Pollinisateurs / Save local bees
« SAUVONS L’ABEILLE LOCALE » : LA MOBILISATION CONTINUE POUR OBTENIR SA PROTECTION
POLLINIS relance aujourd'hui sa grande campagne de mobilisation pour demander une protection juridique des conservatoires de l’abeille noire et éviter que ne disparaisse le précieux patrimoine génétique de notre abeille locale, indispensable si l’on veut bâtir une véritable apiculture durable qui puisse profiter aussi aux générations futures.
L’abeille locale est en danger : fruit de millénaires d’adaptation aux conditions climatiques de nos contrées, elle pourrait disparaître d’ici 15 ans seulement si rien n’est fait pour la protéger.
C’est un drame silencieux qui se joue actuellement dans les ruchers dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour le fonctionnement naturel de nos écosystèmes, et l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Cette petite abeille solide et robuste peuple nos territoires depuis des millénaires ; elle a survécu à la glaciation, aux hivers rudes et aux canicules, à la domestication par l’Homme et elle est sur le point aujourd’hui de succomber sous les coups de l’intensification de l’agriculture et de l’apiculture, entraînant avec elle des millénaires d’adaptation naturelle aux conditions locales – qui pourraient se révéler essentielles dans un proche avenir en raison des bouleversements climatiques, et de l’érosion accélérée de la flore et de la biodiversité.
POLLINIS fait appel à vous aujourd’hui, et à toutes les personnes sensibles à la disparition de ce petit pollinisateur qui a assuré la reproduction des plantes, fruits et légumes dont nos ancêtres se sont nourris pendant des siècles : Aidez-nous à faire connaître cette tragédie et à mobiliser le plus grand nombre possible de citoyens pour obtenir la protection de notre butineuse locale menacée.
Attaquées de toutes parts :
- par les pesticides déversés dans les champs qu’elles butinent ;
- par la suppression au profit de la monoculture intensive des haies et des friches qui étaient autant de refuges et de réservoirs à fleurs sauvages ;
- par les parasites et les agents infectieux qu’on retrouve désormais dans toutes les ruches de France et d’Europe (varroa, Nosema ceranae, virus, bactéries, champignons) ;
- par de nouvelles espèces prédatrices (frelon asiatique) qu’elles ne peuvent naturellement combattre ;
nos abeilles sont sans défense.
Mais ce n’est pas tout. Pour faire face à la mortalité massive de leurs colonies et renouveler leurs cheptels disparus, un grand nombre d’apiculteurs désespérés ont recours à des reines importées de pays étrangers (Grèce, Malte, Chypre, mais aussi Chili, Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande ou Chine…). Voyageant par avion ou par camion sur de longues distances, dans des petites boîtes accompagnées de quelques abeilles qui les assistent pour assurer leur survie, les reines arrivent fragilisées et affaiblissent la colonie sur laquelle elles sont appelées à régner.
Surtout, elles apportent avec elles un patrimoine génétique adapté à un environnement souvent très différent, à d’autres climats, d’autres fleurs et d’autres conditions de vie avec lesquelles elles ont co-évolué pendant des millénaires – et non adapté à nos conditions locales. Résultat : les colonies d’abeilles hybrides ou étrangères deviennent rapidement très fragiles ; le système immunitaire des butineuses n’est plus assez solide pour résister aux agressions extérieures (parasites, virus, produits chimiques, manque de diversité dans le pollen dont elles se nourrissent…), et elles nécessitent encore plus de soins et d’interventions de la part des apiculteurs : aujourd’hui en France, la consommation de sucre pour le nourrissement des abeilles dépasse le poids de la récolte de miel.
C’est surréaliste !
Il est probable que d’ici quelques années seulement, plus aucune abeille à miel ne soit capable de survivre sans intervention humaine – qu’on est loin des butineuses libres et sauvages qu’elles ont été pendant des millénaires !
