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Transparence et démocratie

Législatives 2024 : analyse des enjeux et des programmes

Dans le cadre des élections législatives 2024, POLLINIS livre son analyse des positions des trois principaux blocs politiques : le Nouveau Front Populaire, Ensemble pour la République et le Rassemblement national. Si la défaite de ce dernier ne garantirait pas l'adoption de mesures urgentes pour stopper l'extinction des pollinisateurs et la mise en place d'une agriculture respectueuse du vivant, sa victoire les compromettrait radicalement.

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Date : 27 juin 2024

Dans la foulée des élections européennes, Emmanuel Macron annonçait le 9 juin 2024 la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives. À la veille du premier tour, le dimanche 30 juin, le pays traverse un moment historique : l’extrême droite, portée par le Rassemblement national, pourrait prendre les rênes du pouvoir pour la première fois depuis l’établissement de la 5ᵉ République. Si sa défaite aux législatives ne garantirait pas la mise en œuvre immédiate des réformes indispensables pour stopper l’effondrement des insectes pollinisateurs et de la biodiversité, il est évident que sa victoire les compromettrait radicalement.

Pour s’en convaincre, il suffit de revenir sur les positions des trois grands blocs politiques qui se sont formés autour de ces élections, en se focalisant sur les enjeux qui fédèrent les combats de POLLINIS pour sauver le vivant. L’ONG s’est donc penchée sur les programmes, votes et déclarations du Nouveau Front Populaire à gauche (réunissant, notamment, le PS, EELV, LFI et le PC) ; d’Ensemble pour la République (réunissant des partis du centre et de la droite, dont Renaissance, le parti présidentiel) ; et du Rassemblement national à l’extrême droite, en se concentrant sur les sujets des campagnes menées par l’association en défense du vivant et au nom des citoyens qui la soutiennent : la réduction drastique des pesticides, le rejet des nouveaux OGM, la transparence et l’influence des lobbys, ainsi que le passage à un modèle agricole vertueux.

Note méthodologique

 

Synthétiser les positions de partis politiques ou de candidats demande de nombreuses précautions, d’autant plus lorsqu’elles n’ont pas été (ou n’ont pas pu être) clairement formulées. Certains sujets, centraux pour l’avenir de l’agriculture, manquent également de visibilité dans les médias et l’espace public malgré les efforts de POLLINIS pour y parvenir.

 

C’est pourquoi les sources et les échelles utilisées dans cet article varient et peuvent provenir, à défaut de programmes politiques, d’une analyse des votes sur les bancs de l’Assemblée française, de positions adoptées au Parlement européen, d’amendements votés ou proposés, ou encore de citations de représentants des groupes politiques… Puisqu’il était impossible pour POLLINIS d’être exhaustif à cet égard, l’association a préféré préciser, à chaque occurrence, les sources utilisées : les lecteurs et lectrices désireux de les connaître les trouveront inscrites en note.

Pesticides...


En 2022, un rapport d’expertise collective de l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et de l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) faisait figurer les pesticides parmi les causes principales de l’effondrement des populations de pollinisateurs. Pour stopper cette hécatombe, POLLINIS actionne trois leviers principaux : réduire drastiquement l’usage des pesticides, obtenir une révision des procédures d’évaluation de leurs risques, et interdire les produits les plus toxiques pour les pollinisateurs et le vivant.

Sur ces sujets, le bloc d’extrême droite a opéré une mue radicale ces dernières années et se montre aujourd’hui proactif dans sa défense des pesticides, y compris des plus dangereux. Si le bloc de centre-droite s’avère pour sa part plus modéré, il se situe toutefois dans la lignée des positions de l'agro-industrie et de l’agrochimie, contrairement au bloc de gauche, dont les votes en France et en Europe le placent contre un usage massif de pesticides dans les champs.
 
