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Biotechnologies génétiques / Nouveaux OGM

La « lettre des prix Nobel » en faveur des OGM porte l’empreinte de l’industrie

Dans la foulée de la publication de la « lettre des Prix Nobel » en faveur de la dérégulation des nouveaux OGM, l'organisation indépendante GM Watch est revenue sur les imbrications entre cette lettre et la stratégie de l'industrie pour tenter d'influencer l'opinion publique. POLLINIS publie aujourd'hui la traduction de ces recherches.

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Date : 5 février 2024

Le 29 janvier 2024, l’organisation indépendante GM Watch répondait à la « lettre des Prix Nobel » publiée quelques jours plus tôt par WePlanet – un groupe écomoderniste lié à l’industrie fossile – pour enjoindre les institutions européennes à déréguler les nouveaux OGM.

 

Un mois après que l’Agence sanitaire française a critiqué l’absence de « fondement scientifique » du projet de la Commission européenne, GM Watch a chaleureusement accepté que POLLINIS traduise et mette en avant leurs recherches vis-à-vis de cette lettre ouverte… elle aussi en manque de science.

Lorsque la nouvelle est tombée, qu’une majorité d’eurodéputés de la commission Environnement du Parlement européen avait voté en faveur de la suppression des contrôles de sécurité, de l’étiquetage et de la réglementation des nouveaux OGM, le groupe de pression WePlanet a jubilé, déclarant qu’il s’agissait d’une « énorme victoire » qui montrait que « nous pouvons vaincre le lobby anti-science si nous nous unissons et nous organisons ».

Aucun doute pour WePlanet sur le rôle essentiel joué par sa lettre ouverte dans ce triomphe de la dérégulation. Signée par 35 lauréats du prix Nobel, cette lettre « appelle l’Europe à ne pas écouter la désinformation et l’ignorance populistes. […] Il est essentiel que les voix de ces éminents scientifiques aient été entendues aujourd’hui ».

Mais le professeur Michael Antoniou, généticien moléculaire, a fait remarquer que la lettre ouverte de WePlanet — malgré le poids des lauréats du prix Nobel et des auteurs célèbres qui l’ont signée — est totalement « dépourvue de substance scientifique ». Elle est également malhonnête. Et ce n’est pas surprenant, étant donné la nature des lobbyistes qui ont orchestré toute cette affaire.

« Astroturfing » 

WePlanet a complété sa déclaration sur le succès de son lobbying en demandant à ses partisans de « faire un don aujourd’hui pour aider à obtenir d’autres victoires comme celle-ci ! » Ils proposent d’ores et déjà de prendre en charge les frais de transport de leurs sympathisants jusqu’à Strasbourg début février pour manifester devant le Parlement européen lorsque les députés voteront sur la dérégulation. (Ce n’est pas la première manifestation pro-OGM orchestrée par WePlanet).

Malgré ses appels aux dons quasi constants, WePlanet, anciennement connu sous le nom de RePlanet, est en fait richement financé (et de manière extrêmement douteuse) pour promouvoir les OGM, ainsi que l’énergie nucléaire et les aliments synthétiques. En effet, ils ont été accusés, à juste titre, d’avoir « toutes les caractéristiques d’une organisation “astroturf”Le terme anglosaxon « astroturf », ou similitantisme en français, désigne l’utilisation de techniques de propagande manuelles ou algorithmiques visant à simuler un phénomène de masse et spontanée pour influencer l’opinion publique. sophistiquée, dont le véritable travail consiste à promouvoir les intérêts de l’industrie, notamment en affaiblissant les réglementations de l’UE relatives aux produits agrochimiques et aux “nouveaux aliments” ». Leur cofondateur et stratège principal, Mark Lynas, a également été mis en cause à plusieurs reprises pour ses affirmations inexactes, trompeuses, voire totalement inventées.