Peut-être pire encore : Comme une reine abeille peut être fécondée dans la nature par au moins 15 ou 20 mâles qui n’hésitent pas pour cela à parcourir des dizaines de kilomètres pour la trouver, l’hybridation des abeilles locales avec des races d’abeilles importées s’accélère à une vitesse extraordinaire.
Dans certaines régions, les abeilles importées ou hybrides sont désormais majoritaires : vers les Pyrénées, en Alsace et en Bourgogne, dans le Jura… Et le rythme des importations continue d’augmenter au fur et à mesure que les abeilles dépérissent plus rapidement : 5% d’abeilles hybridées en 2007… 48 % en 2012… on atteint même les 80 % dans certaines régions ! Une spirale infernale qui pourrait mener, selon les scientifiques, à une disparition irréversible de notre abeille locale d’ici 15 ans seulement.
Des millénaires d’adaptation génétique au climat local, aux plantes, aux fleurs des vergers et des potagers, aux parasites et aux prédateurs qui se volatiliseraient. Une abeille très précieuse, qui a maintes fois révélé ses capacités extraordinaires de résistance aux changements climatiques et au stress, et sur laquelle nous devons pouvoir compter – notamment pour bâtir un jour une apiculture réellement durable qui bénéficiera aussi aux générations futures.
Nous avons vraiment BESOIN de nos abeilles locales.
L’abeille noire de Savoie, par exemple, sait particulièrement bien s’adapter aux conditions difficiles de la vie en montagne : rustique, économe, elle peut passer six mois sous la neige, quand les autres abeilles ont besoin d’être nourries artificiellement et en quantité avec des pains de sucre pour survivre à l’hiver. L’abeille des Landes a adapté son cycle de butinage à l’apparition de la bruyère, au mois d’août, tandis que l’abeille normande butine les fleurs de pommier dès le mois d’avril…
Certains grands laboratoires essayent d’isoler ce capital génétique unique qui pourrait être la réponse au déclin massif des abeilles à l’heure actuelle… pour le préserver dans des éprouvettes, le breveter à leur avantage et le commercialiser le jour où l’on ne trouvera plus une seule abeille locale dans la nature. Un accaparement de la nature au profit d’une poignée de grandes industries, qu’on ne peut court-circuiter qu’en essayant de protéger à tout prix nos abeilles locales dans la nature, dans les milieux avec lesquels elles ont évolué !
C’est l’objectif d’un groupe d’apiculteurs engagés, de chercheurs et de passionnés de l’abeille de plus en plus nombreux, qui ont décidé d’agir pour protéger ce qu’il reste encore de colonies d’abeilles noires en France. Ils ont monté des conservatoires, véritables sanctuaires où l’abeille locale peut évoluer et se reproduire naturellement, dans le respect de son cycle de vie et de sa biologie, et dans la plus complète autonomie possible.
Autour des conservatoires – que ce soit dans la vallée des Encombres en Savoie, au cœur des bocages de l’Orne, dans la forêt de Rambouillet en région parisienne, sur les monts rocheux des Cévennes ou près des volcans en Combrailles. Partout les butineuses sont assurées de polliniser les plantes et fleurs locales avec lesquelles elles ont évolué depuis des millénaires.
Ces apiculteurs accomplissent au quotidien un travail magnifique, dramatiquement nécessaire pour TOUS : apiculteurs professionnels ou amateurs, passionnés de l’abeille pour l’abeille, ou simples citoyens. A partir de ces petits paradis où l’abeille locale peut retrouver sa force et se reproduire, il sera peut-être possible de repeupler l’ensemble du territoire !