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Parmi les trois blocs politiques, le programme du Rassemblement national est le seul à ne pas aborder la question des pesticidesComment le RN a basculé de « l’excellence environnementale » au « glyphosate indispensable » Le Monde, 28/02/2024. Une absence qui témoigne du volte-face opéré par le parti ces dernières années : s’il plaidait pour l’interdiction du glyphosate dans les années 2010Dans un communiqué d’avril 2016, le Collectif Nouvelle Écologie, lancé trois ans plus tôt par Marine Le Pen, qualifiait par exemple la première réautorisation du glyphosate de « pur scandale et de mépris absolu de la santé des Européens ». Le communiqué peut être lu dans son intégralité sur le site du Rassemblement national., le RN s’est finalement réjoui de la décision de la Commission européenne, en novembre 2023, de prolonger pour dix ans l’autorisation de mise sur le marché de l’herbicidePierrick Berteloot, député RN, dénonçait à ce sujet une supposée « propagande écologiste » pour interdire l’herbicide. LCP, 25/10/2023. Des députés d’extrême droite ont également déposé, en avril 2023, une proposition de loi pour rétablir temporairement l’usage d’un néonicotinoïde, contredisant dans les faits l’opposition formelle du parti à l’usage de ces substances quelques années auparavantAurélie Beigneux, ancienne eurodéputé RN, défendait lors de son mandat que l’usage des néonicotinoïdes « implique des effets indésirables particulièrement nocifs pour l’environnement, en jouant notamment une responsabilité importante dans l’effondrement des populations d’abeilles et des insectes pollinisateurs ». Ce communiqué peut être lu en intégralité sur le site du Rassemblement national..

Concernant l’interdiction des pesticides les plus dangereux, s’il entend « interdire les importations de produits agricoles ne respectant pas les normes de production françaises », le Rassemblement national s’aligne aujourd’hui avec l’agro-industrie et l’agrochimie : le livret thématique du parti sur l’agriculture affirme en effet, comme la Fédération nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), le lobby de l’agrochimie en France Phyteis et le Premier ministre Gabriel Attal, que l’interdiction d’une substance pesticide ne doit pas pouvoir se faire « sans solution équivalente et économiquement soutenable ». Les députés RN ont d’ailleurs déposé un amendement en ce sens le 15 mai 2024 dans le cadre du projet de loi d’orientation agricole. Un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, rendu le 25 avril 2024, réaffirme pourtant que les objectifs de protection de la santé et de l’environnement prévalent sur l’objectif d’amélioration des rendements.

Enfin, concernant l’évaluation des risques des pesticides, plusieurs députés du Rassemblement national ont déposé, en juin 2023, une proposition de loi visant à destituer l’Agence sanitaire française (Anses) de ses compétences d’autorisation de mise sur le marché des pesticides au profit du ministère de l’Agriculture. Autrement dit, cette proposition – renvoyée à la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale – permettrait, au bon vouloir du Ministre, de commercialiser des produits dont l’évaluation des risques aurait pourtant prouvé la toxicité.

Le bloc centriste, lui, déclare s’opposer à un tel transfert de compétences, bien que le ministère de l’Agriculture souhaite en déplacer certaines lignes au nom, notamment, d’une synchronisation avec l’agenda européen. Début 2023, Marc Fesneau jugeait ainsi « peu compréhensible » la décision de l’Anses d’interdire le S-métolachlore en France – une substance herbicide dont les métabolites contaminent les eaux souterraines du pays – avant son interdiction au niveau européen. Le ministre, qui n’est pas parvenu à changer cette décision, a toutefois pu annuler les restrictions imposées entre-temps par l’agence à une substance insecticide, la phosphine.

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Lettre de Marc Fesneau au Directeur général de l’Anses

Concernant la réduction d’usage et des risques des pesticides, la liste Ensemble pour la République – comprenant notamment les partis Renaissance, Mouvement Démocrate (Modem) et Horizons – entend, dans son programme, « [continuer] à réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2030, après avoir réduit l’usage des plus dangereux de 98 % depuis 2017 ». Des objectifs inchangés malgré la « mise en pause » du plan EcophytoStratégie gouvernementale française de réduction d’usage, agricole et non agricole, des pesticides. en février 2024.