La désinformation

Il n’est donc pas étonnant que WePlanet ait sollicité un soutien pour sa lettre ouverte en affirmant de manière trompeuse qu’en vertu de la réglementation actuelle sur les OGM, les « nouvelles techniques génomiques (NGT) », telles que l’édition de gènes, ne sont pas autorisées dans l’Union européenne. Ce n’est pas vrai, mais il s’agit d’une pratique courante de WePlanet qui, dans sa campagne parallèle Reboot Food, appelle de la même manière l’UE à « légaliser l’édition de gènes, la modification génétique et d’autres nouvelles techniques de sélection ». 

En réalité, l’utilisation de l’édition de gènes et des techniques de modification génétique ancienne génération est parfaitement légale dans l’UE. De même, les OGM, qu’ils soient obtenus par des techniques de modification génétique anciennes ou nouvelles, sont depuis longtemps légaux en Europe, tant pour la consommation que dans les cultures. Sinon, comment le maïs génétiquement modifié aurait-il pu être cultivé pendant des années en Espagne et au Portugal ?

Ce que l’industrie des OGM et ses partisans, comme WePlanet, contestent en réalité, c’est le fait qu’en Europe actuellement, les OGM ne peuvent pas être mis sur le marché sans avoir fait l’objet d’une évaluation de la sécurité, d’une traçabilité et d’un étiquetage, ce qui permet aux consommateurs et à l’industrie alimentaire de choisir de les éviter. La dérégulation rendrait cela impossible et créerait ainsi un marché beaucoup plus attractif pour les OGM.

Des milliards d’euros

Pourtant, WePlanet affirme dans sa lettre qu’« un rapport récent a montré que le fait de ne pas autoriser les NGT pourrait coûter à l’économie européenne 300 milliards d’euros par an en “bénéfices non perçus” dans de multiples secteurs ». Outre le fait qu’elle laisse entendre à tort que les NGT ne sont pas autorisées à l’heure actuelle, cette déclaration omet également de préciser que le rapport promettant à l’UE tous ces milliards de bénéfices n’a pas été rédigé par des experts, mais qu’il est l’œuvre de Mark Lynas, de WePlanet, et d’un coauteur du Breakthrough Institute, un think tank écomoderniste américain qui fait pression en faveur de technosolutions.

Le rapport a été publié par l’employeur de Lynas, l’Alliance for Science [Alliance pour la science], un organisme de propagande pro-OGM basé à New York et financé par la Fondation Gates. Il a ensuite été lancé en Europe lors d’un événement financé par WePlanet et l’Alliance for Science, qui travaillent en binôme pour promouvoir la dérégulation en Europe, notamment en formant de jeunes scientifiques pour qu’ils fassent passer le message.

Une science désintéressée ?

Bien que délibérément trompeuse et, comme le remarque le professeur Antoniou, « dépourvue de substance scientifique », la lettre ouverte de WePlanet a attiré plus de 1 000 scientifiques signataires et beaucoup de publicité, très probablement en raison du soutien accrocheur des 35 lauréats du prix Nobel et des deux auteurs vedettes dont les noms sont joints à la lettre. Mais ces signataires « stars » tant vantés ne sont peut-être pas aussi brillants qu’ils en ont l’air.

On a beaucoup parlé des principales signataires de la lettre, Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier, deux superstars du monde de la biotechnologie grâce à leur découverte de l’outil d’édition de gènes CRISPR/Cas qui leur a valu un prix Nobel. Mais malgré leur célébrité, Doudna et Charpentier sont loin d’être des scientifiques désintéressées. Ce sont des entrepreneuses en biotechnologie qui ont fondé des sociétés pour attribuer des licences d’utilisation de la technologie CRISPR, entre autres, aux géants des OGM et de l’industrie chimique. Au premier rang de ceux-ci figure DuPont, aujourd’hui Corteva, ce qui lui permet de s’assurer la domination de la technologie CRISPR dans le domaine de l’agriculture par le biais du contrôle des brevets.

En tout, comme l’a révélé le Centro Internazionale Crocevia, un groupe italien de défense de la souveraineté alimentaire, Doudna et Charpentier sont citées comme inventeurs dans 516 brevets déposés sur CRISPR au niveau mondial, dont 66 sont des brevets européens. Tout cela jette une lumière quelque peu différente sur leur soutien à l’assouplissement des règles relatives à la technologie dans laquelle elles sont si fortement investies.

