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Pesticides / SDHI

Nouvelle victoire pour la pétition SDHI de POLLINIS au Parlement européen

Grâce au soutien unanime des eurodéputés chargés du dossier, la pétition de POLLINIS et des scientifiques Paule Bénit et Pierre Rustin sur les fongicides SDHI reste ouverte. Une victoire qui arrive au moment où l'agence sanitaire européenne doit rendre des conclusions attendues sur les demandes de renouvellement de l’homologation d’une dizaine de ces dangereuses molécules.

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Date : 16 mars 2022

La pétition de POLLINIS et de deux scientifiques demandant un moratoire et une réévaluation des dangereux fongicides SDHI a de nouveau obtenu le soutien des eurodéputés de la commission des pétitions (PETI) lors de son examen le 15 mars, dix-huit mois après un premier examen.

Cette commission est chargée de traiter les requêtes des citoyens, portant sur des questions relevant des compétences de l’Union européenne. Ces requêtes, appelées « pétitions » selon le terme administratif de l’Union européenne, sont étudiées par les membres de la commission, qui peuvent ensuite décider de prendre un certain nombre de mesures et d’engager un suivi du dossier.

Alors que se profile l’étude du renouvellement des autorisations d’une dizaine de molécules SDHI, ce nouveau coup de projecteur sur ces fongicides massivement utilisés en agriculture conventionnelle permet de maintenir la pression sur la Commission européenne et l’agence sanitaire européenne (EFSA).

« Les partis politiques ont demandé à l’unanimité que notre pétition reste ouverte. Le nouvel examen de notre pétition a donc été un succès », se réjouit Barbara Berardi, responsable du pôle pesticides de POLLINIS.

Alors que deux substances – la carboxine et l’isopyrazam – ont déjà été retirées du marché, POLLINIS espère maintenant que l’analyse de l’EFSA pour les demandes de renouvellement des autres molécules SDHI sera plus approfondie et prendra bien en compte toute la littérature scientifique disponible.

Des tests obsolètes

« Depuis le dépôt de notre pétition en 2019, la recherche scientifique a pleinement confirmé que les SDHI représentent une menace pour la santé humaine et ont un impact délétère sur l’environnement. La recherche a également confirmé que les protocoles actuels d’évaluation des risques ne sont pas adaptés au mode d’action spécifique de ces substances et sont donc largement inadaptés pour évaluer les risques associés », a rappelé Barbara Berardi, lors de son intervention en visio-conférence devant les membres de la commission PETI.

Face à l’avis de l’agence sanitaire française (ANSES) qui avait conclu en janvier 2019 à l’absence d’éléments justifiant un retrait du marché des SDHI, POLLINIS et les chercheurs Paule Bénit et Pierre Rustin avaient décidé d’alerter sur ce dossier au niveau européen, en s’adressant à la commission PETI du Parlement.

Produits phares de l’agrochimie destinés à éliminer champignons et moisissures dans les cultures, les SDHI agissent sur la chaîne respiratoire des cellules via un mode d’action particulier. En inhibant une enzyme essentielle à ce processus, la SDH ou succinate déshydrogénase, ces substances peuvent potentiellement bloquer la respiration cellulaire de nombreux organismes vivants.

Barbara Berardi a également insisté sur l’importance d’inclure des tests spécifiques de mitotoxicité dans la batterie de tests réglementaires, afin de pouvoir détecter les dommages potentiels au sein des mitochondries. Elle a aussi pointé le fait que certaines substances SDHIBixafen, benflufène, benthiopyrade, fluxapyroxade interfèrent avec le système respiratoire des cellules « au moins à une étape critique supplémentaire, le complexe III », ce qui rend ces molécules encore plus toxiques. Cette action, très inquiétante, n’est pourtant pas mentionnée dans les dossiers de renouvellement.

Des protocoles défaillants pour les abeilles

Concernant l’évaluation de la toxicité des pesticides sur les abeilles, dont les protocoles sont en cours de révision, Barbara Berardi a rappelé la nécessité d’inclure des tests de « temps à effet », seuls capables de détecter la toxicité d’une substance sur la durée. « Une exposition chronique à de faibles doses de SDHI peut être très dangereuse pour les colonies d’abeilles, mais ce danger n’est pas pris en compte par le système actuel d’évaluation des risques ».

Klaus Berend, chef de l’unité pesticides de la DG Santé, a répondu que l’EFSA serait informée de cette proposition de prolonger la durée des tests, pour la mise à jour des protocoles d’évaluation. « Cela pourrait changer la donne pour l’évaluation du risque sur les abeilles mellifères, ce serait une grande avancée en perspective », estime Barbara Berardi. « Nous souhaiterions aussi que le sujet des SDHI suscite un débat plus large au sein du Parlement européen sur les failles de l’évaluation du risque. » ajoute-elle.

M. Berend a également assuré que toute la littérature scientifique disponible serait prise en compte dans le cadre des demandes de renouvellement des molécules SDHI, et que le comité technique chargé d’approuver les homologations (SCoPAFF), avait été informé de l’examen de la pétition SDHI et avait reçu l’argumentaire scientifique de POLLINIS.

La pétition sur les SDHI avait été l’objet d’un premier examen en septembre 2020. Cette revue avait abouti à une première salve de recommandations de la part des élus européens, comprenant notamment la transmission de la pétition à l’EFSA, ainsi qu’aux États membres. La commission des pétitions avait décidé de ne pas la clôturer, ce qui permet de conserver le sujet dans l’agenda européen.


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