Trois mois plus tard, le gouvernement dévoilait sa « Stratégie Ecophyto 2030 ». Alors qu’un jugement du Tribunal administratif de Paris a condamné l’État pour non-respect de ses propres objectifs de réduction d’usage des pesticides, lui ordonnant de « prendre toutes les mesures utiles » pour rétablir la trajectoire fixée par les plans Ecophyto d’ici le 30 juin 2024, ce nouveau projet marque un recul par rapport aux précédents plans. Elle entérine notamment l’usage d’un nouvel indicateur de suivi, le HRI-1, dont les biais permettent d’afficher une baisse de 32 % de l’usage des pesticides sur la période 2011-2021, là où l’indicateur historique démontre une hausse de 3 %.

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POLLINIS et 4 autres ONG ont déposé en 2022 un recours contre l’État pour l’obliger à interdire les pesticides toxiques, délétères pour la biodiversité

Le bloc de gauche, de son côté, propose dans son programme de « rétablir le plan Ecophyto, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes avec accompagnement financier des paysans concernés ». Malgré les velléités du Rassemblement national, et les dérogations successives accordées par le bloc présidentiel, les néonicotinoïdes et leur régime dérogatoire ont été définitivement interdits en France par le Conseil d’Etat, le 3 mai 2023, dans la foulée d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne.

Autre mesure du programme, centrée sur la situation en outre-mer, la création d’un « fonds d’indemnisation et de prévention » pour les victimes du chlordécone et pour « investir dans la dépollution et la décontamination des sols et des eaux (chlordécone et glyphosate aux Antilles, mercure en Guyane, essais nucléaires en Polynésie…) ».

Le projet de règlement pour un usage durable des pesticides (SUR), rejeté le 22 novembre 2023 par le Parlement européen, illustre également les différences de positionnement des trois blocs. Car si les eurodéputés des blocs de gauche et d’extrême droite se sont tous deux prononcés contre ce texte, les raisons diffèrent : l’adoption du texte final, détricoté par les amendements de la droite et de l’extrême droite, aurait en effet été contre-productive pour le parti écologisteLe Parlement européen enterre la réglementation européenne sur les pesticides Communiqué des députés européens Verts/ALE . Le bloc présidentiel, lui, s’est montré divisé au moment du vote.

 

Nouveaux OGM...


La Commission européenne présentait, le 5 juillet 2023, sa proposition de règlement visant à exonérer les plantes issues des nouvelles techniques génomiques (NTG) de toute obligation d’évaluation des risques, d'étiquetage et de traçabilité. Pour POLLINIS et de nombreuses autres organisations, ce projet de dérégulation des nouveaux OGM contrevient directement au principe de précaution et présente, comme l’a rappelé l’Agence sanitaire française dans un récent rapport, des risques pour l’environnement et la santé humaine.

Si ce sujet central pour l’avenir de l’agriculture européenne fait défaut dans les programmes des trois blocs politiques, l’analyse de leurs votes au Parlement européen et à l’Assemblée nationale offre un positionnement clair : les blocs présidentiel et d’extrême droite soutiennent les nouveaux OGM, tandis que le bloc de gauche s’y oppose.
 
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Les partis composant le Nouveau Front Populaire se sont en effet opposés à la dérégulation des nouveaux OGM à plusieurs reprises : au Parlement européen, d’abord, où les eurodéputés socialistes, écologistes et insoumis ont voté contre l’adoption du texte de la Commission lors des deux votes, en février puis en avril. A l’Assemblée nationale ensuite, où les députés Lisa Belluco (écologiste) et Stéphane Delautrette (PS) ont porté une proposition de résolution européenne en Commission des affaires européennes pour demander à la chambre basse du Parlement de se prononcer pour ou contre le projet de la Commission. Si la dérégulation des nouveaux OGM n’est pas mentionnée dans le programme du Nouveau Front Populaire, celui de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, rassemblant le PS, EELV, LFI, le PCF et Génération•s) incluait en 2022 le refus des OGM.