Des auteurs célèbres

Les autres partisans les plus connus de la lettre sont les quatrième et cinquième signataires : Steven Pinker et Peter Singer. Mais une fois de plus, il y a des raisons de se méfier du jugement de ces « auteurs de renommée mondiale », comme les appelle Mark Lynas.

Le bioéthicien Peter Singer, bien que plus connu pour son soutien de longue date aux droits des animaux, est également un défenseur du génie génétique des êtres humains et, de façon beaucoup plus controversée, de l’infanticide — ses « écrits sur l’admissibilité de l’euthanasie de certains nouveau-nés handicapés (Kuhse et Singer, 1985)… (ont) inspiré des hurlements d’indignation et des accusations de fascisme ».  

Le psychologue vedette Steven Pinker, comme Mark Lynas et ses collègues de WePlanet, se définit comme un « écomoderniste » et est bien connu pour ses célébrations euphoriques du progrès technologique. Mais comme Singer, Pinker a également suscité l’indignation, notamment en raison de son indifférence à l’égard des inégalités et de l’aide qu’il a apportée à la défense juridique de Jeffrey Epstein. Pinker a également été critiqué pour ses liens avec le Breakthrough Institute et pour la promotion de leurs écrits qui minimisent la menace du changement climatique.

Un air de déjà-vu qui se répète

Mais c’est l’autre signataire principal de la lettre qui détient probablement la clé pour expliquer non seulement comment tant d’autres prix Nobel se sont retrouvés dans la lettre de WePlanet, mais aussi l’identité du véritable orchestrateur de toute cette affaire.

Sir Richard J. Roberts est le directeur scientifique de New England Biolabs, une entreprise de biotechnologie privée dont les produits sont mentionnés dans des brevets de Dow Agrosciences (qui fait aujourd’hui partie de Corteva) et de Monsanto (qui appartient aujourd’hui à Bayer). Roberts est un fervent partisan de la biotechnologie et affirme que des millions de personnes mourront si les cultures génétiquement modifiées ne sont pas adoptées, et que le fait de s’opposer à leur adoption constitue « un crime contre l’humanité ». C’est également un habitué de la mobilisation d’un grand nombre de lauréats du prix Nobel — qui n’ont souvent aucune connaissance approfondie du sujet en question — pour rédiger des lettres ouvertes qui font la une des journaux et qui défendent les intérêts des biotechnologies.

En 2020, par exemple, M. Roberts a rassemblé 77 lauréats du prix Nobel pour qu’ils signent une lettre défendant l’EcoHealth Alliance [Alliance ÉcoSanté] de Peter Daszak et demandant le rétablissement de sa subvention à l’Institut national de la santé (NIH), annulée en raison de préoccupations concernant le rôle d’EcoHealth dans des travaux controversés menés à Wuhan sur les coronavirus du SRAS qui, selon certains scientifiques, auraient pu conduire à la pandémie de COVID-19. Il semble que M. Roberts ait également « déconseillé » aux scientifiques de s’intéresser à la possibilité que la pandémie ait de telles origines.

Encore plus pertinent est le premier effort de Roberts visant à attirer le regard du public par le biais des prix Nobel en 2016 lorsque, selon un article du Washington Post, « plus de 100 lauréats du prix Nobel… ont signé une lettre exhortant Greenpeace à mettre fin à son opposition aux organismes génétiquement modifiés (OGM) ». Cette lettre était centrée sur des affirmations très émotionnelles selon lesquelles Greenpeace aurait entravé le développement du riz doré, affirmations qui ont ensuite été contredites par un chercheur de haut niveau de l’institut même qui développe ce riz, et que même Mark Lynas a été contraint d’admettre comme étant inexactes et « exagérées ».

