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Pesticides / Néonicotinoïdes

POLLINIS se mobilise aux côtés de 577 abeilles contre les néonicotinoïdes

Des centaines de pancartes d’abeilles poing levé ont envahi le parvis des Invalides hier pour protester contre le projet de loi ré-autorisant les néonicotinoïdes, dont l’examen vient de débuter à l’Assemblée nationale. Les associations, dont POLLINIS, syndicats et députés ont appelé à s’opposer en bloc à cette régression inacceptable.

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Date : 24 septembre 2020

Des centaines de pancartes d’abeilles en colère, poing dressé vers le ciel, dents serrées et sourcils froncés, ont pris place le 23 septembre sur le parvis des Invalides pour interpeller les députés sur le dangereux retour des néonicotinoïdes qui se dessine actuellement.

Cet événement organisé par l’association Agir pour l’environnement, et auquel POLLINIS a participé, s’est tenu au lendemain de l’ouverture des débats parlementaires sur le projet de loi ré-autorisant les néonicotinoïdes jusqu’en 2023 au moins.

Contre le retour des néonicotinoïdes

Sur le parvis des Invalides, Julie Pêcheur, directrice du plaidoyer de POLLINIS, rappelle l’importance de la mobilisation citoyenne dans ce combat.
©P. Joalland/POLLINIS

L’interdiction de ces insecticides extrêmement toxiques pour les abeilles et l’ensemble des pollinisateurs avait été obtenue en France en 2016 grâce à une mobilisation citoyenne sans précédent : les sympathisants de POLLINIS avaient été plus d’1,2 million à signer une pétition dans ce sens, et ils avaient sollicité leurs parlementaires sans relâche, lecture après lecture, au fil de la longue procédure législative.

Entrée en vigueur en 2018, cette interdiction historique contre l’un des fleurons de l’agrochimie est aujourd’hui remise en question par le gouvernement, au prétexte de contrer le virus de la jaunisse qui touche le secteur de la betterave, par ailleurs aux prises avec de grandes difficultés économiques structurelles n’ayant rien à voir avec les pucerons incriminés…

Aux Invalides, associations, syndicats d’apiculteurs et représentants politiques se sont rassemblés pour alerter la presse et l’opinion publique sur cette volte-face inattendue et scandaleuse.

La dangerosité des néonicotinoïdes pour les pollinisateurs est connue depuis les années 1990. Et la littérature scientifique n’a depuis cessé de documenter les effets dévastateurs de ces insecticides sur les pollinisateurs et l’ensemble du vivant. « Il aura fallu 20 ans de travaux scientifiques et de combat pour faire interdire les néonicotinoïdes… et seulement 20 semaines pour ouvrir la voie à cette ré-autorisation  », regrettait aux Invalides le président du Syndicat national de l’apiculture (SNA).

Bataille parlementaire à l’horizon

L’événement organisé par les association et syndicats, et auquel les députés avaient été conviés (une petite dizaine issue de l’opposition est venue), s’est tenu au lendemain d’un premier débat sur le projet de loi en commission du développement durable, au cours duquel les votes ont penché en faveur des arguments portés par l’agro-industrie. «  Malgré nos interventions, nous avons perdu ce vote en commission du développement durable, où nous avons entendu des arguments hallucinants tirés de l’argumentaire des betteraviers, en faveur de la ré-autorisation. Et cela alors qu’aujourd’hui, les solutions économiques et agronomiques existent », a regretté le député Matthieu Orphelin.

En amont de la mobilisation des Invalides, les sympathisants de POLLINS avaient envoyé 60 000 messages à leurs députés leur demandant de révéler leurs intentions de vote. « Or, pour le moment nous n’avons reçu que 5 réponses à ces nombreux courriers. C’est dire si le malaise est profond parmi les parlementaires, notamment ceux de la majorité qui refusent d’assumer publiquement leur position sur ce sujet environnemental majeur », a affirmé Julie Pêcheur, directrice du plaidoyer de POLLINIS.

Les débats vont maintenant se poursuivre au sein de la commission des affaires économiques, avant d’arriver en séance plénière pour un vote le lundi 5 octobre. Une journée où le nombre de parlementaires présents dans l’hémicycle est particulièrement faible. « Mais nous avons demandé la tenue d’un vote solennelProcédure particulière qui permet de consigner et rendre publics le vote de chaque député, contrairement au vote à main-levé. pour que les 577 députés soient obligés de voter publiquement et en toute conscience ce texte », a expliqué le député Matthieu Orphelin.

Si l’état des forces parlementaires semble aujourd’hui peu favorable au rejet du projet de loi, rien n’est joué. « Il ne faut pas se décourager car le combat n’est pas fini », a martelé la députée Delphine Batho, qui compte attaquer le projet de loi devant le Conseil constitutionnelLe projet de loi contrevient notamment à la charte de l’environnement adoptée en 2005. . De son côté, POLLINIS poursuit sa mobilisation contre cette ré-autorisation en demandant à l’ensemble des députés de rejeter le projet de loi et de dévoiler leurs intentions de vote.