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Les enjeux de la nouvelle règlementation européenne sur les OGM. Colloque transpartisan organisé à l’Assemblée Nationale par Stéphane Delautrette, député de la Haute-Vienne et l’ONG Pollinis en janvier 2024.

Le parti présidentiel et ses affiliés soutiennent pour leur part le projet de la Commission européenne. Parmi les 23 eurodéputés français étiquetés Renaissance, 22 se sont opposés à l’amendement de rejet du règlement le 24 avril, et une était absente. Comme l’illustrent les débats à la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, ainsi que les deux prises de position du président de la République en faveur des nouveaux OGM, le bloc présidentiel considère les plantes issues des NTG comme un outil au service de la transition écologique, sans jamais en reconnaître les risques. Début 2024, la publication du rapport de l’Agence sanitaire française affirmant les risques sanitaires et environnementaux des nouveaux OGM avait d’ailleurs été retardée sur « pression politique », rappelle Le Monde.

Cette position est partagée par l’extrême droite, dont les eurodéputés se sont prononcés en avril à 90 % en faveur du projet de la Commission européenne : des 18 eurodéputés français étiquetés d’extrême droite lors de la précédente mandature, 16 ont voté pour le projet, et 2 étaient absents. La députée Joëlle Mélin confirmait un mois plus tard, au sein de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, le soutien du RN aux NTG. Si le parti reconnaît ainsi des « avantages considérables » aux nouveaux OGM, il élude, comme le parti présidentiel, leurs risques sanitaires et environnementauxVoir l’intervention de Joëlle Mélin, ancienne députée RN des Bouches du Rhône et candidate. Vidéo de l'Assemblée nationale malgré l’avis des experts de l’Anses.

 

Transparence et droits fondamentaux...


En France, avec plus de 7 000 activités déclarées, le domaine de l’agriculture est le deuxième secteur le plus mentionné dans le registre de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, après la santé : la FNSEA et ses alliés, par exemple, cumulent presque 3 millions d’euros de dépenses annuelles en lobbying. En Europe, les 100 principaux lobbys ont dépensé entre 265 et 300 millions d’euros afin d'influencer le processus législatif : dans ce classement figurent notamment Bayer (6ᵉ), BASF (21ᵉ) Dow Europe (25e), et Syngenta, (98e) pour un budget cumulé d’au moins 13 millions d’euros.

POLLINIS, qui porte, face à ces lobbys aux moyens vertigineux, la voix du million de citoyens qui la soutiennent, a fait du combat pour la liberté d’expression, la transparence des institutions et la démocratie un pilier de son action en faveur des pollinisateurs. L’ONG agit ainsi pour la transparence du SCoPAFF, comité technique européen opaque, en charge des questions agricoles ; pour la protection des lanceurs d’alerte ; contre la Cellule Demeter ou encore en prenant position contre la dissolution des Soulèvements de la Terre.

Côté programmes, certaines de ces questions ne sont mentionnées que par le bloc de gauche, à travers plusieurs propositions visant à protéger les libertés associatives et les lanceurs d’alerte. L’analyse des actions et prises de position passées laisse à voir que les blocs de centre-droite et d’extrême-droite adoptent une position répressive, tentant de disqualifier les mouvements écologistes, tout en défendant davantage les intérêts des lobbys industriels.
 
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Dans le cadre des débats sur le Projet de Loi de Finances 2024 à l’Assemblée nationale, des députés Rassemblement national, Renaissance et Les Républicains ont ainsi déposé 15 amendements identiques, et repris de la FNSEA : il s’agissait de supprimer les avantages fiscaux prévus pour les dons aux associations dans le cas de « montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement » ou de « diffamation », deux actes classés aux côtés de « l’emploi d’un engin explosif ou incendiaire ». Suite à une mobilisation de L214, cet amendement, pourtant retenu par la Commission des finances de l’Assemblée nationale, a finalement été retiré du projet final proposé par le gouvernement.

