Pesticides
POLLINIS propose des pistes au gouvernement pour renforcer le « Plan pollinisateurs »
Alors que le nouveau « Plan pollinisateurs » du gouvernement doit être finalisé, POLLINIS demande que l'évaluation du risque des pesticides pour les pollinisateurs soit alignée sur les connaissances scientifiques, une mise à niveau qui protégerait davantage les pollinisateurs des pesticides et encadrerait plus strictement les éventuelles dérogations.
Promis en août dernier pour « compenser » le retour temporaire des néonicotinoïdes, le « Plan pollinisateurs » du gouvernement a été présenté sous sa nouvelle version le 12 février par le ministère de la Transition écologique et de l’Agriculture.
Ce plan, destiné à renforcer la protection de l’ensemble des pollinisateurs, devait être mis en consultation publique fin 2020. Mais lors d’une première présentation au mois de décembre, une levée de boucliers des syndicats défendant l’agriculture conventionnelle a poussé le gouvernement à poursuivre la concertation avec les différentes parties prenantes.
Articulée autour de 6 axes, la nouvelle mouture du plan décline un florilège de mesures sur l’amélioration des connaissances sur les pollinisateurs, les leviers économiques d’accompagnement des agriculteurs et apiculteurs, l’accompagnement des autres secteurs d’activités, la préservation de la santé des abeilles, le partage des bonnes pratiques agricoles et surtout sur la réglementation pour la protection des pollinisateurs lors de l’application des pesticides.
Arrêté « abeilles »
C’est sur cet axe abordant la délicate question des pesticides que POLLINIS, membre du groupe de travail, a adressé aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique une série d’observations fin février, en amont de l’examen de la première version du plan par un comité de suivi.
Ce volet prévoit notamment un durcissement des règles encadrant l’épandage de pesticides sur les cultures attractives en floraison via la révision de l’arrêté « abeilles » du 28 novembre 2003. Le texte qui interdit les traitements insecticides et acaricides sur la période de floraison des cultures, pendant laquelle les abeilles et autres pollinisateurs viennent récolter le nectar et le pollen, pourrait voir son champ d’application étendu aux fongicides et aux herbicides. Une recommandation que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) avait déjà formulée dans un avis publié en 2019Protection des abeilles : renforcer l’évaluation des produits phytopharmaceutiques
Anses, 2019.
POLLINIS soutient cette mesure, mais estime que l’interdiction doit également être étendue à l’ensemble des pesticides systémiques, qu’ils soient utilisés en pulvérisation avant floraison ou en traitement de semences, ainsi qu’aux produits de biocontrôle à base de micro-organismes (champignons, bactéries, virus), tel que le recommande également l’ANSES.
Des dérogations peu encadrées
Enfin, l’arrêté « abeilles » prévoit des dérogations pour certains produits, jugés moins toxiques pour les abeilles. Mais les conditions d’octroi de ces dérogations doivent être renforcées. POLLINIS recommande donc que les tests réalisés pour attribuer ces dérogations soient actualisés pour prendre en compte les dernières connaissances scientifiques, comme le préconise d’ailleurs l’ANSES.
Pour garantir une évaluation du risque efficace, ces tests doivent inclure une évaluation de la toxicité chronique, larvaire et sublétaleEffets sublétaux : effets néfastes qui sur le long terme conduisent à la mort de l’abeille, en affectant son comportement et sa physiologie. des substances sur les abeilles. Afin de protéger les pollinisateurs sauvages, il est aussi indispensable d’inclure des tests de toxicité sur les bourdons et les abeilles solitaires, grands oubliés de l’évaluation des pesticides.
POLLINIS propose une approche intégrant tous les essais désormais validés ou en cours de validation, y compris les essais pour les bourdons et les abeilles solitaires, et préconise l’utilisation des valeurs seuils Niveaux à partir desquels les risques pour les pollinisateurs ne peuvent être écartés et des tests additionnels doivent être menés. établies par l’EFSA, l’autorité sanitaire européenne, en 2013.
Cette approche se fonde sur des bases scientifiques solides, élaborées, recommandées et/ou validées par les agences réglementaires. Et elle peut être appliquée immédiatement : son adoption relève désormais exclusivement de la volonté politique de faire évoluer les dispositions réglementaires et de tenir compte des dernières données scientifiques.
Le texte du « Plan pollinisateurs » fera l’objet d’une consultation publique qui devrait être lancée fin mars, avant une adoption prévue en mai. Alors que plus de 75 % de la biomasse des insectes volants a disparu en 30 ans, ce plan doit être l’occasion d’enrayer ce déclin dramatique en protégeant réellement les pollinisateurs des pesticides les plus toxiques.