Restaurer les paysages
Pays de la Loire : POLLINIS auprès des agriculteurs et de la biodiversité
En 2019, POLLINIS signait un partenariat avec l’Afac Pays de la Loire afin que ce réseau d’experts accompagne les agriculteurs souhaitant favoriser la biodiversité dans leurs fermes. Cet été, notre association est allée voir sur le terrain les premiers résultats ainsi obtenus grâce au soutien de ses donateurs.
Yves Gabory, directeur de l’association Mission Bocage, au centre, présente les lignées d’arbres intraparcellaires plantées dans les champs de Mickaël Delaunay. Les plants, leur paillage et leurs protections contre les chevreuils ont été financés grâce au soutien des donateurs de POLLINIS. © POLLINIS
Des arbres fruitiers au milieu des vignes, de nouvelles haies qui créent des corridors écologiques dans de grandes parcelles, d’anciennes haies qui retrouvent un second souffle grâce à des coupes garantissant la reprise végétale (recépages, étêtages…)… Nicolas Laarman, délégué général de POLLINIS, et Benedicte Reitzel-Nielsen, directrice des campagnes et coordinatrice de l’association, se sont rendus les 9 et 10 juillet en Pays de la Loire pour constater sur le terrain les premiers aboutissements d’un partenariat signé en 2019 avec l’Association française Arbres champêtres et agroforesteries (Afac).
Ce réseau de structures locales, associations ou entreprises, œuvre en faveur de la plantation et de la préservation des arbres hors forêt. Ses experts apportent notamment un appui technique, scientifique et économique aux agriculteurs et autres acteurs ruraux qui souhaitent étoffer les paysages en arbres, haies et structures bocagères. Dans le cadre du programme « Paysages pour pollinisateurs » financé par les donateurs de POLLINIS, l’Afac a accompagné les agriculteurs qui souhaitaient réimplanter des arbres ou plus généralement favoriser la biodiversité dans leurs exploitations. Ce programme, prévu pour durer cinq ans, a déjà permis de soutenir 14 exploitations agricoles lors de cette première campagne 2019-2020, à l’image du domaine viticole de Xavier Amirault.
Le vigneron cultive en biodynamie les 34 hectares de vignes familiales du Clos des Quarterons à Saint-Nicolas-de-Bourgueil (Indre-et-Loire). Il s’efforce depuis plusieurs années de réintroduire de la biodiversité pour que son milieu retrouve un équilibre et cherche à diversifier ses productions pour être moins dépendant des aléas d’une seule culture, précieuse, mais fragile, comme la vigne. « C’est une conviction profonde et on a une équipe motivée autour de ça, revendique-t-il. L’agroforesterie, on en parle beaucoup, mais peu d’agriculteurs l’expérimentent vraiment. On a donc décidé de le faire, sur plusieurs années, dans la limite de nos moyens, et on constatera, j’espère, des choses positives. Dans cinq ans, si un vigneron m’appelle parce qu’il s’intéresse au sujet, je pourrai lui montrer ce qu’on a fait. »
Grâce au soutien financier de POLLINIS, Xavier Amirault a bénéficié de l’expertise de Cyrille Barbé, de l’entreprise « De la haie à la forêt », qui lui a proposé un plan de gestion des arbres et des haies après une étude minutieuse de l’exploitation. En concertation avec le vigneron, une centaine de mètres de haies ont été plantées, ainsi que des lignes d’arbres intra parcellaires pour développer l’agroforesterie.
Dans son vignoble, Xavier Amirault n’a pas hésité à arracher des plants de vignes pour laisser la place à des arbres fruitiers : « ça a un coût, mais si l’on n’écoute que la rentabilité, on ne fait pas de belles choses. Le sacrifice de quelques pieds de vignes est largement compensé par la satisfaction de revoir plus d’insectes, plus de biodiversité. Même si la vigne n’a pas besoin d’insectes pour la fécondation de ses fleurs, la présence d’abeilles peut rééquilibrer les populations d’autres insectes qui, s’ils étaient en surnombre, deviendraient nuisibles », explique le vigneron.
Sur les rangs plantés d’arbres, les engins agricoles ne peuvent plus passer, le travail de la vigne doit donc se faire entièrement à la main. Xavier Amirault comprend que tous les viticulteurs ne soient pas prêts à cet effort : « nous-mêmes, nous avons planté les arbres tous les six rangs afin de permettre le passage des engins agricoles sur les autres rangs ». Ces arbres fourniront aussi quelques fruits à croquer ou transformer en confiture, même si ce n’est pas le but premier. Sa démarche marque un vrai bouleversement dans ce paysage gagné par la monoculture viticole en quelques décennies : « j’ai vu le remembrement dans les années 70-80 qui a fait sauter les haies. J’ai vu mon père utiliser du glyphosate, mais à l’époque, on ne savait pas les conséquences. Aujourd’hui, on ne peut plus les ignorer et c’est à nous, paysans, de montrer le chemin. Nous avons cette responsabilité. »
Sur la ferme du Vivier, à Denée (Maine-et-Loire), Mickaël Delaunay pratique quant à lui la polyculture-élevage (volailles et porcs). Son exploitation compte déjà plus de 4 km de haies, mais l’agriculteur souhaitait aller plus loin. Grâce au soutien des donateurs de POLLINIS, Margaux Boisramé, de l’association Mission Bocage a réalisé chez lui un diagnostic et prévu la plantation de 500 mètres de haies supplémentaires au cours des cinq années à venir. Une rallonge qui va permettre de connecter entre elles les haies existantes afin que les pollinisateurs puissent aisément circuler sur l’ensemble de la ferme et au-delà.
Ces haies vont accueillir de nouvelles variétés d’arbres et arbustes pour diversifier les quatre ou cinq essences de bois qui constituent la majeure partie des haies existantes chez Mickaël Delaunay. Un panachage qui va permettre d’étaler sur l’année les ressources disponibles pour les différentes espèces de pollinisateurs. Un ébranchage des arbres têtards va être réalisé pour assurer la vigueur des arbres et favoriser la régénération de la haie.
Cette année, 14 exploitations ont bénéficié de cet accompagnement : 5 vignerons, 5 éleveurs et 4 cultivateurs de céréales, légumes et plantes médicinales. 2 km de haies, 786 arbres non fruitiers et 475 fruitiers ont été plantés. 1,35 km linéaire a par ailleurs été laissé à une revégétation spontanée et 600 m à un entretien adapté. Sur cinq ans, 8 km de haies devraient être plantés et plus de 2 000 arbres en intraparcellaire et agroforesterie. POLLINIS continuera à se rendre régulièrement sur le terrain pour suivre la progression de ce projet et rendre compte à ses donateurs du bon usage de leur générosité.