Ces deux blocs se font également écho sur la qualification des écologistes. Tout en fustigeant une « écologie punitive », qui correspond dans les faits à un ensemble de règles protectrices qu’il faudrait renforcer pour mieux enrayer l’effondrement des abeilles, des représentants du RN comme de Renaissance utilisent le terme « écoterroriste »Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, mobilisait cette formule afin de qualifier des participants de la manifestation contre les mégabassines organisée en juillet 2023 à Sainte-Soline par un collectif d’organisations, dont les Soulèvements de la Terre. Un terme utilisé précédemment par Thomas Ménagé, député (et candidat) du Loiret, sur Public Sénat. pour désigner certains mouvements écologistes. Cette sémantique s’est imposée en parallèle d’outils répressifs, comme la Cellule Demeter, créée en 2019 par le ministère de l’Intérieur pour surveiller et réprimer les opposants au modèle agricole industriel, et que POLLINIS a attaqué en justice avec L214 et Générations Futures. Les fiches thématiques du RN ne la mentionnent que pour préciser sa mission « au service du bien-être animal et de la protection des modes d’exploitation traditionnels ».

La création de cette cellule s’est accompagnée, ces dernières années, d’autres mesures répressives soutenues par le gouvernement, comme la multiplication de mesures d’éloignement du territoire de militants écologistes. Dès 2017 Emmanuel Macron déclarait vouloir octroyer ce pouvoir « d’injonction d’interdiction du territoire » à la police, le soustrayant ainsi à la justice, sans que cela ait été suivi d’effets.

Du côté du bloc de gauche, le programme du Nouveau Front Populaire propose notamment « d’organiser des États généraux sur les libertés publiques » ; « d’abroger les dispositions liberticides des lois sécurité globale, séparatisme, et les lois qui instaurent un état d’urgence permanent et portent atteinte à nos libertés individuelles et collectives  » ; de « défendre et renforcer les libertés syndicales et associatives et en finir avec leur répression » et de « protéger les lanceurs d’alerte ».

La Cellule Demeter n’est pas mentionnée dans le programme, mais certains porte-parole des partis politiques formant ce bloc ont pris position, comme Yannick Jadot, lors de ses voeux à la presse en janvier 2022 avant les élections présidentielles« Il est choquant que ce gouvernement ait voulu surveiller les lanceurs d’alertes quand ils parlent de pesticides, d’élevage industriel ou des intérêts entre les lobbies et les firmes internationales »
Agra presse - Janvier 2022
, ou Bastien Lachaud, député LFI, dans une question au gouvernement en février 2020, dénonçant une cellule qui « fragilise la position des lanceurs d’alerte dans leur mission d’information et celle des associations militantes pour le bien-être animal ».

 

Transition agricole...


Les causes principales de l’effondrement des populations de pollinisateurs sont intimement liées au modèle agricole dominant, à savoir la perte d’habitat (dont la simplification des paysages) et l’usage massif de pesticides. Un changement de modèle agricole est indispensable à leur sauvegarde et à celle de l’ensemble de la biodiversité qui en dépend. POLLINIS milite donc pour un passage à l’agroécologie, et défend une agriculture vertueuse pour les pollinisateurs, riche en haies mellifères, conservant les sols, valorisant les prairies, la rotation des cultures et les petites parcelles diverses.

Sur la question agricole, les blocs d’extrême droite et de centre-droite défendent à divers degrés une approche productiviste, fustigeant avec plus ou moins d’inimitié les normes environnementales, tout en laissant une place, limitée, à l’agriculture biologique. Le bloc de gauche mobilise pour sa part dans son programme le concept d’agroécologie, et entend favoriser le développement de l’agriculture biologique. 
 