Des relations publiques pour l’industrie biotechnologique

Alors que Roberts occupait la position centrale dans la campagne #Nobels4GMOs, il est apparu plus tard qu’un autre acteur clé était l’ancien directeur de la communication institutionnelle de Monsanto, Jay Byrne. Celui-ci a même joué le rôle de videur lors d’un événement de presse organisé pour promouvoir la lettre. Byrne a par la suite confirmé au journaliste d’investigation Vincent Harmsen qu’il avait fourni des conseils en matière de relations publiques à Roberts pendant toute l’année qui a précédé le lancement de la campagne #Nobels4GMOs.

Après avoir quitté Monsanto, Byrne a créé sa propre société de relations publiques, v-Fluence, située, comme Monsanto, à Saint Louis (ndlr, dans l’État du Missouri aux États-Unis) et comptant Monsanto parmi ses clients de l’industrie chimique et biotechnologique. Byrne est passé maître dans l’art des opérations de relations publiques secrètes et dans l’exercice d’une influence cachée, ce qui, comme le note Vincent Harmsen, comprend le transfert de fonds de l’industrie à des scientifiques et l’emploi de scientifiques à des fins de relations publiques, notamment pour attaquer les détracteurs de l’industrie tout en dissimulant soigneusement l’implication de celle-ci.

Byrne est également conseiller en relations publiques auprès de l’employeur de Mark Lynas, Alliance for Science, depuis sa création en 2014. En effet, Byrne et Lynas sont connus pour avoir travaillé ensemble sur la promotion des cultures génétiquement modifiées avant même que Lynas ne rejoigne l’Alliance en 2014.

Étant donné que ce spécialiste notoire de la manipulation de l’opinion publique a été pendant plus de dix ans le conseiller en relations publiques du cofondateur et stratège principal de WePlanet, et qu’il a également travaillé en étroite collaboration avec Roberts sur au moins une tentative tout à fait similaire de déployer des lauréats du prix Nobel pour influencer le débat sur les OGM, il est difficile de ne pas considérer la dernière lettre des lauréats en faveur des biotechnologies comme une simple continuation de la trajectoire, favorable à l’industrie, de son prédécesseur, le riz doré, tout aussi trompeur.

Enfin, comme Byrne est un conseiller en relations publiques auprès de Lynas et de Alliance for Science, il est probable qu’il ait participé à leur rapport qui promettait tous ces milliards d’euros de bénéfices en échange de la dérégulation.

Les promesses infondées de l’industrie

Tout cela explique peut-être pourquoi ceux qui prétendent « défendre la science » sont armés non pas de données scientifiques, mais d’un prospectus de vente composé d’arguments de l’industrie.

La lettre de WePlanet n’explique pas pourquoi les experts scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) déclarent que les propositions de déréglementation de la Commission européenne ne reposent sur aucune base scientifique, ni pourquoi l’Agence fédérale allemande pour la protection de la nature s’inquiète également de ces propositions. Il n’y a rien non plus pour contrer les nombreuses préoccupations concernant les propositions que l’on trouve dans les déclarations et les lettres soigneusement référencées d’autres scientifiques et universitaires européens, consultables ici, ou encore ici.

La lettre de WePlanet se concentre plutôt sur les promesses infondées de l’industrie des OGM selon lesquelles les nouveaux OGM feront enfin ce que les précédents OGM ont si manifestement échoué à faire : réduire l’utilisation des pesticides et permettre aux agriculteurs de faire face aux défis du changement climatique – et ce, en dépit des analyses basées sur des données montrant que les nouveaux OGM ne peuvent contribuer que très peu, voire pas du tout, à la réalisation de ces objectifs.

Invoquer l’autorité

Le fait que la lettre de WePlanet soit rédigée dans le langage des relations publiques et du marketing, et non dans celui de la science, est d’une certaine manière compréhensible, car la question de la dérégulation n’est pas une affaire de science – elle concerne les ventes de nouveaux produits OGM brevetés.

Naturellement, la lettre de WePlanet a attiré beaucoup plus de signatures de scientifiques que toutes les déclarations de préoccupations soigneusement référencées — ce qui est peut-être compréhensible en ces temps de budgets limités et d’opportunités de carrière restreintes, compte tenu de la manne financière massive et des « nouveaux emplois et une plus grande prospérité économique » promis par tous ces milliards d’euros. Et puis il y a la sécurité d’être en compagnie de 35 lauréats du prix Nobel.