Mais ces conservatoires sont en danger : ils ont besoin de votre aide – et de celle du plus grand nombre de citoyens que nous arriverons à mobiliser à travers le pays. Ces apiculteurs courageux, et déterminés à sauvegarder ce qu’il reste encore d’abeilles locales sur le territoire, livrent un combat de chaque instant, y compris parfois contre d’autres collègues apiculteurs peu conscients des enjeux ! Il ne se passe pas une année sans que n’éclate une affaire d’intrusion de cheptel importé dans le périmètre des conservatoires : il suffit de l’installation dans ces zones d’une seule ruche peuplée d’abeilles différentes pendant la période de fécondation pour commencer à hybrider la population d’abeilles locales. Avec à terme, le risque de voir anéanties des années de travail de protection et de préservation.
A chaque fois, il faut donc batailler avec les intrus, essayer de les convaincre de la nécessité de protéger l’écotype local, de penser à l’intérêt général à long terme et pas uniquement à l’intérêt personnel immédiat. Ce serait beaucoup plus simple pour tout le monde si les conservatoires étaient enfin reconnus officiellement et pouvaient bénéficier d’une protection juridique solide, comme c’est le cas pour les parcs nationaux, les espaces naturels sensibles, les réserves biologiques ou les aires marines protégées !
Certains pays ont déjà pris des mesures pour préserver leurs précieuses abeilles locales en protégeant des petites zones de leur territoire. Mais en France, comme dans la plupart des pays européens… rien ou presque : il y a bien des arrêtés (communaux, ministériels, fédéraux…) qui listent les insectes protégés – on y trouve des papillons comme l’azuré du serpolet, l’apollon ou le sphinx de l’épilobe ; des coléoptères comme le grand capricorne ou la rosalie des Alpes ; une grande variété, hélas, de libellules en voie de disparition (leucorrhines, cordulies…). Mais aucune abeille.
Pour les autorités, l’abeille noire locale, du fait de son utilisation en apiculture, n’est pas sauvage. Elle ne peut donc pas être protégée comme le sont les papillons par exemple. Pour autant, elle n’entre pas non plus dans le cadre des espèces d’élevage protégées – essentiellement du bétail, comme le cabri créole, le porc de Bayeux ou la vache mirandaise par exemple.
Notre abeille locale est victime d’un vide administratif : elle n’entre pas dans les cases des espèces considérées comme menacées. Et il en va de même pour les conservatoires montés par les apiculteurs qui tentent coûte que coûte de la sauvegarder : aucun outil juridique ne leur permet de protéger leurs ruches contre l’intrusion d’abeilles importées, et d’empêcher l’hybridation de leur cheptel.
Grâce à une mobilisation conjointe des chercheurs et des apiculteurs de la FEdCAN, la Fédération européenne des Conservatoires de l’abeille noire, avec l’appui indispensable des citoyens mobilisés aux côtés de POLLINIS, nous avons réussi à obtenir l’année dernière une prise de position officielle du Parlement européen en faveur d’une protection des abeilles locales et des conservatoires européens.
C’est un premier pas indispensable, mais on ne peut se contenter de cela : Les conservatoires de l’abeille locale sont les derniers bastions qui pourraient permettre de sauvegarder ce précieux pollinisateur dans la nature – pas dans des éprouvettes et des labos !
C’est pourquoi POLLINIS, membre fondateur de la FEdCAN, lance une grande campagne à travers toute la France, pour faire connaître le sort tragique de notre abeille locale à un maximum de personnes, et rallier des centaines de milliers de citoyens derrière une action commune pour demander la protection juridique des conservatoires d’abeilles noires.
S’il vous plaît, joignez votre voix à celle des apiculteurs, des chercheurs, des passionnés de l’abeille et des 80 000 citoyens qui militent déjà pour la sauvegarde de notre abeille locale !
Après avoir signé, SVP partagez cet article avec le maximum de personnes possible : trop de gens ignorent encore ce drame silencieux qui se déroule dans les ruchers. Au nom de tous ceux qui œuvrent au quotidien pour la préservation de notre petite butineuse locale, merci par avance pour votre mobilisation et pour votre aide !
JE SIGNE LA PÉTITION POUR LA SAUVEGARDE DES ABEILLES LOCALES