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Concernant l’agriculture biologique, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB), principal syndicat du secteur avec qui POLLINIS lutte, entre autres, contre la dissémination des nouveaux OGM a récemment désigné l’extrême droite comme un adversaire des agriculteurs biologiques, souligné la posture parfois contradictoire du parti présidentiel, et affirmé le soutien que lui apportent les membres du Nouveau Front Populaire.

Ainsi, si le RN et Renaissance ont, à plusieurs reprises, déclaré soutenir l’agriculture biologique, la plupart de leurs députés n’ont pas voté en faveur de l’amendement de leur collègue Sandrine Le Feur, pourtant affiliée au parti présidentiel, lors de l’examen du projet de loi de Finance 2024. Cet amendement portait sur la mise en place d’une aide d’urgence à destination des agriculteurs biologiques, d’un montant de 271 millions d’euros.

Pour autant, après s’être opposé à cet amendement par l’intermédiaire du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, le gouvernement a fini par accorder une aide, d’un montant inférieur (50, puis 90 et 105 millions d’euros), suite aux mouvements agricolesLe Réseau Action Climat a analysé les prises de position des différents blocs sur plusieurs sujets, dont l’agriculture biologique. Consulter l'analyse du RAC. Et si la majorité présidentielle se fixe des objectifs de développement de l’agriculture biologique, ceux-ci ne sont pas atteints, faute de soutiens effectifs.

Le Rassemblement national, pour sa part, prend position de manière plus directe contre le développement de l’agriculture biologique : à l’Assemblée nationale en déposant « deux amendements contre des formations dédiées à la bio en lycée agricole et contre les incitations à s’installer en agriculture biologique », et au Parlement européen en s’opposant au Pacte vert qui vise, entre autres, un objectif de 25 % de surface agricole utile en agriculture biologique à la fin de la décennie.

A contrario, les partis du bloc de gauche défendent aux niveaux européen – notamment par le Pacte vert – et national, des politiques favorables au développement de ces pratiques agricoles.

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Publiée sur le site internet de la FNAB, cette infographie revient sur les positionnements des principaux partis politiques français.

En termes de programme pour les élections législatives, des trois blocs étudiés, seul celui du Nouveau Front Populaire mentionne le développement d’alternatives agricoles, notamment à travers cette proposition : « Soutenir la filière du bio et l’agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective ». Une proposition accompagnée d’une opposition aux accords commerciaux CETA et Mercosur, à l’importation de produits agricoles « ne respectant pas nos normes sociales et environnementales », et à l’accaparement des terres.

Concernant les revenus des agriculteurs, les députés écologistes ont déposé en avril 2024 une proposition de loi pour « garantir un revenu digne aux agriculteurs et accompagner la transition agricole », en permettant « aux filières agricoles volontaires [de] se voir garantir un prix rémunérateur ». Grâce aux votes des élus du bloc de gauche, cette proposition a été acceptée par l’Assemblée nationale et doit maintenant être discutée au Sénat.

Renaissance, qui évoque dans son programme une proposition pour assurer des « prix rémunérateurs » aux agriculteurs, a pourtant voté contre cette proposition de loi. Les députés du Rassemblement national, dont le programme mentionne également les prix d’achat aux agriculteurs, se sont abstenus. Les propositions du parti d’extrême droite pour les législatives s’axent sur l’aspect français de la production, sans distinguer l’agriculture durable de l’agriculture industrielle, en proposant également d’interdire les importations « ne respectant pas les normes françaises », d’agir sur l’étiquetage des produits et la restauration collective.

 

Le combat pour la protection de la biodiversité ne s’arrêtera pas au lendemain des résultats. POLLINIS, soutenue par les citoyennes et citoyens qui défendent le Vivant, continuera de mener campagne pour protéger les pollinisateurs, en tentant d’empêcher les pesticides toxiques et les nouvelles biotechnologies génétiques d’être répandus dans les champs, en militant pour un passage du modèle agricole industriel à des pratiques plus vertueuses, en défendant la démocratie et la liberté d’expression des personnes et des organisations qui prennent position pour la biodiversité.

 

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