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Restaurer les paysages

Contamination aux pesticides : la grande inconnue des réserves naturelles françaises

Au sud de Toulouse, la Réserve Naturelle Régionale Confluence Garonne-Ariège se compose d’une prodigieuse mosaïque d’habitats. Comme toutes les aires naturelles protégées, elle fait pourtant face à une menace silencieuse, l’omniprésence de pesticides. En 2024, les équipes de cette réserve ont donc rejoint un projet de POLLINIS visant à documenter la contamination de ces espaces essentiels à la biodiversité.

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Date : 6 novembre 2024

La Réserve Naturelle Régionale (RNR) Confluence Garonne-Ariège, tenant son nom du fleuve et de la rivière qui s’y rejoignent, s’étend sur près de 600 hectares au sud de Toulouse. Ce site, qui porte encore les traces d’un passé industriel et d’agriculture intensive, s’affirme aujourd’hui comme un sanctuaire où cohabitent une multitude d’habitats ainsi qu’une faune et une flore variées. Parmi les 2000 espèces végétales et animales recensées figurent par exemple la Nigelle de France (Nigella hispanica var.), une renonculacée aux fleurs bleu pâle menacée en France, ainsi que l’azuré du serpolet (Phengaris arion), un papillon lui aussi menacé et nommé d’après l’une de ses plantes hôtes, le thym serpolet (Thymus serpyllum).

Cette réserve, comme toutes les autres, fait pourtant face à une menace silencieuse : l’omniprésence des pesticides dans l’environnement – et ses effets potentiels sur les écosystèmes et la biodiversité –, à laquelle ces refuges ne sont pas sûrs d’échapper. En 2024, la RNR Confluence Garonne-Ariège s’est donc associée à un projet de POLLINIS visant à documenter la contamination des zones protégées françaises et élaborer, à terme, des mesures de gestion adaptées pour enrayer l’extinction des insectes pollinisateurs et du vivant qui en dépend.

A la fin de l’été 2024, six échantillons de terre et de végétaux ont ainsi été prélevés dans six emplacements différents de la RNR. Les équipes de POLLINIS ont pu en suivre une partie aux côtés d’Emilie Marsaud, garde et animatrice nature et territoriale à la Réserve Naturelle Confluence Garonne-Ariège.

  • Pollinis - Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège

    (1/6) : « Notre Réserve Naturelle dispose d’une mosaïque de milieux assez extraordinaire, allant des coteaux aux falaises, des forêts alluviales aux bras-morts, des zones humides aux milieux aquatiques… Elle regorge d’espèces, dont certaines à forts enjeux de protection, comme notre symbole, l’aigle botté (ndlr : Hieraaetus pennatus) qui niche sur la réserve depuis un certain nombre d’années, et qui s’y reproduit », explique Emilie Marsaud, garde et animatrice nature et territoriale à la RNR Confluence Garonne-Ariège. ©POLLINIS/Philippe Besnard

  • Pollinis - Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège

    (2/6) Équipée d’une tarière, la garde retire le couvert végétal de surface et prélève plusieurs centaines de grammes de sol jusqu’à 20 centimètres de profondeur. « Ce sont dans les vingt premiers centimètres de sols que se trouve la plus grande biodiversité, et c’est ce qui permet aux sols d’être en bonne santé », explique-t-elle. Ce premier site d’échantillonnage se situe à quelques pas de la Confluence entre l’Ariège et la Garonne. ©POLLINIS/Philippe Besnard

  • Pollinis - Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège

    (3/6) : Les échantillons prélevés, qu’il s’agisse de sol ou de végétaux, sont ensuite déposés dans des sacs pré-étiquetés et envoyés à un laboratoire accrédité par le COFRAC (Comité français d’accréditation). Grâce à l’annotation des coordonnées GPS pour chaque site de prélèvement, les résultats seront compilés et cartographiés. ©POLLINIS/Philippe Besnard

  • Pollinis - Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège

    (4/6) : Au total, six prélèvements de terre et de végétaux ont été réalisés, comme dans ce champ situé dans la réserve. Une attention particulière a été portée à la diversité des sites : prairies anciennement agricoles, zones forestières, zones humides… « Nous avons aussi fait un maillage en fonction de la proximité des sites avec des espaces urbains ou très anthropisés, pour pouvoir avoir l’impact de ces activités sur les sols et les pollinisateurs », précise Emilie Marsaud. ©POLLINIS/Philippe Besnard

  • Azure_serpolet_Phengaris_arion

    (5/6) Menacé en France, l’azuré du serpolet (Phengaris arion) fait partie des espèces remarquables identifiées dans la Réserve Naturelle. Ce petit papillon, dont le dessus des ailes bleu est bordé de gris, est myrmécophile au stade larvaire : la chenille, à sa troisième mue, se laissera en effet tomber de sa plante hôte en espérant attirer, grâce à son odeur, une fourmi du genre Myrmeca. Trompée, cette dernière déposera la chenille dans la colonie où « elle se nourrira des essaims et des œufs jusqu’à ce qu’elle soit prête à devenir chrysalide et s’envoler.  L’étude de la qualité des sols est d’autant plus importante pour cette espèce puisqu’elle a une phase de vie souterraine », détaille la garde. ©fra298 / Flickr

  • Pollinis - Réserve naturelle régionale Confluence Garonne-Ariège

    (6/6) : « Notre mission, en tant que salariés de la réserve, c’est à la fois de préserver sa biodiversité en aménageant des sentiers, des protections de berge, en plantant des haies… mais aussi de sensibiliser le public et d’essayer de leur faire comprendre les enjeux de la protection de ce milieu. L’objectif n’est pas de le mettre sous cloche, mais de le rendre accessible aux habitants pour qu’ils puissent en découvrir la valeur et la beauté, et les espèces qui y vivent », conclut Emilie Marsaud, en mentionnant également le travail réalisé en partenariat avec les agriculteurs de la réserve pour réduire les intrants en pesticides. ©POLLINIS/Philippe Besnard