ». Leurs objectifs de protection devraient donc être calculés indépendamment, et les données scientifiques actuelles montrent qu’un objectif de protection de 5 % serait adapté.
Une fois l’Union européenne dotée d’une règlementation en mesure d’écarter les pesticides les plus toxiques, il est indispensable de mettre aussi un terme à l’importation de denrées alimentaires ne respectant pas les standards européens. Le gouvernement français doit exiger qu’il soit mis fin à la tolérance actuelle dans ce domaine, et ce afin de préserver la santé des consommateurs et la compétitivité des agriculteurs européens. Le Parlement européen a fait une demande en ce sens, dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune.