Pesticides / Néonicotinoïdes
Position de POLLINIS sur le décret visant le sulfoxaflor et la flupyradifurone
Lors de la consultation publique concernant le projet de décret sur les pesticides présentant des modes d’actions identiques à ceux des néonicotinoïdes, POLLINIS exhorte le gouvernement français à ne pas céder aux pressions de l’agrochimie et à l’appliquer sans réserve afin notamment que le sulfoxaflor et la flupyradifurone soient interdits.
Cette consultation publique a pris fin le 4 octobre 2019. POLLINIS a mené campagne afin que ses sympathisants s’expriment sur ce sujet : sur le site du Ministère de la Transition écologique et solidaire, la page dédiée a enregistré plus de 10 000 commentaires.
CONTRIBUTION DE POLLINIS
POLLINIS considère que le projet de décret listant les substances actives présentes dans les produits phytopharmaceutiques et présentant des modes d’actions identiques à ceux de la famille des néonicotinoïdes doit entrer en vigueur dans sa forme actuelle, sans réserve.
Ce commentaire reflète la position des citoyens qui ont signé les pétitions de notre association au niveau national et européen pour une interdiction des néonicotinoïdes et pour une interdiction des substances aux modes d’actions identiques, notamment le sulfoxaflor et la flupyradifurone. Il s’agit respectivement de 1,3 million et de 230 000 de signataires uniques à ce jour.
Les néonicotinoïdes ont été interdits en France (2017), et partiellement en Europe (2018), suite au consensus qui s’est dégagé parmi la communauté scientifique, notamment les scientifiques indépendants regroupés au sein de la Task Force on Systemic Pesticides, quant au rôle dramatique de ces molécules dans la disparition des abeilles et des pollinisateurs sauvages.
Ces interdictions ont été étayées par les scientifiques, exigées par les citoyens et entérinées par leurs représentants politiques.
Alors que l’avenir commercial de ces molécules était compromis par ces interdictions, les firmes agrochimiques, s’appuyant sur un processus d’homologation inadéquat et caractérisé par les conflits d’intérêt, ont obtenu l’autorisation de mise sur le marché du sulfoxaflor et de la flupyradifurone. En s’appuyant sur des études pseudo scientifiques, réalisées par des chercheurs rémunérés par l’industrie (Sparks TC, Nauen R, Jeschke P), les producteurs de pesticides ont défini eux-mêmes les catégories auxquelles devaient appartenir ces substances (sulfoximines et buténolides), et ce afin qu’elles ne soient pas considérées comme des néonicotinoïdes.
Cette classification opportune, par et pour l’agrochimie, est contestée par les chercheurs indépendants (notamment Cutler P, Bonmatin JM) qui estiment que le sulfoxaflor et la flupyradifurone doivent être considérés comme des néonicotinoïdes de quatrième génération. En effet, ils présentent le même mode d’action que les néonicotinoïdes (ils inhibent les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine), ils agissent aussi de manière systémique et non ciblée, touchant un large spectre d’organismes, et sont particulièrement toxiques pour les abeilles.
Le sulfoxaflor et la flupyradifurone doivent donc être traités comme des néonicotinoïdes par le régulateur. En juin 2018, une tribune signée par plus de 230 chercheurs, à la suite du professeur Dave Goulson, prônait d’ailleurs une stricte restriction immédiate de l’usage des néonicotinoïdes et « la nécessité d’empêcher à l’avenir l’autorisation de pesticides tout aussi dangereux ».
POLLINIS exhorte donc le gouvernement français à ne pas céder aux pressions des entreprises de l’agrochimie et à fonder ses décisions sur la science indépendante et la volonté des citoyens, et ce faisant à défendre le processus démocratique. Pour parvenir à enrayer le déclin rapide et catastrophique des pollinisateurs, le gouvernement doit appliquer le projet de décret dans sa forme actuelle et sans réserve.