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Pesticides / Néonicotinoïdes

Sulfoxaflor : L’EUROPE AUTORISE UN NOUVEAU PESTICIDE TOXIQUE POUR LES ABEILLES

Le Sulfoxaflor, pesticide autorisé en Europe depuis juillet 2015, vient d’être interdit dans une grande partie des États-Unis suite à une plainte des associations de protection de l’environnement et des pollinisateurs, à cause de ses dégâts alarmants sur les abeilles. Pourtant les autorités sanitaires laissent le produit sur le marché.

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Date : 28 septembre 2015
Sulfoxaflor-ShawnCaza

En juillet dernier, la Commission européenne autorisait l’utilisation d’un nouveau pesticide sur les cultures en Europe, le Sulfoxaflor. Cette nouvelle substance active est un insecticide neurotoxique dont l’action est très similaire à celle des pesticides néonicotinoïdes. Une autorisation étonnante compte tenu du moratoire en cours sur trois néonicotinoïdes (Clothianidine, Thiametoxame, et Imidaclopride), jugés responsables de la disparition massive des abeilles en Europe et dans le monde. Autorisation encore plus surprenante au regard du rapport de l’EFSA, l’autorité sanitaire européenne chargée d’évaluer la toxicité des substances, pour décider de leur mise sur le marché. L’institution émet un avis positif tout en reconnaissant « un risque élevé pour les abeilles ».

Quand la porte se ferme, l’industrie agrochimique passe par la fenêtre

En 2013, trois substances sont rendues coupables par des centaines d’études scientifiques indépendantes de décimer les populations d’abeilles. Face à ce constat, et poussée par les associations et les citoyens, la Commission Européenne décide d’interdire partiellement et provisoirement ces substances : un moratoire qui prend fin en décembre prochain.

Une fois encore, l’industrie a un coup d’avance. Elle obtient la mise sur le marché de nouvelles substances très proches des néonicotinoïdes, encore sous-étudiées par la communauté scientifique, mais dont même les autorités sanitaires reconnaissent la dangerosité pour les abeilles.

Sulfoxaflor-ShawnCaza
Le sulfoxaflor : un nouveau pesticide toxique pour les abeilles autorisé en Europe – Photo : S. Caza

L’EFSA a annoncé qu’elle donnait deux ans à Dow AgroSciences, l’entreprise qui commercialise le Sulfoxaflor, pour prouver son innocuité sur les abeilles. Il s’agit donc d’autoriser un produit, de le laisser faire des dégâts irréparables sur les pollinisateurs et l’environnement, puis faire ce constat dans deux ans et le retirer du marché.

Abeilles décimées aux Etats-Unis, le sulfoxaflor interdit

Deux ans, c’est le temps qu’il aura fallu aux organisations apicoles et citoyennes américaines pour faire reconnaître la dangerosité du Sulfoxaflor et faire annuler son autorisation de mise sur le marché. En 2013, l’EPA, l’autorité sanitaire américaine, autorisait cette substance sans en analyser l’impact sur les abeilles. Apiculteurs, citoyens, et défenseurs de l’environnement tiraient alors la sonnette d’alarme, et s’organisaient pour attaquer la décision de l’EPA en justice. Un procès finalement remporté, puisqu’une cour d’appel américaine a fait annuler l’autorisation de mise sur le marché du Sulfoxaflor, en estimant que l’EPA avait violé la loi fédérale en autorisant cette substance sans disposer d’études sur son impact sur les abeilles.

Gagner deux ans pour sauver les abeilles

De toute évidence, la procédure suivie par l’EFSA en Europe est tout aussi irrégulière que celle de son homologue américaine l’EPA. À moins d’une mobilisation rapide et massive, le scénario américain laisse présumer du calendrier des deux prochaines années : le Sulfoxaflor sera utilisé massivement sur les cultures, causant des dégâts irréparables sur les abeilles et autres pollinisateurs essentiels pour l’agriculture. Les apiculteurs tireront la sonnette d’alarme, suivis par les citoyens, les scientifiques et les associations concernées. Le retrait de ce pesticide fera l’objet d’un combat acharné. L’industrie agrochimique, qui aura engrangé des bénéfices sur un produit reconnu comme dangereux dès le départ, résistera avec la force qu’on lui connait. En 2017, lorsque l’EFSA demandera des comptes, s’engagera une bataille scientifique comme celle qui est actuellement en cours concernant les trois autres néonicotinoïdes en passe d’être interdits.

POLLINIS prépare d’ores et déjà la riposte avec une grande campagne de mobilisation dans les semaines à venir.