Mais comme le souligne Philip Stark, doyen associé de la division des sciences mathématiques et physiques et professeur de statistiques à l’université de Californie à Berkeley, à propos de la première lettre « Nobels pour les OGM », la science est « une affaire de preuves et non d’autorité… La science est censée être “montrez-moi” et non “faites-moi confiance”… prix Nobel ou pas ».

Après tout, même les organismes scientifiques les plus officiels peuvent se tromper lourdement, comme l’a récemment noté Stéphane Foucart, chroniqueur scientifique au journal Le Monde, dans un article où il qualifie de « fléau » l’utilisation abusive de l’autorité scientifique. M. Foucart donne de multiples exemples d’académies scientifiques nationales agissant comme des relais de l’industrie. Ainsi, à une époque, l’Académie des sciences de France était même un bastion du climato-scepticisme. Elle s’est également prononcée contre le principe de précaution en faveur de l’exploration du gaz de schiste. De même, la déclaration de l’Académie de l’agriculture recommandant la privatisation totale du conseil agricole s’est révélée avoir été rédigée par d’anciens cadres et consultants de l’industrie des pesticides. Et en 1996 encore, l’Académie nationale de médecine plaidait pour la poursuite de l’utilisation de l’amiante.

Attaques ad hominem

Mais la lettre des prix Nobel ne se contente pas d’invoquer l’autorité et des promesses infondées. Comme l’a fait remarquer le professeur Antoniou, elle recourt également aux insultes. Ainsi, ceux qui s’inquiètent de la dérégulation sont, selon la lettre, perdus dans « l’idéologie et le dogmatisme » et ne font que « dire non au progrès scientifique ». Ils sont également qualifiés de « lobbyistes anti-science dans leur bulle à Bruxelles », qui sont perdus dans  « les ténèbres de l’alarmisme anti-science ».

Ce genre de langage de chien d’attaque est privilégié par Jay Byrne, ainsi que par Lynas et Alliance for Science, dont il a été le conseiller, qui utilisent le terme « anti-science » ad nauseam. Mais est-ce vraiment ainsi que nous devons tenir compte des opinions des experts de l’ANSES et de l’Agence fédérale allemande pour la protection de la nature, ou de tous les autres scientifiques qui ont des préoccupations majeures à l’égard de ces propositions ?

En réponse à la lettre ouverte, le professeur Jack Stilgoe, qui donne des cours de politique scientifique et technologique, la science et l’innovation responsables et la gouvernance des technologies émergentes à l’University College London, a rappelé un article qu’il avait publié et dans lequel il qualifiait le terme « anti-science » d’inutile et suggérait qu’il s’agissait d’une arme déployée contre ceux qui posaient des questions gênantes. Selon lui, ce terme « reflète une privatisation de l’idée de progrès qui est dangereuse pour la science et la société. Dès que la science est considérée comme inséparablement liée à une trajectoire particulière, en particulier lorsque cette trajectoire est celle… des cultures génétiquement modifiées, le débat devient impossible. Je connais des dizaines de scientifiques qui sont contre les OGM, ou contre un type particulier d’OGM. Sont-ils anti-science ? »

Le professeur Antoniou fait une remarque similaire : « Je ne suis pas le seul scientifique du monde universitaire et expert en génétique moléculaire et en technologies du génie génétique à émettre de sérieuses réserves quant à la proposition de la Commission européenne de déréguler les NGT. Nous ne sommes pas des “lobbyistes anti-science réactifs dans la bulle bruxelloise”, ce qui est d’ailleurs une description fausse et diffamatoire des ONG à Bruxelles, et ailleurs en Europe, qui contestent la dérégulation des NGT. L’expérience que j’ai acquise en travaillant avec ces organisations montre qu’elles s’appuient sur des preuves scientifiques et sur une détermination responsable, capable de faire passer les personnes et l’environnement avant les profits. »

La lettre des prix Nobel soulève de réels doutes quant au partage de cette détermination par ses auteurs.