Biotechnologies génétiques / Forçage génétique / Nouveaux OGM
L’UICN pave la voie à la biologie de synthèse dans la conservation de la nature
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont le congrès régional s’est achevé à Bruges le 3 octobre 2024, semble poursuivre l’ouverture de la voie à l’usage de la biologie de synthèse. POLLINIS et ses partenaires dénoncent des discussions sous haute surveillance et menées par une organisation favorable à la diffusion de la biologie synthétique.
Dans la continuité du congrès mondial de Marseille en 2021 et en amont de celui d’Abu Dhabi qui se tiendra dans un an, le congrès régional (Europe, Asie Centrale et du Nord) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), s’est tenu à Bruges du 30 septembre au 3 octobre 2024. Une session thématique s’est réunie afin de construire une proposition de politique de l’UICN sur la biologie de synthèse et la conservation de la nature qui sera présentée à Abou Dhabi lors du Congrès mondial en octobre 2025. Tout paraît indiquer que les discussions ont continué à préparer l’introduction de la biologie de synthèse dans la conservation de la nature.
Bien qu’elles aient été présentées comme « le processus le plus participatif que l’UICN n’ait jamais eu » par Tom Brooks, scientifique en chef de l’organisation, les discussions sont restées très encadrées. Le groupe, présenté comme une « assemblée citoyenne », n’était composé que de 15 membres de l’UICN, et le Centre International pour le Génie Génétique et la Biotechnologie (ICGEB), qui a été mandaté pour donner des formations, animer et servir de facilitateur, est un fervent soutien de la biologie de synthèse.
Le sujet et les bases des discussions avaient pourtant été cadrés de manière bien différente par l’adoption de la résolution 123 en 2021 lors du Congrès international de l’UICN à Marseille. Tout en ouvrant le sujet de la biologie de synthèse, elle spécifiait qu’un groupe de travail équilibré, garantissant une représentation égale des genres, des régions, des opinions, des systèmes éthiques et de connaissances, devait être créé afin de permettre une participation largement diversifiée parmi les membres de l’UICN. Le processus de sélection des 15 organisations participantes et le choix de l’ICGEB comme animateur est un marqueur de la façon dont l’UICN aborde la question.
« Nous sommes très préoccupés par la manière dont l’UICN entend imposer l’idée que le forçage génétique et les organismes modifiés issus de la biologie synthétique sont des solutions incontournables pour la conservation des espèces et des écosystèmes. Elle a confié une partie de l’animation du petit groupe formé pour travailler sur ces questions cruciales à un organisme fortement engagé dans la promotion et la diffusion des biotechnologies, l’ICGEB. C’est un conflit d’intérêt très préoccupant », a déclaré Nicolas Laarman, Délégué général de l’ONG POLLINIS.
« Pour que l’UICN remplisse son rôle de protection de la nature et de la biodiversité, il est crucial que les politiques de biologie de synthèse soient façonnées par des discussions informées, transparentes et inclusives. Il est encore temps de mener un dialogue constructif sur les enjeux de l’ingénierie génétique dans les écosystèmes naturels. » ajoute Nicolas Laarman.